Editeur : NathanNombre de pages : 435
Résumé : Quatre. Ils ne sont plus que quatre : l'Armée de Persefone a été décimée. Noa, Peter et les autres sont traqués, dévastés, épuisés… Mais où qu'ils aillent, quoi qu'ils fassent, leurs ennemis parviennent toujours à les retrouver, et l'étau se resserre. Pourtant, ils n'abandonnent pas. Ils veulent affronter l'homme qui a créé le monstrueux Projet Perséphone. Quitte à se jeter dans la gueule du loup. Après tout, ils n'ont plus rien à perdre.
- Un petit extrait -
« Un an plus tôt, elle aurait prétendu fièrement qu’il n’y avait pas une seule personne sur terre à laquelle elle tenait ou qui tenait à elle. Désormais, ça ne lui semblait plus être un motif de fierté. »
- Mon avis sur le livre -
Lorsque j’étais au collège, je lisais absolument partout et tout le temps : en mangeant, dans la cour de récréation, pendant les cours (le livre posé en équilibre sur le sac, lui-même posé à côté de la chaise, pour pouvoir faire glisser rapidement le livre dans le sac en cas d’approche impromptue du professeur), et bien sûr la nuit, sous la couette, à la lueur d’une lampe de poche. Autant vous dire que j’ai perdu cette dernière habitude au fur et à mesure que ma vue déclinait : déjà, une lampe de poche n’est plus suffisant pour m’apporter un éclairage suffisant, et de plus, les lignes se dédoublent lorsque mes yeux sont fatigués. Mais je dois admettre que ces deux derniers soirs, j’ai veillée bien plus tard que de raison, penchée sur ma lampe de chevet, afin d’avancer dans ma lecture de ce troisième opus : impossible de m’endormir sans connaitre la suite ! Alors bien sûr, au bout d’un moment, lorsque les mots se transformaient en vaguelettes indéchiffrables, j’étais bien obligée de m’arrêter, mais quelle torture ! Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas été aussi captivée par un roman !
Décimée, l’armée de Perséfone est presque réduite à néant : ils ne sont plus que quatre. Noa, Peter, Daisy et Teo. Quatre survivants, traqués par la corporation Pike & Dolan, trimballant avec eux les disques durs contenant des données cryptées sur le terrible Projet Perséphone. Chaque jour, la même routine : fuir en catastrophe leur planque de la nuit, rouler, échanger leur véhicule contre un autre fraichement volé, rouler, trouver une nouvelle planque insalubre, avaler un misérable encas en guise de repas, dormir deux heures, se réveiller en sursaut, et fuir en catastrophe. Daisy et Teo n’en peuvent plus de ce quotidien aussi monotone qu’épuisant. Et Noa semble sur le point de défaillir, tandis que le deuxième thymus qu’on lui a greffé se retourne contre son organisme. L’étau se resserre, et le temps leur manque …
Fidèle à elle-même, l’autrice nous offre une entrée en matière in medias res, nous plongeant immédiatement dans l’ambiance de ce troisième et dernier tome, qui promet d’être riche en rebondissements. Après une petite accalmie dans le second opus, l’heure est à nouveau à la fuite. Pour nos quatre survivants, s’arrêter, c’est mourir. Car la traque dont ils font l’objet est encore plus vivace qu’elle ne l’était auparavant : on le sent, dans les hautes sphères de Pike & Dolan, on veut en finir avec cette histoire. Noa est leur cible pour plusieurs raisons : non seulement elle détient toutes les données du Projet, et risque de tout dévoiler au grand jour, mais en plus, il semblerait qu’elle détienne la clé du remède contre la PEMA … Et puis, c’est bien connu, les grands méchants n’aiment pas qu’on leur résiste, et Noa est passée maitre dans l’art de leur glisser entre les pattes : une vraie anguille, cette fille ! Mais une anguille bien fatiguée … Dans ce tome, Noa n’est plus que l’ombre d’elle-même : on la sent à bout de souffle, prête à claquer entre les doigts de Peter à chaque seconde. Et c’est effrayant, de voir Noa, jusqu’alors si forte et si combative, aussi fragile qu’un nouveau-né …
D’autant plus qu’on sent que l’affrontement final approche à grand pas : la tension augmente progressivement, et un compte à rebours semble clignoter au-dessus de la tête de nos jeunes héros. D’une façon ou d’une autre, la fin est proche … et ce qu’on espère, finalement, c’est qu’ils s’en sortiront vivants. Alors bien sûr, on meurt d’envie qu’ils parviennent à décrypter les données, et plus encore qu’ils arrivent à mettre fin aux agissements de la corporation Pike & Dolan, mais on en vient finalement à craindre uniquement pour leur vie. On aurait presque envie qu’ils abandonnent les disques durs derrière eux et quittent le pays, si ce n’est le continent, pour se refaire une nouvelle vie ailleurs, loin de toutes ces horreurs. Juste pour les savoir en sécurité, car personne, jeune comme adulte, ne devrait avoir à subir ce genre d’atrocités. Comme je le disais dans le premier tome, on oublie facilement que Noa, Peter, Daisy et Teo ne sont que des êtres de mots et de papiers : on sait, on sent que quelque part dans le monde, de parfaits inconnus et innocents doivent eux-aussi lutter pour leur survie, parce qu’ils n’ont personne pour veiller sur eux, personne pour s’assurer qu’ils sont en sécurité … Et on sait que des individus mal intentionnés en profitent pour mener discrètement des trafics en tout genre. Et c’est révoltant.
Mais Noa et Peter ne baissent pas les bras : ils mettront fins au Projet Perséphone, quoi qu’il leur en coûte. Je suis profondément admirative de ces deux ados, qui auraient toutes les raisons du monde de ne penser qu’à eux, mais qui ne pensent qu’aux autres. Peter veut sauver Noa et Amanda, mais aussi contrer les actions de ses parents : ils ont cautionné ces enlèvements, ces expérimentations et ces meurtres, et ça, il ne peut le supporter. Alors il fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire cesser tout ça. Noa, elle bien que l’esprit embrumé, pense à ces centaines de jeunes, kidnappés pour devenir les cobayes d’une firme aussi intouchable que cruelle, et ça la met hors d’elle. C’est cela, et aussi la volonté farouche de mettre Peter en sécurité (car trop de gens sont morts en l’aidant, et elle refuse de semer un cadavre supplémentaire derrière elle), qui lui permet de tenir tandis que son corps tombe en déliquescence … Elle le sait, le temps presse. Et alors, inévitablement, le rythme du récit s’accélère. Jusqu’à devenir insoutenable. D’autant plus que les révélations s’accumulent, les coups de théâtre se multiplient, on ne sait plus à qui et quoi se fier, on se contente de tourner les pages avec crainte et avidité. Jusqu’au dénouement. Que certains trouveront peut-être plus « simple » et trop « rapide », mais que j’ai personnellement trouvé excellent. Un final grandiose pour boucler une trilogie époustouflante !
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est encore une fois un véritable coup de cœur ! Ce troisième tome est tout simplement bluffant, riche en émotions et en rebondissements : un page-turner comme on n’en trouve que trop rarement, un excellent roman qui happe le lecteur du début à la fin. A travers ce récit, l’autrice aborde de nombreuses réalités, de cruelles réalités de notre monde … Ce qu’on apprend dans cet opus à propos de la « création » du terrible virus PEMA a beau n’être que de la fiction, on tremble à l’idée que ce n’est pas si idiot que cela : de nos jours, les entreprises sont prêtes à tout pour faire toujours plus de profit qu’on ne peut que craindre le jour où l’une d’elle aura la même idée que la firme de produits cosmétiques Pike & Dolan … Et ça fait froid dans le dos. Mais avant tout, ce livre reste un roman, admirablement bien construit et mené, à la narration aussi simple qu’efficace, un roman vraiment excellent, un thriller incroyablement captivant, que je conseille donc sans la moindre hésitation : franchement, jetez-vous sur cette trilogie, elle est époustouflante … et ce dernier opus la clos en toute beauté !