Ana Bellmann
Bonjour à toi ami lecteur et bienvenue pour une nouvelle chronique un peu particulière. En effet, les deux moitiés du blog se sont concertées pour écrire ce petit billet, un vrai travail d'équipe en famille.
Nous avons choisi aujourd'hui de vous présenter un roman reçu en service presse des éditions LIBRINOVA, que nous tenons vivement à remercier car ce fut, là-encore, une belle découverte : " Les femmes lumières " écrit par Ana Bellmann.
J'ai tenu à ce que ma mère lise également ce roman quand j'ai lu la 4ème de couv, ayant envie de connaître son avis sur un thème qui nous tient à cœur dans la famille. Commençons par présenter l'histoire de ce livre.
Nous sommes en 1821 et un groupe d'anglais quitte le pays pour fuir la pauvreté de leur condition, appâté par la promesse d'une vie nouvelle sur une ile lointaine : la Nouvelle Zélande. L'objectif : coloniser le pays et évangéliser les indigènes. C'est ainsi que Richard, son épouse Kate et leurs enfants partent pour l'inconnu.
Parmi eux, il y a Madleen, jeune fille au tempérament prononcé qui va faire la connaissance des autochtones, se liant d'amitié avec un jeune garçon, Tangatahou, fils d'un chef de tribu maori. Leur amour va se renforcer au fil du temps mais, de culture différente, ils seront amenés à ne plus se voir.
La jeune fille va se révolter contre sa condition et s'enfuira loin des siens et de son amour perdu. Va commencer ainsi sa nouvelle vie dans la pauvreté et le combat perpétuel pour survivre dans un monde loin d'être tendre avec les femmes.
Sans le savoir, Madleen va être le premier maillon d'un nouvel espoir pour la condition féminine et un ancrage solide pour toutes les victimes de répression du fait de leur sexe.
Ce roman est articulé en plusieurs parties et va se dérouler sur une assez longue période puisqu'il va se terminer en 1893. Plusieurs personnages importants vont se succéder au fil de notre lecture, chacun jouant un rôle dans l'histoire, Madleen, étant l'un des principaux. De ses décisions vont découler plusieurs événements majeurs.
Nous la voyons grandir, devenir une femme, prendre ses décisions, choisir ce qu'elle pense être le mieux pour elle, tenir le coup et ne jamais fléchir. Malgré sa situation, elle restera forte. L'époque n'était pas favorable aux femmes. Elles se devaient d'être mariées, s'occupant des enfants et du foyer, sans lever la voix et ne dépendant que de leur mari.
Madleen refuse le mariage que souhaite lui imposer son père, est amoureuse d'un indigène et décide de fuir, devenant une paria. Son courage va, d'une certaine façon, inspirer son entourage à différents niveaux. Nous avons ressenti beaucoup d'affection pour cette jeune fille.
D'autres personnages vont faire leur apparition au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire et, sans spoiler le récit, certains seront les dignes héritiers de Madleen car, même après sa disparition, elle restera présente.
Nous découvrons ainsi Adélaïde dans la dernière partie de l'histoire. Jeune femme au caractère bien trempé dont l'évolution personnelle est passionnante. Rejetée à la naissance par les siens et recueillie par une religieuse, la jeune fille va grandir au sein de cette communauté, entourée de femmes et souhaitant consacrer sa vie à Dieu.
Mais les différentes rencontres qui vont jalonner son parcours spirituel, vont la pousser à prendre d'autres voies que l'auteure nous invite à découvrir à ses côtés. De jeune fille à femme, venez faire sa rencontre.
L'auteure nous entraîne dans la Nouvelle Zélande du 19ème siècle et nous découvrons ainsi le pays dans sa version brute, la terre couverte de forêts à perte de vue, d'arbres centenaires et trônant majestueusement, leur cime frôlant le ciel. Comme vous pouvez le deviner, les noms des villes ont changé depuis et nous aurions apprécié une carte en début de livre pour se situer tout au long du récit avec, pourquoi pas, une liste des lieux nommés et leur nom actuel.
Concernant l'écriture et la plume de l'auteure, celle-ci est riche et très agréable à lire. Malgré quelques incohérences (erreur dans le nom des personnages, changement de nom pour des personnages sans qu'on sache de qui on parle, etc...), l'ensemble est cohérent et bien construit, le style soutenu. Nous avons ressenti une grande richesse littéraire pendant cette lecture et un sujet plutôt bien maîtrisé de la part de l'auteure.
Il y a malgré tout quelques petits points qui nous ont dérangés. Nous avons parlé un peu plus haut de l'absence de cartes et d'une liste des villes avec les noms avant et maintenant.
Nous avons également regretté l'absence de notes de bas de page pour les traductions des mots écrits en dialecte local. En effet, il faut savoir que l'auteure fait très souvent parler ses personnages en langue maori et emploie le double langage dans les discussions, mêlant dialecte et traduction française en même temps.
Certains mots ou expressions font l'objet d'une traduction en fin de livre mais, pour avoir lu le roman sur une liseuse, ce système est loin d'être pratique, contraignant le lecteur à devoir trouver la bonne page de fin de roman qui correspond au mot dont il cherche la traduction.
Il aurait été plus pratique de faire des notes de bas de page pour aider à une meilleure compréhension et une facilité de lecture.
En conclusion, et dans l'ensemble, nous avons beaucoup aimé cette lecture, malgré quelques petits points négatifs exposés juste avant. Il fut difficile de choisir avec précision des éléments dont nous souhaitions parler afin de vous donner envie de lire ce roman, sans spoiler l'histoire. Nous avons eu des coups de cœur pour des personnages, des moments de rigolade et de tristesse, des envies de révolte, nous avons vibré avec eux.
Ce livre met en avant des femmes fortes, des hommes qui se sont battus également pour une liberté fictive à cette époque, pour un droit, le droit d'avoir une voix et de s'en servir. Elles ont été les précurseurs d'une nouvelle époque. Elles se sont battues pour que les femmes de maintenant soient libres. Libres de leur vie, libres de leurs choix. Libres d'être une femme.
Merci à vous Ana Bellmann d'avoir écrit ce roman vraiment magnifique sur ce combat méconnu.
Kalou et Marjorie