La Passe-miroir, tomes 3 (2017) et 4 (2019), écrits par Christelle Dabos et publiés chez Gallimard
On continue sur notre lancée et on vous présente aujourd’hui deux critiques pour le prix d’une sur les deux derniers tomes de la saga La Passe-miroir. Autant vous l’annoncer de suite, notre désappointement sur cette fin de série est à la hauteur de l’enthousiasme que nous avions au départ… On reste sur le système de l’article précédent : Loulou vous présente une version avec spoils, Coco prend le relais pour ceux qui souhaitent garder le mystère.
L’avis de Loulou :
Le tome 3 commençait pas trop mal de mon point de vue. On découvre une nouvelle arche, avec de nouvelles particularités, de nouveaux pouvoirs, de nouvelles règles de vie. Cependant, je me suis déjà un peu décrochée de l’univers au tome 3 car je n’arrivais pas bien du tout à me visualiser Babel. Les descriptions pas toujours évidentes et l’aspect totalement biscornu de l’architecture ou des moyens de transports m’ont laissée perplexe et m’ont empêchée de me projeter autant qu’avant dans ce monde.
Bon, je retiens tout de même le fait qu’Ophélie a enfin réussi à s’en sortir avec son nez qui coule et l’écriture ne s’en porte que mieux. A un moment du tome 4, un autre personnage se met à renifler et on se dit qu’un rapprochement entre Ophélie et ce personnage va donc se faire grâce à ça, mais même pas. Donc, encore une fois, ce nez qui coule tombe comme un cheveu sur la soupe. Par contre, c’est Thorn qui se met à avoir un tic incompréhensible : il se nettoie les mains à l’alcool constamment. Et, à ce jour, je ne sais toujours pas pourquoi. J’ai dû rater un truc. En tous cas, ça n’apporte strictement rien au récit, c’est tout aussi gênant dans l’écriture que le fameux nez qui « guille » (merveilleuse expression de mon Nord natal) d’Ophélie. Bon, l’avoir lu en confinement, avec les problèmes de réapprovisionnement en gel hydroalcoolique, ça m’a fait rire quand même.
Les retrouvailles entre Thorn et Ophélie m’ont beaucoup plu en revanche. Elles sont très froides et au début je m’attendais à un truc à l’eau de rose. Mais le scénario réel est bien mieux car cela colle parfaitement au rôle et au caractère de Thorn depuis le début. Je pense que finalement j’aurais été déçue si on avait eu droit à une séance bisounours. Par contre, ce qui m’a chiffonnée c’est le changement d’attitude d’Ophélie. Ce point que j’adorais chez elle, qui m’avait fait accrocher en partie à cette saga, de toujours aller chercher de l’aide quand elle en a besoin, a totalement disparu. Elle devient une petite chose que l’on brime et elle garde tout pour elle… je ne comprends pas ce revirement de situation.
Je suis également très déçue de ne pas en savoir plus sur la petite Victoire. Le dédoublement dont elle est capable et que l’on perçoit de temps en temps à travers de courts chapitres, est hyper intéressant. Au tome 3, j’adorais ces chapitres et j’attendais avec impatience que ça prenne de l’ampleur dans le 4, que Victoire se révèle et devienne un personnage essentiel. Mais finalement, il ne sert que de prétexte pour nous montrer un envers du décor qui nous embrouille encore plus. Alors que ce personnage aurait pu être exploité avec beaucoup de finesse, il tombe lui aussi comme un cheveu sur la soupe.
A la fin du tome 3, je me suis sentie complètement paumée. Je n’arrivais pas à savoir clairement qui était Lazarus, qui étaient les inversés, l’Autre, quelle est sa place ou sa filiation par rapport à Dieu/Dilleux… J’avais la tête à l’envers avec toutes ces interrogations. Je n’avais pas encore complètement décroché, je me motivais en me disant que tout allait clairement s’expliquer dans le 4, que le final serait super… J’ai vite déchanté en commençant le dernier tome… Je m’y suis accrochée parce qu’après tout je voulais savoir la fin et ne pas avoir passer autant d’heures à lire pour rien, mais vraiment, je ne comprends pas le quatrième tome et ce final. Déjà, j’ai été déçue parce que j’aurais aimé découvrir une autre arche, pour voir s’étendre un peu l’univers et pouvoir sortir de celle de Babel qui ne me plaisait pas. De plus, il me reste plein d’interrogations, je trouve que les explications sur l’Autre, Dieu et tout le reste ne sont absolument pas, mais alors absolument pas claires. Pire, je ressors avec d’autres interrogations sur l’Ancien Monde, les étapes qu’a suivi Ophélie pour créer cet écho, quel est le rôle de dernier réellement, etc. Et je ne parle même pas de l’apothéose avec ce qui arrive à Thorn. Je n’ai même pas envie de m’étendre plus tellement je suis dépitée.
Je ressors perdue, déboussolée et mécontente de la lecture de ce tome 4. Un peu plus que cela, même.
L’avis de Coco :
Si nous devions résumer en un seul mot notre ressenti après la lecture des deux derniers tomes, c’est avec celui-ci : déception. Après notre enthousiasme débordant pour les tomes 1 et 2, ce fut pour nous la douche froide.
Pourtant il y avait tant d’éléments prometteurs qui nous tenaient en haleine et tant d’énigmes à résoudre que notre cœur débordait d’impatience à l’approche de la révélation finale. Mais voilà, à mes yeux, cette révélation n’est jamais venue. Et c’est là que le bât blesse.
Pendant deux tomes géniaux, nous avons été transportées dans un univers si original avec des personnages si attachants que l’on suivait leurs aventures avec plaisir. Et puis, avec le tome 3, de vilains nuages, annonciateurs d’orages violents, ont commencé à venir ternir la lecture.
Il y a d’abord eu un virage dans le ton de la saga. Fini, la petite héroïne peu sûre d’elle, qui se servait de son environnement et de ses amis pour résoudre le mystère de sa vie. J’ai vu Ophélie se transformer en fille trop forte, avide de réponses, qui n’hésite pas à se mettre en danger toutes les trois pages pour arriver à ses fins. Autour d’elle, les visages familiers, que l’on avait appris à aimer, se sont estompés au fil des lignes pour ne devenir que des fantômes d’eux même dans le dernier tome. Vous aimiez les personnages secondaires, tels que Bérénice, ou la tante ? Eh bien, bonne chance pour les apercevoir plus de 5 min.
Et je ne vous parlerai pas de la fin de la saga non plus. Premièrement parce que je ne voudrais pas vous spoiler votre lecture, mais également parce que je n’ai pas envie de revivre cela. Ma lecture a été pénible, surtout lorsque je me suis rendu compte que la situation était en train de dégénérer. Tous les personnages ne réchappent pas du carnage des dernières pages, et c’est d’autant plus rageant que nous avons pris du plaisir à les suivre quatre tomes durant. Alors, je conçois que toutes les histoires ne peuvent pas se finir en happy ending, mais disons que j’ai cette désagréable impression que tous les romanciers du moment souhaitent mettre un trait d’honneur à ne pas respecter le happy ending désiré par les lecteurs. Un petit syndrome Game Of Thrones peut-être ? Si cela était surprenant il y a cinq ans, cela devient la nouvelle règle semble-t-il, et ça en perd toute originalité.
Tout ce qui faisait la force de la saga semble devenir sa faiblesse dans les deux derniers tomes. L’intrigue, originale, finit par trop le devenir. Si bien, qu’il m’a fallu m’accrocher sur tout ce dernier tome pour bien comprendre ce que je lisais. Et honnêtement, même en m’étant accrochée de toutes mes forces, je ne suis pas sûre de bien avoir compris l’histoire. Le scoop qui avait bouleversé le tome 2 devient dans les derniers tomes, bien trop gros pour la saga. J’ai été complètement perdue entre les deux entités qui régissent la vie de notre héroïne. Et jusqu’à ce que Loulou lise à son tour ce dernier tome, j’ai cru que j’étais la seule !
J’ai vraiment cru devenir folle, croyez-moi. Je voyais fleurir un peu partout sur Instagram, des posts encensant ce dernier tome, le qualifiant de « pur génie ». Je conçois que l’on a tous un avis différent sur les choses de la vie, encore heureux, mais je n’arrivais vraiment pas à comprendre ce décalage énorme entre le ressenti des autres et le mien. Je me suis dit que c’était peut-être parce que j’avais laissé passer trop de temps entre ma lecture du tome 3 et du tome 4, que j’avais décroché de l’univers sans le savoir. J’en étais arrivée à me dire que c’était moi qui avait un problème.
Alors, lorsque Loulou m’a dit qu’elle allait enfin se plonger dans cet univers, j’étais en joie, j’allais enfin pouvoir partager mes pensées et mon ressenti avec quelqu’un d’autre ! Je savais qu’il y avait un risque qu’elle soit entrainée par le même ascenseur émotionnel que moi (nous ne sommes pas meilleures amies pour rien), mais j’étais trop curieuse d’avoir son avis.
Loulou ne me remercie donc qu’à moitié pour la découverte et la lecture de cette saga. Parce que le sentiment de déception s’est également emparé d’elle avec la lecture de ces derniers tomes.
De là, s’en est suivit un petit débat entre nous. Est-ce que la déception que nous avons ressentie face à cette fin, mérite-t-elle que nous abandonnions la saga de La Passe miroir ? Hum, ce fut une question difficile. Pour moi, je ne regrette pas le voyage, mais seulement sa finalité. Je suis vraiment contente d’avoir pu plonger dans cet univers si particulier, d’avoir pu vivre aux côtés de personnages qui ont touché mon cœur. Mais malheureusement, la fin laisse un tel goût d’amertume dans la bouche que je ne garderai qu’un souvenir en demi-teinte de cette saga. Elle ne rejoindra pas le clan très restreint des livres que je peux relire sans fin, comme je l’avais d’abord pensé à la lecture des deux premiers tomes.
En revanche, si vous n’avez pas encore ouvert une seule page de La Passe-miroir, je vous conseille quand même d’essayer. Après tout, certains ont apprécié la fin de cette saga, alors pourquoi pas vous ? Et je peux vous dire que si cela vous arrive alors vous serez sacrement veinard, car ce pourrait devenir votre saga préférée J
Alors plus que jamais, avant de vous laisser pour de nouvelles chroniques, nous aimerions connaître votre avis sur cette saga. L’avez-vous lu et si oui, venez nous dire ce que vous en avez pensé ! On aimerait bien se sentir moins seules
Bonne lecture les loulous et les cocos !