L’herbe de fer de William Kennedy

L’herbe de fer de William KennedyL’herbe de fer

William Kennedy

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie-Claire Pasquier

Belfond

1986 pour la 1ère édition

2018 pour cette édition

280 pages

Francis Phelan est un clochard, il évolue au milieu des gens qui vivent dans la rue. Il boit, il se bat et se débat, il se cherche. Nous sommes en 1938 dans les rues d’Albany.

Le roman ouvre sur une scène fantaisiste mais puissante. Dans un cimetière, le personnage principal circule, au milieu des tombes, de ses proches, d’un homme qu’il a tué, de son fils mort à l’âge de 13 jours et échange avec ses fantômes avec naturel. J’ai été ferrée d’entrée par ces images. Ce qu’elles disent, ce qu’elles transmettent est indicible.

Ce livre m’a émue au plus haut point, grâce à une écriture magistrale, des passages d’une poésie infinie qui côtoient des situations tragiques, des moments d’une grande violence ou d’une grande détresse, des personnages hauts en couleurs et très attachants. Et puis tout le long du roman les morts apparaissent à Francis, lui parlent, lui pardonnent ses actes, ou non, lui rappellent des moments forts de sa vie passée. J’ai totalement accroché à cet artifice littéraire, il me semble que c’est ce qui fait le charme du livre.

Francis est un homme meurtri, abîmé par ce qu’il a vécu, par ses choix, qui n’ont pas toujours été les bons, par la culpabilité qui l’habite en permanence. Ce roman est aussi noir qu’il est tendre, aussi sombre qu’il est émouvant. Il se situe au début du vingtième siècle mais pourrait se dérouler aujourd’hui. Ces êtres invisibles ou trop visibles sur les trottoirs de nos villes, que l’on méprise, que l’on regarde avec dédain, sont les héros de ce roman. Leurs sentiments méritent notre compassion. Leur âme n’est pas à l’image de leur écorce physique, ce sont des êtres humains avec leurs faiblesses, leurs lâchetés, et leurs remords, comme tous les autres êtres humains qui masquent les  leurs sous de beaux atours.

Ce roman m’a touchée, profondément.

Jérôme a évidemment adoré, Ingannmic a trouvé le récit touchant et vivant, Marie-Claude parle d’un roman frémissant de sensibilité, Mumu a été touchée aussi.