Je poursuis mon désembourbement côté rédaction de billets. Me v
’la la tête presque sortie de l’eau.PLEIN NORD · WILLY VAUTINJ’ai tardé à le lire, ce roman, pour la simple et bonne raison que c’était mon dernier en banque. Je n’ai plus aucun roman de Willy Vlautin à lire. Je savais dans quoi je m’embarquais. Avec Willy, comme avec David Vann dans un tout autre ordre, je suis en terrain connu.L’histoire est sans réelle surprise: une pauvre fille de Las Vegas, accoquinée avec un mauvais garçon, tombe enceinte et décide de fuir à Reno pour se refaire une vie. Tu vois, c’est sans surprise. Mais je peux te garantir qu’avec Willy, les surprises ou l’originalité n’ont aucune importance. Ce n’est pas ça qui compte. Ça se passe à un tout autre niveau. Willy, il triture ton cœur, te donne envie de chialer, appuie là où c’est sensible. Avec des mots justes, simples, il donne vie à des personnages qui passent leur temps à essayer de ne pas se noyer. Malgré la dureté des mots, un optimisme éclabousse ces pages. Une main tendue, un brin de gentillesse et de bienveillance viennent faire la différence.Je me suis tellement attachée à Allison et à sa passion pour Paul Newman. Un beau brin de personnage, à la fois vulnérable et forte. Allison fait des rencontres marquantes, de celles qui l’aident à tenir debout: un chauffeur routier; sa patronne obèse au centre d’appel où elle travaille le jour; un client fidèle du restaurant où elle bosse la nuit. Quand les solitudes se rencontrent...
J’ai aimé Plein Nord. Et j’aime toujours autant Willy Vlautin. Aussi simple que ça!Dans son billet, Electra dissèque le roman un peu plus longuement que moi.Plein nord, Willy Vlautin, trad. David Fauquemberg, «Terres d’Amérique», Albin Michel, 256 pages, 2010.★★★★★L’ANGE SUR LE TOIT · RUSSELL BANKSJe suis tombée en amour avec Russell Banks avec son recueil Un membre permanent de la famille. Depuis, j’épluche son œuvre, tant les recueil de nouvelles que les romans.Plusieurs romans me sont tombés des mains ces dernières semaines. Je me suis dit que des nouvelles seraient un bon hameçon auquel m’accrocher. Et avec Banks, j’allais être servie. J’ai tenu bon jusqu’au bout. Mais, sincèrement, je n’y ai pas retrouvé la «sauce Banks», celle qui me sustente l’âme avec beaucoup de mordant. (Un membre permanent de la famille et Trailerpark étaient, à cet égard, à point). Pour être franche, j’ai trouvé l’ensemble un peu fade. Aucune nouvelle ne m’a profondément marquée. En fait, quelques semaines après l’avoir lu, il me reste bien peu de chose en tête, sinon une atmosphère de nostalgie et de mélancolie. Le passé qui s’accroche aux personnages comme de la mauvaise herbe. Impossible d’aller de l’avant. Comme si le passé était plus réconfortant, moins effrayant.Dans ma voiture, en rentrant chez moi, je fais tout mon possible pour ne pas pleurer. Le temps est venu, le temps est passé, le temps ne reviendra jamais, voilà ce que je me dis. Et je conclu que ce qui est devant moi, là, c’est tout ce que j’ai. Mais, en conduisant ma voiture à travers les rafales de neige, ce qui est devant moi ne me paraît pas grand-chose, à part les gentillesses que je viens d’échanger avec une vieille dame, et c’est donc là-dessus que je me concentre.Ce passage pourrait, à lui seul, résumer ce recueil. Au final, ça devient lourd, terriblement lourd.
L’ange sur le toit, Russell Banks, trad. Pierre Furlan, «Babel», Actes Sud, 208 pages, 2002.★★★★★HISTOIRE DE RÉUSSIR · RUSSELL BANKSJe me sentais tout de même en assez bonne compagnie avec Russell Banks que je n’ai pas perdu de temps pour remettre ça. Les douze nouvelles de Histoire de réussir sont très inégales. Je me suis forcée pour en venir à bout. C’est quand même Russell Banks, et, d’habitude, je fais moins la fine gueule. Deux nouvelles, «Le poisson» et «Histoire d'enfant», penchent du côté de la fable. Je ne suis pas habituée à ça, avec Russell. J’aurais pu me contenter de la première nouvelle, «Reine d’un jour», et j’aurai pris mon pied. L’histoire de ce gamin, qui espère que sa mère finisse par être moins triste et qui en vient à perdre ses illusions, est à elle seule un petit chef-d’œuvre. Pour le reste, j’ai tout oublié, sauf cette idée que les hommes sont au bord du gouffre, qu’ils fuient parce qu’ils ne sont jamais à leur place. En somme, personne ne réussit, dans Histoire de réussir, même pas leur échec.Histoire de réussir, Russell Banks, trad. Pierre Furlan, 10-18, 192 pages, 2000.★★★★★