Prends soin de moi
Jean-Paul Dubois
Robert Laffont
1993
209 pages
Un bon vieux Dubois, bien cynique, bien corrosif. Rien de tel pour se remettre en selle et oublier les quelques déceptions récentes.
Je suis tombé sur ce livre en regardant mes étagères. Je ne sais pas d’où il vient, ce qu’il fait là, mais à peine l’avais-je aperçu que j’ai eu une furieuse envie de le lire, avec l’espoir qu’il allait me distraire de mon travail trop prenant. Et j’ai bien fait ! C’est exactement le roman qu’il me fallait en ce moment.
Paul vit aux Etats-Unis, il est dépressif, inactif, il occupe son temps à regarder les écureuils et les phoques. Le roman s’ouvre sur la salle d’attente d’une maternité, on ne sait pas si Paul est un futur père ou un accompagnateur, on ne sait pas qui est en train d’accoucher, mais cette attente lui permet de revenir sur ses années passées.
Nous voilà alors plongé dans sa vie intime. Il nous relate ses deux dernières relations sexuelles. On ne peut pas dire « amoureuses » même si le fleuriste le lui répète à chaque fois qu’il le voit. Paul est l’anti-héros par excellence. Il se fait complètement manipuler par Rebecca et par Julia, de manière très différente, mais le résultat est le même. Il ne dit rien, subit et on a juste envie de lui botter les fesses mais en même temps s’il était autre, il ne nous ferait pas sourire ou rire avec son humour noir.
J’ai eu tout de même un petit moment de flottement au milieu de sa relation avec Rebecca que je trouvais un peu extrême et peu crédible mais cela n’a pas duré. Je crois que j’avais besoin de cette causticité. Paul se fait vampiriser et le lecteur s’en réjouit.
Comme d’habitude, c’est très bien écrit, la prose est fine, contrairement aux situations qui ne le sont pas toujours, et la construction est convaincante.
Et puis, la fin est très réussie.
J’ai retrouvé ici le Jean-Paul Dubois que j’aime, élégant dans la dérision, dans l’incompréhension de la vie et dans la dépression.
J’en profite pour participer au challenge d’Antigone, objectif PAL.