Les Déracinés, Tome 3: Et la vie reprit son cours

Les Déracinés, Tome 3: Et la vie reprit son cours

La saga des Déracinés, Tome 3: Et la vie reprit son cours de Catherine Bardon,

Publié aux éditions Les Escales,

Jour après jour, Ruth se félicite d'avoir écouté sa petite voix intérieure : c'est en effet en République dominicaine, chez elle, qu'il lui fallait poser ses valises. Il lui suffit de regarder Gaya, sa fille. À la voir faire ses premiers pas et grandir aux côtés de ses cousines, elle se sent sereine, apaisée.
En retrouvant la terre de son enfance, elle retrouve aussi Almah, sa mère, son énergie et ses projets pour lesquels elle se démène sans compter. Petit à petit, la vie reprend son cours et Ruth - tout comme Arturo et Nathan - sème les graines de sa nouvelle vie.
Jusqu'au jour où Lizzie, malade, réapparaît. Dès lors, Ruth n'a de cesse de remettre son amie sur pied et s'y emploie avec tout l'optimisme qui la caractérise.

La saga des Déracinés met en scène une famille juive qui a fui les répressions en Autriche au début des années 40 pour se réfugier d'abord aux Etats-Unis pour s'installer ensuite en République Dominicaine. Dans ce tome, le lecteur retrouve Ruth, maman d'une petite Gaya. L'auteur nous décrit une vie faite de petits riens mais surtout de bonheur, de joie simple.

Ruth est une femme forte qui a élevé sa fille seule. Entourée de sa mère, de son frère et de nombreux amis, elle tente de faire vivre le journal de l'île. Si je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages (parce que je n'ai sans doute pas lu les deux premiers tomes), j'ai apprécié l'arrière-plan historique et politique de l'intrigue. Ruth nous fait vivre dix ans de drames, de guerres, d'événements politiques et scientifiques mondiaux: l'assassinat de Martin Luther King, les premiers pas sur la lune, le FLower Power, la guerre du Vietnam. J'aime beaucoup lorsque l'Histoire vient composer avec les propres problèmes des personnages. Je trouve que cela donne plus de profondeur au récit.

A travers l'histoire de Ruth ou encore d'Arturo, l'auteur évoque très bien la difficulté des ces Déracinés à s'implanter dans un nouveau décor. Lizzie, la meilleure amie de Ruth, en fait l'amère expérience, comme si le poids de la Shoah reposait sur ses épaules et ne pouvait la quitter. Elle met en perspective également l'avenir de ce peuple d'Israël, toujours sur les routes, toujours montré du doigt.

On suit avec passion Ruth dans sa nouvelle vie: ses amours, ses amis. Catherine Bardon décrit une vie simple faite de fêtes, de discussions jusqu'au petit matin, de baignades dans les eaux transparentes de la mer. Il y a bien sûr les drames de la vie. On suit avec plaisir ces personnages dans leur quotidien.

Le seul bémol pour moi revient à la narration. Les chapitres sont parfois trop courts et les ellipses temporelles très importantes de sorte qu'on a l'impression de passer d'un événement à l'autre de manière trop rapide. Mais je reconnais le talent de conteuse de Catherine Bardon qui embarque son lecteur dans les odeurs et les bruits de la République Dominicaine.

Et " la vie reprit son cours " vient achever une saga de manière douce-amère qui donne envie de se rendre sur cette île enchantée.