Sophie Adriansen
Fleurus
2019
160 pages
Lu sur liseuse
De Sophie Adriansen, j’ai lu Max et les poissons et Papa est en bas. Trois romans pour la jeunesse qui évoquent, chacun à leur manière, un sujet fort. La rafle du Vel d’hiv pendant la seconde guerre mondiale vue par les yeux d’un jeune enfant (magistral), la maladie d’un papa et son aggravation quotidienne vue par les yeux d’une petite fille (émouvant) et ici, les sans-abris à travers les yeux d’un jeune garçon qui n’en veut absolument pas chez lui.
Bastien vit dans un bel appartement parisien, ses parents sont aisés, sa vie est facile, aseptisée, et l’arrivée inopinée d’une mère et de ses deux filles, « sales », dans son microcosme familial va le mettre mal à l’aise. Il va éprouver de la jalousie, de la haine, il va vouloir cacher à son ami (détestable cet ami d’ailleurs, la caricature du fils de riche égoïste et pédant) la présence de cette famille chez lui. On entre dans les pensées honteuses d’un enfant qui est juste… un enfant. On le suit pas à pas dans la progression de ses émotions et de ses craintes, dans le cheminement (extrêmement lent) vers une compréhension des choses. Et ce que j’ai apprécié dans ce roman, c’est que la fin n’est pas mièvre, tout n’est pas beau et miraculeux comme dans les contes de fée, on reste dans le réel et les réflexions de Bastien, restent celles d’un jeune garçon. Ses remarques finales lorsqu’il s’assoit par terre sont très justes sans être moralisatrices. Ce petit garçon est humain.
Cette auteure a l’art d’aborder des sujets forts avec délicatesse, sans misérabilisme, avec juste ce qu’il faut de réalisme et de bon sens.
Le délit de solidarité : quel oxymore ! Et pourtant bien en vigueur dans notre belle démocratie. L’auteure l’aborde avec humour, Bastien cherche dans le dictionnaire, ayant peur de s’être trompé sur le sens du mot solidarité pour finalement ne pas comprendre pourquoi ces deux mots se côtoient. L’innocence des enfants face à la stupidité de certaines règles édictées par des adultes dénonce mieux l’inacceptable que n’importe quel discours d’homme politique.
Ce livre sur la tolérance et la générosité devrait être mis entre les mains de tous les enfants à partir de 9 ans. Pour aider les enfants à changer leur regard sur le monde ou pour les aider à le garder…
Noukette et Jérôme ont en fait leur pépite du mardi.
Merci aux éditions Fleurus et à Netgalley.