Autant en emporte le vent (Tome 1) de Margaret Mitchell

Autant en emporte le vent (Tome 1) de Margaret Mitchell

Scarlett O'hara et Rhett Butler... Qui n'a jamais entendu ces deux noms ? En les prononçant, on voit la guerre de Sécession, on voit les robes immenses et luxueuses, les sabres et les mousquets pendre aux pantalons des hommes... Et pourtant ! Je n'avais pas encore découvert ce classique du genre.

Moi qui m'attendais à une histoire d'amour haute en couleurs, j'ai été bien surprise, pour mon plus grand plaisir, mais quand même. Quand nous rencontrons Scarlett, à peine âgée de seize ans, c'est d'un certain Ashley Wilkes dont elle s'est entichée, un jeune homme riche mais cultivé et spirituel qui semble ne pas bien s'assortir au tempérament de feu des O'hara. Et cet amour d'adolescence ne la quitte pas tout au long de ce premier tome, malgré son mariage, sa maternité, le mariage d'Ashley, sa paternité, son départ au front, sa potentielle mort... Mais le lecteur, comme Rhett Butler, sent qu'il s'agit là d'un amour de jeunesse fait d'admiration et de souvenirs heureux, pas un amour passionné, enfin pas comme nous l'attendons de Scarlett.

Autant en emporte le vent (Tome 1) de Margaret Mitchell

Petit topo pour ceux qui ne connaîtraient pas l'histoire (je le fais moi-même car la quatrième de couverture n'est pas très informative). Scarlett vit avec ses parents et ses sœurs dans la plantation de Tara à quelques milles d'Atlanta. Elle y coule des jours heureux, entourée et choyée des jeunes hommes de sa région qui l'admirent et la courtisent, détestée par les jeunes filles, jalouse de sa beauté et de sa capacité à ensorceler la gent masculine. Quand elle apprend le mariage de son amour Ashley avec l'insipide Mélanie, Scarlett perd tout bon sens et épouse sur un coup de tête Charles, le frère de Mélanie, un homme inconsistant et laid. La guerre contre les Yankees aura raison de lui et voilà Scarlett veuve et mère. S'ennuyant à mourir dans sa ville d'où tous les garçons sont partis pour le front, Scarlett rejoint sa belle-sœur à Atlanta, affublée de ses robes de deuil et ayant conservé son tempérament de feu. C'est là-bas qu'elle apprendra à connaître l'affreux Rhett Butler, profiteur, cynique, scandaleux et outrageusement provocant. Ces deux égoïstes orgueilleux arriveront-ils à faire naître entre eux l'amour ? Jusqu'à la fin du tome 1, rien n'est moins sûr, mais...

J'aime beaucoup, de temps en temps, apprécier les personnages détestables des romans. C'est indéniablement le cas pour Rhett Butler, mais aussi pour Scarlett, qui demeure plus touchante compte tenu de son jeune âge. Pleine d'un feu qui la dévore, cette toute jeune fille est déchirée entre son tempérament survolté et les convenances inculquées par sa mère et relayées par toutes les femmes de sa classe. Sa haine pour Mélanie, sa rivale, n'a d'égale que son amour et sa vénération pour sa mère, Ellen. Scarlett est constamment tiraillée entre ce qu'elle veut faire et ce qu'elle doit faire, constamment mise en présence de personnes qui veulent faire ressortir l'un ou l'autre de ces deux penchants.

Autour d'elle gravitent des personnages qui prennent peu à peu une épaisseur vraiment appréciable, comme Mélanie, comme Ashley, Ellen, Pitty... Tous sont des idéaux inaccessibles pour cette âme qui se cherche encore et qu'on a plaisir à accompagner dans cette quête. Si nombre d'entre eux se développent au gré de leurs discussions avec Scarlett, le traitement réservé à sa mère est différent et les longueurs du début du roman sont nécessaires pour expliquer le passif parfois douloureux des êtres chers à Scarlett.

A cela s'ajoutent de très nombreuses descriptions de la guerre de Sécession. Elles sont toutes passionnantes, contrairement à ce que l'on pourrait penser et montrent bien les certitudes du Sud, l'illusion des civils, la manipulation des hommes d'état et même la progression des combats. J'ai vraiment eu l'impression de vivre à cette époque et de ressentir les événements. Quant à l'épineux problème de l'esclavage, il n'en a pas été un pour moi. Bien sûr, la caricature est grossière, mais elle n'est révoltante que si on en oublie le contexte : heureusement, nous n'en sommes plus là, mais cela a bien existé.

C'est donc avec un grand enthousiasme que j'ai achevé ma lecture de ce premier tome, je vous laisse imaginer mon impatience à me procurer le deuxième opus : Mélanie va-t-elle accoucher ? Ashley est-il mort ? Ellen et ses filles vont-elles guérir ? Scarlett va-t-elle céder aux avances avilissantes de Rhett ? Va-t-il, lui, flancher devant la beauté et la détermination de la jeune fille ? Que vont devenir les gens du Sud ? Affaire à suivre donc...

Priscilla