♪ SERVICE PRESSE ♫► Titre : Nocturne de sang
Auteur : Michel Pelini Sorti le 26 avril 2020 Lu en mai Crin de Chimère Éditions Genre : fantastique | horreur | thriller
► 4eme de couverture :
Enfant, Jessica Janin a connu l’horreur. Enlevée et séquestrée par Léon Schwartz, un pédophile de la pire espèce, elle a sauvé sa vie de justesse.Lorsque vingt-quatre ans plus tard, elle apprend la mort du criminel en prison, la jeune femme pense qu’elle pourra enfin tourner la page du traumatisme qui la hante toujours.Mais Schwartz, qui a passé un pacte avec le Diable, revient d’entre les morts sous la forme d’un vampire, bien décidé à se venger de celle qui lui a échappé.Jessica a déjà vaincu le criminel une fois, en sera-t-elle capable à nouveau ? Pour l’affronter, elle pourra compter sur l’aide de deux chasseurs de vampires, Mathieu Leroux et son frère, Maxime, autiste doué de pouvoirs médiumniques. Schwartz, quant à lui, a plusieurs alliés parmi les démons, notamment l’un des plus puissants vampires du monde, qui a un vieux compte à régler avec Maxime.
Je remercie les éditions Crin de Chimère pour ce second partenariat, il s’agit de la deuxième sortie de la maison, cette fois-ci dans un autre registre : un thriller fantastique.
Une tache rouge sang macule la partition d’une des Nocturne de Chopin… Les notes de musique s’effacent à mesure que le liquide progresse sur la feuille. Il ne reste bientôt plus qu’un informe magma, seul témoin de la violence de la scène trônant fièrement sur le pupitre du piano. Les gouttes ruissellent le long de ce majestueux instrument, formant une sinistre cascade, vernissant les touches d’une délicate couleur pourpre. Une ombre malfaisante glisse et s’échappe par la fenêtre ; l’heure est venue, le spectacle peut enfin commencer.
Nocturne de Sang est un roman singulier associant la bestialité des vampires au pouvoir de la religion, le tout rehaussé par la somptuosité de la musique classique et la beauté de la solidarité. Les thèmes abordés sont aussi durs et impitoyables que peuvent l’être les créatures maléfiques envers leurs victimes. Certaines scènes peuvent choquer voire heurter la sensibilité des âmes les plus sensibles. Il est question de massacre, de pédophilie, de traque... Michel Pelini narre une histoire sombre et violente, il ne ménage personne et cela fait du bien ! Le lecteur n’est pas un enfant à qui l’on met une main devant les yeux pour qu’il ne voit pas les choses, au contraire, on l’incite à regarder, à comprendre le fonctionnement, à enregistrer les mécanismes pour déchiffrer l’intrigue. Il est aux premières loges d’un lugubre concerto, spectateur malgré lui d’un drame dont il ne soupçonne pas la portée.
Jessica, une jeune pianiste, est l’unique rescapée d’une série de meurtres tous plus accablants les uns que les autres. Elle a été la victime d’un pédophile-tueur et ne doit sa survie qu’à son incroyable et vive intelligence mais aussi à son amour pour le célèbre compositeur ; Frédéric Chopin. Le calvaire qu’elle a enduré nous saute au visage, une détention malsaine, sournoise, pernicieuse et violente. Si l’enfer sur Terre portait un nom, ce serait sans conteste Léon Schwartz, cet être ignoble, totalement immoral et répugnant. Le ton est donné, l’histoire gravitera autour du personnage de Jessica Janin, une âme brisée ayant trouvé la force de se battre dans la musique. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, une figure que l’on projette sur le devant de la scène, une personnalité que les médias et les réseaux sociaux érigent au rang de victime mais aussi de symbole.
Photographies : Wolkaiw
L’ombre se faufile à travers la ville, slalome entre les voitures et grimpe aux arbres afin de rejoindre une destination connue d’elle seule. Les effluves fruités de son dernier repas se rappellent à sa mémoire et la créature se lèche les babines en guise de satisfaction. Un grognement guttural s’élève dans la nuit et brise le silence. D’autres lui répondent, formant un choeur dont l’écho se répercute à l’infini…
Oh les vampires ! Un vaste thème ayant fait couler énormément d’encre. Dracula, Twilight, les idées reçues et les succès sur ces suceurs de sang ne manque pas. Que faire ? Suivre la marche ou emprunter une route sinueuse et escarpée dans l’espoir de se différencier ? Je ne suis pas experte en vampire, je ne puis donc vous affirmer si le traitement de ces créatures est ici novateur ou non. Michel Pelini, à travers le personnage antipathique de Léon Schwartz, propose d’assister à la “naissance” d’un vampire, de découvrir les épreuves qu’il va devoir passer ainsi que l’objectif qu’il doit atteindre. Au fil du récit, le lecteur rencontre plusieurs vampires dont les pouvoirs diffèrent selon l’âge qu’ils ont. Chaque vampire a un rôle bien défini dans ce que l’on pourrait appeler l'organisation du Mal. Les plus puissants sont au sommet de la hiérarchie et distribuent les ordres. Avec délectation, j’ai appris à découvrir les vampires de Nocturne de Sang, des individus corrompus, abjects et violents, des êtres damnés pour qui plus aucune rédemption n’est possible.
La religion occupe une place intéressante dans la mesure où elle fait intervenir des chasseurs de vampires dont les armes ne sont pas forcément égales à celles des suceurs de sang. Les forces sont déséquilibrées mais les combats font rage.
Le personnage de Jessica, bien que relativement passif face à la succession des événements permet d’introduire et de traiter de nombreuses thématiques. Femme célèbre non seulement pour son talent en tant que musicienne mais aussi pour à cause de son histoire d’enlèvement et de séquestration, Jessica mène une vie sous le feu des projecteurs, une vie qu’on lui impose et dont elle ne tire pas les rênes. Son passé la hante et les souvenirs de ces horribles années lui vrillent le coeur. Tout le monde la considère comme une victime, comme la pauvre petite fille ayant survécu à ce tristement célèbre tortionnaire, ravivant chaque fois les plaies qu’elle s’évertue à panser. Les plateaux-télé parlent régulièrement de l’affaire et ne cessent de la solliciter pour répondre à des entretiens.Personne n’imagine qu’au fond, ce qu’elle désire, c’est passer l’éponge, tourner la page et aller de l’avant sans qu’on s’arrête chaque fois sur son passé. La gestion de cette double célébrité est très intéressante, contribuant à rendre le personnage de Jessica aussi bien atypique qu’horriblement torturé.
D’épaisses volutes de fumée percent le rideau opaque de l’obscurité. Le feu semble tellement loin que nul ne le remarque, personne ne s’en méfie. Pourtant, il n’y a pas de fumée sans feu et le danger pourrait être bien plus près qu’il n’y paraît. Quelque part dans les fourrées qui bordent la forêt, un étrange rituel a lieu. Une hideuse et informe créature sort de terre, tous crocs dehors. Son hurlement est tel que tous les oiseaux s’envolent dans un même mouvement, terrorisés par ce cri venu tout droit des entrailles des enfers.
Plusieurs rencontres jalonnent le récit parmi lesquelles celles de deux frères chasseurs de vampires ; Mathieu et Maxime. Leur route va croiser celle de Jessica et c’est ensemble qu’ils vont effectuer une partie du chemin. Les passages relatifs aux deux frères sont particulièrement réussis, témoignant du lien sacré et privilégié qui les unit, de cette même détermination à sauver les autres, de ce même désir à vaincre les créatures du Mal. Maxime est atteint d’autisme et je ne vous cache pas que cela renforce les liens fraternels, apportant quelques touches de tendresse non négligeable dans l’océan de noirceur qu’est le livre. Maxime n’est pas un personnage figuratif, son trouble neurologique est en réalité un don qu’il transforme en force. L’auteur en a fait une figure importante voire centrale dans le récit, lui accordant une attention toute particulière. Avec son frère, Mathieu, ils apportent l’aspect religieux du livre, ils incarnent cette éternelle lutte du bien contre les forces du malin, cette opposition millénaire contre un ennemi presque invisible et pourtant si violent.
L’auteur a effectué un véritable travail sur la personnalité et surtout l’origine de chaque protagoniste, mettant un point d’honneur a parlé du passé de chacun, à insister sur les moments-clés de leur vie afin de brosser un portrait le plus complet possible. J’ai été très sensible aux flash-back, notamment ceux concernant la famille de Mathieu et Maxime. Chaque personnage, à sa manière, a un destin brisé, une existence torturée, tous me font penser à des âmes en peine que le hasard a réunies autour d’une immense confrontation. Ils ont énormément souffert et cela se ressent, non seulement dans la façon dont ils se comportent les uns envers les autres mais aussi dans l’appréhension, dans cette peur d’être déçu à nouveau ou de perdre un être cher.
Chaque personnage est amené à livrer de multiples batailles, certains sur des terrains physiques, d’autres sur des terrains plus psychologiques. Que cela se passe sur terre ou dans la tête, la violence et la brutalité des affrontements restent la même ; personne n’en sort indemne.
Le livre est divisé en plusieurs parties assez longues qui sont autant de chapitre de la vie de la musicienne et de son bourreau, Léon. Les multiples sous chapitres apportent des précisions, permettant de changer les points de vue et les époques, dressant ainsi un large panorama non seulement des personnages mais aussi des thématiques abordées. Cela étant, le rythme imposé par Michel Pelini est intense, l’intrigue haletante et nous suivons chaque avancée avec énormément d’attention, décortiquant le moindre détail à la recherche d’un indice, d’une révélation. En effet, le roman ressemble à un immense puzzle dans lequel les pièces les plus éloignées finissent par se rejoindre et ainsi former une superbe mosaïque très colorée. Le destin de chaque personnage semble intimement lié à celui des autres, comme si une force supérieure c’était amusée à volontairement brouiller les pistes puis à soudainement lever le voile.
Photographie : Wolkaiw
La bête ouvre les yeux et déjà elle ne pense qu’à se repaître. L’appel du sang est si fort qu’elle doit réfréner ses pulsions pour ne pas se précipiter et gâcher son repas. Le monde autour lui semble tellement vaste qu’il lui donne presque le tournis. Au loin, elle distingue quelques accords de musique, réveillant une vieille douleur, de celles qui vous hantent même après la mort.
Attention à ne pas mettre ce livre entre les mains de tout le monde, comme je le disais précédemment, certaines scènes violentes peuvent heurter les âmes sensibles. Les sujets abordés sont durs, pédophilie, séquestration, massacre ; la mort dans toute sa splendeur. L’auteur ne fait pas dans la dentelle, offrant à l’histoire une ambiance très sombre, si noire que l’on pourrait presque s’y perdre. Tout est malsain et le personnage de Léon incarne à lui tout seul le summum de la malsanité.
Nocturne de sang aborde également d’autres thèmes, sans doute pas aussi violents mais tout de même très durs et surtout délicats. La question de l’autisme est évoquée avec le personnage de Maxime. À travers le vécu et la célébrité de Jessica Janin, l’auteur parle du respect de la vie privée et de la facilité des gens à juger. Bien souvent, les individus pensent tout savoir sur les autres, se nourrissent de ce qui circule sur la toile et se forgent ainsi une opinion des personnes dont la vie est exposée. Ils sont persuadés, à tort, de pouvoir expliquer telle ou telle réaction en tenant compte de tel ou tel événement.
Michel Pelini possède une très jolie plume, cette dernière nous immerge parfaitement dans Nocturne de Sang, ce récit fantastique teinté d’horreur. Le seul bémol que j’ai soulevé concerne la présence de quelques termes appartenant au registre familier dans la narration, cassant totalement le rythme de la phrase. Je sortais de la lecture, me demandant ce qu’ils faisaient là. Il s’agit d’un tout petit point que je tenais toutefois à soulever. Dans l’ensemble, j’ai été séduite par les qualités de conteur de l’auteur, par la facilité avec laquelle il nous entraîne dans la noirceur de son récit sans jamais nous ménager.