Auteur: Inio Asano
Titre: Solanin
Éditeur, Année: Kana, 2019
Nombre de pages: 468 pages.
A chaque étape importante de notre vie, il y’a toujours cette remise en question durant laquelle on se demande si nous avons fait les bons choix, si on a pu réaliser les rêves de notre enfance pour, parfois, faire face à des regrets… Bref ! Je suis actuellement dans cette « phase ». Et c’est dans cet état d’esprit que je me suis lancé dans « Solanin » d’Inio Asano
Résumé:
« Chroniques des petits moments de la vie, « Solanin » illustre en quelques scènes choisies, le malaise de la jeunesse urbaine de Tokyo et l’avenir flou qui lui est proposé à travers l’histoire d’un couple comme il en existe tant. Inio Asano dépeint avec pertinence la vie de jeunes Japonais, étudiants ou confrontés au monde du travail, et dont les préoccupations quotidiennes sont des plus pessimistes. »
Le genre « tranche de vie » dans la littérature, ce n’est pas ce qui manque, mais ceux qui vous marqueront toute votre vie, peut se compter sur les doigts d’une main. Pour ma part, celui qui aura marqué le début de mon adolescence fut « Pour toujours » de Judy Blume et pour mon passage à l’âge adulte, c’est avec « Ghost World » de Daniel Clowes (vous pouvez d’ailleurs retrouver ma chronique le concernant ici ). Aujourd’hui, je sens que je vais arriver à un nouveau tournant de ma vie et je ne peux m’empêcher de penser à tout ce que j’ai fait ces dernières années. Est-ce pour cela, que durant toute une soirée, je me suis plongée dans Solanin… Il y’a de fortes chances…
C’est ainsi que je découvre le portrait de cette jeunesse japonaise prise par les doutes qui nous étreignent lorsqu’il va falloir se détacher des illusions de l’adolescence pour se jeter à pieds joints dans la vie adulte. Je fais la connaissance d’Inoue, de son petit ami Taneda et de leurs amis. Au fil des pages, je les accompagne dans leur quotidien mêlé de spleen, comprenant leur désir de ne pas se fondre dans une masse qui semble étouffer les rêves et d’être assez effrayés de devoir « grandir ». Chaque personnage illustre une facette de la manière que l’on vit cette transition. Pour ma part, je me suis sentie assez proche d’Inoue qui a eu quelques échos avec mon vécu (le « job alimentaire », nostalgie de la liberté de l’adolescence sans la contrainte des factures, du loyer etc…). Quant à Taneda, il incarne vraiment « l’écorché vive ». Et là, on peut autant apprécier ce protagoniste que le prendre en grippe…
Bien que l’on puisse penser que ce manga est destiné aux adolescents et aux jeunes adultes prêts à rentrer sur le marché du travail, l’oeuvre d’Inio Asano peut aussi toucher un public bien plus large. Qui n’a jamais eu ce doute sur les choix qu’il a faits? De se poser des questions sur l’avenir de son couple ? Ou bien d’avoir ce désir de quitter un boulot non épanouissant, mais d’y rester de peur de manquer de ressources pour vivre ?
Comme je l’ai dit, je suis dans un période où je me pose énormément de questions et la lecture de « Solanin » fut un bon exutoire de mes souhaits et de mes craintes. J’ai aimé cette sorte de latence au début de l’ouvrage, comme celle que l’on peut ressentir quand on est englué dans le quotidien, puis le rythme s’élançant dans l’euphorie de « cette liberté » retrouvée jusqu’à l’arrivée du creux de la vague et ainsi de suite… Inio Asano nous fait passer par tout un éventail de sentiments, tels que l’on peut connaître dans notre vie.
Côté dessin, je suis tombée totalement sous le charme. Je comprends maintenant l’engouement qu’il y’a autour de ce mangaka, car oui, « Solanin » est le premier de ses livres que je lis. Il y apporte une touche de réalisme qui se marie parfaitement avec le thème. Et certaines cases sont juste un plaisir à contempler.
Puis j’arrive au mot « fin », là où s’était conclu pour la première fois le manga. Elle était pour moi parfaite pour clore l’histoire de ce groupe d’amis. Mais je lis tout de même le chapitre qui se passe quelques années plus tard. Et que vous dire, à part que je ne vois pas la nécessité de ce rajout. Je le dis encore, mais la première fin, qui était ouverte, suffisait en elle-même: on avait l’espoir d’un avenir loin de l’image du couloir étroit au ciel restreint du début de l’histoire.
Conclusion:
Après sa lecture, je comprends pourquoi « Solanin » a touché de nombreux lecteurs:
– Inio Asano a traité le thème de passage à l’âge adulte avec réalisme.
Pour ma part, bien que cela fasse un bout de temps que j’ai rejoint le « monde des adultes », cela ne m’empêche pas de continuer à me poser des questions, de vouloir m’extirper du quotidien « métro-boulot-dodo », de vouloir réaliser des rêves de jeunesse, de marquer ma vie de coups d’éclat… Bref ! Solanin fut un bel exutoire de ce que je traverse actuellement et je prendrais plaisir à le relire dans quelques années afin de voir quel sera son impact à ce moment de ma vie.
Si comme moi, vous n’avez pas encore lu aucun des mangas d’Inio Asano, je pense que ce titre est parfait pour débuter.