Rageur, de Virginie Vanos.

Rageur, de Virginie Vanos.
Résumé : Rageur ? C'est Ben.Ben a 27 ans, il squatte chez sa mère et ne vit que pour sa chaîne YouTube où il se répand en haine, insultes et obscénités fachistes, sexistes, racistes et homophobes. Il n'en est pas à son premier appel à la violence ni à son premier cyber harcèlement.
Mais le jour où il a la malchance de chercher des noises à Audrey Delvaux, championne de boxe, sa chute sera aussi rapide que douloureuse...
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Tout d'abord, un immense merci à Virginie pour sa confiance renouvelée ! Car après son magnifique et touchant ouvrage Chicha et autres nouvelles (dont la chronique se trouve juste ici), c'est au tour de son petit dernier de me rejoindre et de me faire passer par tout un tas d'émotions !
Car Virginie, elle vise toujours juste. Si ses romans étaient une cible, et si Virginie était une flèche, elle se planterait très exactement en leur centre. Et il y a quelque chose de rageant là-dedans : car elle expose et explore à la perfection la réalité de notre société. Elle expose sans prendre de gants et sans aucun maquillage la rage des uns et le courage des autres. Elle explore les carences d'une société qui n'est nulle autre que la nôtre.
On ne pouvait pas montrer sur les réseaux sociaux le quart du huitième de l'ombre d'un mamelon sur une photo de vacances mais on laissait tranquillement s'inscrire dans la toile des appels claire à la discrimination, la haine et la violence.
                             Avec Rageur, on se glisse dans la peau d'un véritable déchet humain. Raciste, homophobe, sexiste, fachiste... Un super-combo de grandes et respactables qualités qui porte un nom : Ben est un Incel. Au début du roman je l'avoue, j'ai eu la naïveté de penser que Virginie Vanos avait inventé le terme pour son "histoire", ma naïveté s'est brutalement évaporé après une petite recherche sur internet. Cette communauté d'énergumènes existe réellement. Je n'ai jamais eu autant envie de démolir, de détricoter, cette belle toile qu'est internet. ("La sous-culture incel (néologisme et mot-valise de langue anglaise pour involuntary celibate, célibataire involontaire en français) désigne des communautés en ligne misogynes dont les membres se définissent comme étant incapables de trouver un partenaire amoureux ou sexuel, état qu'ils décrivent comme célibat. ")
Virginie use donc ici d'une histoire fictive pour dépeindre et dénoncer une réalité qui peut à n'importe quel moment nous atteindre personnellement, et c'est absolument révoltant... A plusieurs reprises, à divers endroits du roman, il est fait mention d'un sentiment bien précis : celui de l'impuissance... Ce sentiment m'a poursuivi tout le long de ma lecture. Un sentiment qui a également cotoyé celui de l'attachement et de la sympathie, notamment à l'égard des proches de Ben qui sont d'une grande lucidité face à cette situation...
On arrivera jamais à leur coller un atome de bon sens dans la cervelle.
                             Le coup de patte de Virginie est toujours aussi efficace, au point d'en être malaisant par moments tant la prise de position de Ben est radicale et ordurière... mais surtout réaliste. Parce que bon sang, ce qui rend ce roman particulièrement percutant, ce n'est pas tant sa violence, mais le degré de réalité de cette violence et tous ces termes, toutes ces situations, tous ces comportements qui sont palpables, existants. Réussir à mettre ça en livre et à nous faire rentrer dans la tête de l'un de ces types, c'est nous faire prendre conscience que ces gens ne sont pas juste des rageurs et des trolls, mais des personnes dangereuses que nous n'avons pas le droit de cacher derrière des termes, des mots à la définition aussi légère.
Rageur c'est une douche froide qui nous fait ouvrir les yeux en grand, en faisant ressortir ce qui a de pire chez l'homme.
Pour que la haine ne gagne jamais, Virginie a écrit, tout en menant son propre combat.
Ce livre est tout simplement d'utilité publique.