Aujourd’hui on se retrouve pour notre seconde lecture du PLIB2020 qui n’est nulle autre que Je suis fille de rage de Jean-Laurent Del Socorro. Verdict?
Avant de nous lancer dans la chronique de notre premier Del Socorro, un petit rappel s’impose, comme le veut la tradition. Les sélectionnés du PLIB2020 sont :
– Les Brumes de Cendrelune de Georgia Caldera
– La cité des chimères de Vania Prates
– Félines de Stéphane Servant
– Mers Mortes d’Aurélie Wellenstein
Et le petit dernier dont on vous parle aujourd’hui, j’ai nommé :
Je suis fille de rage de Jean-Laurent Del Socorro
Voilà un des sélectionnés du PLIB2020 que nous avions hâte de découvrir ! L’ouvrage – au travail éditorial magnifique -, est constitué de courts chapitres qui reprennent chacun le point de vue d’une personne impliquée dans la guerre de Sécession qui a secouée les États-Unis au XIXème siècle. Difficile d’en faire un résumé étant donné qu’il s’agit ici d’un roman choral mélange, par ailleurs, de faits réels et de fiction. Nous vous laissons donc, une fois n’est pas coutume, avec le résumé de l’ouvrage tel que nous en avons pris connaissance avant de découvrir cette histoire :
La mort se réincarne pour arpenter ce Nord et ce Sud qui se déchirent. Elle va faire face à celui qui la convoque, le président Abraham Lincoln, pour lui faire comprendre que cette guerre doit désormais épouser une cause plus grande : celle de l’abolition de l’esclavage.
Et là évidemment on se dit, bah non on se dit rien, on reste juste comme ça en regardant le saint-graal, que dis-je le saint-pavé que nous tenons entre nos petites mains frémissantes.
Parce que, comme nous l’avons déjà sous-entendu précédemment, le travail éditorial autour des livres de Jean-Laurent Del Socorro est toujours d’une qualité exceptionnelle. Ce pavé, non content de posséder un synopsis alléchant et une couverture de toute bÔté est également très aéré ce qui vous le rend beaucoup moins effrayant, dès l’début. C’est une des qualités que l’on doit reconnaître à Je suis fille de rage, ça se dévore.
Mais ne nous arrêtons pas en aussi bon chemin et égrenons les quelques remarques que nous nous sommes faites au fil de notre lecture. Les thématiques abordées sont tristement actuelles et découvrir cette guerre qui s’est terminée par l’abolition de l’esclavage nous a énormément intéressées. L’auteur nous dépeint les deux camps qui se sont opposés dans cette guerre sanglante et fratricide dont naîtra les États-Unis. Et si l’on a appréciée une chose c’est que l’ouvrage ne nous a pas semblé trop manichéen. L’auteur s’applique à montrer les intentions de chacun. Intentions pas toujours aussi nobles que ce que l’histoire finie par retenir.
Le travail de recherche de Jean-Laurent Del Socorro est perceptible et nous proposer une bibliographie permettant d’approfondir le sujet, ça c’était une idée salutaire ! Parce qu’il faut bien le dire illico, Je suis fille de rage donne une grande soif de savoir. Une envie d’en apprendre plus sur ce conflit que ce soit à travers des films, des livres universitaires ou de fictions, des séries ou autre. En refermant le livre on se questionne sur la part de vérité présente dans l’ouvrage et l’envie de vérifier par nous même ce qui tient de la fiction ou non nous submerge. Cette démarche est intéressante et nous savons que les autres Jean-Laurent Del Socorro sont du même acabit et nous attendent gentiment pour assouvir notre soif de livres historiques dès que nous en aurons l’envie… BREF nous relirons du Jean-Laurent Del Socorro, soyez en sûr.es!
Enfin nous souhaitions faire une dernière remarque sur la capacité qu’a Jean-Laurent Del Socorro de nous faire ressentir le tragique, et toute la palette d’émotions que peut faire ressentir une guerre civile. Le livre étant une succession de textes opérant un changement de point de vue très fréquent, nous n’espérions pas être émues par notre lecture. Ça a pourtant été le cas et surtout dans la dernière partie de l’ouvrage où Jean-Laurent Del Socorro écrit avec talent la fin de la guerre, les retrouvailles, les pertes, etc.
MAIS
Bah oui, vous le sentiez, y a souvent un « mais » avec Alberte.
On a malgré tout essuyée une petite déception avec cette histoire.
La déception ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?
Tout d’abord il nous a semblé que le livre avait été très mal vendu par les éditions ActuSF ou, au contraire, très bien vendu. Certes il y a un peu de fantastique dans Je suis fille de rage, mais si peu que le qualifier de « nouveau récit historique et fantastique » est presque mensonger ! Toi lecteur.ice qui t’apprête à ouvrir cet ouvrage, saches immédiatement que Je suis fille de rage tient plus de la fiction historique que du fantastique ou bien tu seras invariablement, comme nous l’avons nous-même été, décu.es!
Malgré l’intérêt que nous avons porté aux sujets abordés par ce livre, nous l’avons trouvé beaucoup trop répétitif pour être définitivement une bonne lecture. De fait, la majorité du livre relate les différentes batailles qui ont jalonnées cette guerre de quatre ans. Il nous semble qu’il aurait été très intéressant de voir, au contraire, le ressenti des civiles, d’en savoir plus sur la conditions des affranchies ou des personnes restées chez elles alors que certains membres de leurs familles étaient au front. C’était trop juste, c’était à la fois trop – trop de récit de batailles – et pas assez – pas assez de récits sur la société de l’époque -.
En guise d’exemple, nous avons ADORÉS les passages mettant en scène Minuit qui est certainement notre personnage favori de l’histoire et que l’on voit SI PEU. Ce personnage, d’une grande authenticité et au destin hors normes, aurait mérité un meilleur développement à notre goût. Mais cela peut également s’appliquer à d’autres pans de l’histoire négligés alors qu’ils étaient éminemment plus intéressants qu’un autre récit de bataille.
Enfin, nous disions tout à l’heure que Jean-Laurent Del Socorro écrit très bien…Mais VOILA, il nous a semblé que ce projet ne donnait pas à son écriture sa juste valeur. A aucun moment nous ne nous sommes dit ça en lisant Je suis fille de rage. Mais arrivées à la fin de l’ouvrage, nous avons pu découvrir la nouvelle Le Diable dans la boîte, coupée du livre pour des raisons de cohérence chronologique. Et c’est là que nous avons vraiment pris la mesure du talent de conteur du monsieur. Talent de conteur caché par l’aspect polyphonique du roman, selon nous.
Bref, Jean-Laurent Del Socorro et moi on se reverra entre les pages d’un nouveau bouquin, c’est certains. En espérant cette fois qu’on soit moins mitigé quant au résultat final. Y a du bon et du moins bon. Nous sommes mi-figue mi-raison et remi-figue derrière.
On attend encore la lecture du #PLIB2020 qui fera chavirer notre petit cœur et saura nous conquérir, nous faire dire, le gagnant, ça devrait être LUI!
Très chauds pour parler de Je suis fille de rage en commentaires avec vous les amis. N’hésitez pas à nous faire part de votre avis, qu’il s’oppose au notre ou non, nos chakras sont toujours ouverts pour des remarques constructives qui nous font remettre en question l’entièreté de nos chroniques ♥
On se retrouve pour le troisième round de ce PLIB2020 qui aura pour sujet principal un ouvrage d’Aurélie Wellenstein. Les plus fidèles lecteur.ices se souviendront de notre avis mitigouille sur Le Dieu-Oiseau…En sera-t-il de même avec celui-ci, le suspens est INSOUTENABLE (non).
La bonne bise sur vos deux joues,
Tantine Alberte.
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