Le monde n’existe pas
Fabrice Humbert
Gallimard
Janvier 2020
256 pages
Un homme découvre un jour qu’un ancien ami est accusé de viol et de meurtre. Il ne peut y croire et part enquêter dans cette petite ville dans laquelle il a vécu son adolescence.
Le roman débute tranquillement, et même de manière très conventionnelle sur les souvenirs de la rencontre. Ils étaient adolescents, l’un a aidé l’autre. Ils étaient pourtant très différents. Ethan était beau et séducteur, le narrateur était mal aimé. Deux êtres, deux images.
Difficile de parler de : Le monde n’existe pas. C’est un roman qui malmène fortement son lecteur. L’auteur l’emmène sur de nombreuses pistes, sans jamais lui assurer qu’il est sur la bonne. Fiction, réalité, fake news ? Mensonges, vérités, affabulations ? Escroquerie ?
Une chose est sûre, ce roman secoue, il ne résout rien mais propose une multitude de voies. Il laisse pantois. Il suscite des tas de questions et surtout il n’apporte aucune certitude. Et dans notre société de la surinformation, où tout le monde a un avis sur tout et déclame des certitudes à tout bout de champ, et bien ce roman fait du bien, il remet les pendules à l’heure. Il démontre que ce qu’on croit vrai peut s’avérer entièrement faux, qu’il ne faut pas se fier aux apparences.
Réalité ou fiction, à toi de choisir. Magouille ou illusion, débrouille-toi avec ça.
Grâce à une construction implacable, l’auteur emmène son lecteur sur les voies de la remise en question de certaines vérités officielles, il surfe sur la crête de la théorie du complot, et il met parfois mal à l’aise.
Ce roman m’a surprise, je suis admirative de la façon dont l’auteur s’y est pris pour m’embrouiller, à l’image de son narrateur qui, au lieu de démêler les fils de la vérité, ne fait qu’emmêler les écheveaux de l’apparence.