Là où chantent les écrevisses
Delia Owens
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marc Amfreville
Seuil
Janvier 2020
480 pages
Oui, bon, ça y est, je l’ai lu, ce fameux roman que tout le monde porte aux nues tellement il est beau, tellement son héroïne est atypique et touchante. Je l’ai lu rapidement, c’est le genre de livre qu’on avale en deux temps trois mouvements, mais dont il ne reste pas grand-chose quelques jours après sa lecture.
C’est un livre très romanesque, qui ne pouvait que séduire le plus grand nombre. Tous les ingrédients du best-seller sont réunis : la sauvageonne dont tout le monde se moque, une histoire d’amour, un meurtre, un procès (celui de la fameuse fille des marais bien sûr), une belle fin heureuse, et une toute fin supposée être surprenante. On voit tout de suite le film qu’on va pouvoir en tirer. Le tire-larmes au milieu des marais.
Mais de quoi parle ce roman me direz-vous ?
D’une petite fille abandonnée, ses frères et sœurs quittent le domicile les uns après les autres, puis sa mère puis son père (violent et alcoolique) et à dix ans, elle survit seule dans cette cabane au cœur des marais qu’elle va apprendre à connaître. Il y a de nombreuses descriptions naturalistes, des oiseaux, beaucoup d’oiseaux, des plumes que les futurs amoureux s’offriront, c’est à qui dénichera la plus rare, donc la plus précieuse.
La solitude est un des thèmes forts du roman. La jeune fille se construit, seule, grâce à la nature qui l’entoure, aux animaux qu’elle observe, qu’elle nourrit, aux marais qu’elle apprivoise.
Les situations ne sont pas très subtiles, la psychologie des personnages est inexistante, ils manquent de densité, de profondeur, le gentil trop gentil, le méchant très méchant (mais qui sait amadouer la sauvageonne pour parvenir à ses fins) et cette pauvre fille au milieu qui se débat entre les deux, attirée par l’un, oubliée (mais pas vraiment) par l’autre… On se demande d’ailleurs bien pourquoi ce jeune homme aux boucles blondes n’est pas retourné la voir, ce n’est pas bien clair. Peut-être parce qu’il fallait qu’elle rencontre le vilain, le beau gosse coureur de jupons, et aux intentions pas bien sympathiques.
Alors, non, bien sûr, on ne s’ennuie pas, on tourne les pages facilement, c’est divertissant mais c’est loin d’être le chef d’œuvre tant adulé. D’autant plus que bien des passages de l’histoire sont peu crédibles. C’est parfait pour lire sur la plage cet été, si on ne veut pas se prendre la tête. C’est gentillet et doucettement amoral.
En revanche, le titre est beau et sa signification… significative.