La Fille dans l’écran, de Manon Desveaux et Lou Lubie

Par Deslivresetlesmots @delivrezlesmots

La Fille dans l’écran, de Manon Desveaux et Lou Lubie, Marabout, « MARAbulles », 2019, 190 pages.

L’histoire

Coline vit en France et rêve de devenir illustratrice. Ses recherches d’inspiration la conduisent à contacter Marley, une photographe installée à Montréal. De son côté, Marley a abandonné sa passion pour la photo pour se laisser porter par une vie sociale trépidante : un job alimentaire, un amoureux québécois…

Les deux jeunes femmes que tout oppose vont tisser sur internet un lien plus fort que la distance et le décalage horaire, qui va grandir de façon troublante jusqu’à la rencontre…

Note : 5 sur 5.

Coup de cœur

Mon humble avis

J’avais beaucoup entendu parler de La Fille dans l’écran depuis sa sortie puisqu’il a tourné sur la blogosphère et a été chroniqué par moult personnes, toujours en bien dans ce que j’ai pu voir. Je l’avais donc ajouté à ma liste de souhaits, mais au moment de le commencer je crois que malgré tout je n’avais pas d’attentes particulières. Cette lecture terminée, je ne peux que me rendre à l’évidence, toutes les critiques élogieuses que j’avais lues étaient fort méritées et cette bande dessinée est un véritable coup de cœur !

Le projet lui-même est assez original puisque c’est un livre à quatre mains. Dans la bande dessinée, un·e scénariste et un·e dessinateur·rice s’associent parfois pour créer une œuvre mais ici ce sont les deux autrices qui dessinent ! Chacune dessine une page et un personnage, en vis à vis de l’autre, de sorte qu’on ait les deux points de vue et les deux coups de crayon à chaque fois. Les deux personnages ont des vies très différentes, l’une vivant à la campagne en France et l’autre en pleine ville à Montréal, mais toutes deux se rapprochent par leur fibre créatrice et artistique, le dessin pour Coline et la photo pour Marley. Les styles des deux autrices sont très chouettes, j’aime particulièrement les couleurs utilisées par Lou Lubie et j’ai été très touchée par la façon que Manon Desveaux a de représenter les crises d’angoisse. J’ai aussi trouvé que la représentation des différents mails et messages échangés entre les deux personnages était particulièrement bien faite, je me suis sentie tout de suite impliquée même si Coline et Marley n’interagissaient pas en face à face.

Ensuite bien sûr, si j’ai eu autant envie de lire ce livre et ce qui m’a en partie séduite, c’est le fait qu’il présente une relation entre femmes. Parce que j’ai peu eu l’occasion d’en lire et que j’ai pris la décision de lire des ouvrages avec plus de diversité, en faisant plus attention à la représentation faite des personnes minorisées, et bien sûr en gardant un œil sur les auteur·rices. J’ai assez peu envie de lire une histoire se passant au Japon si c’est écrit par un Français qui n’y a jamais mis les pieds, ça vaut aussi pour les orientations sexuelles, situations de handicap, etc. J’ai tendance à privilégier les own voices, les personnes qui parlent d’une expérience en connaissance de cause.

La Fille dans l’écran, ce n’est pas seulement une histoire d’amour, ça parle aussi de découverte de soi, de l’importance d’avoir du soutien (peu importe d’où il vienne), de faire ce qui nous plaît même si ça ne correspond pas à ce que la société ou la famille attend de nous et globalement d’évolution. Comment chacun·e de nous évolue et comment nos relations avec les autres évoluent aussi (pour le meilleur comme pour le pire).

Bref, je me joins à toutes les personnes qui avaient adoré ce livre pour le recommander chaudement !