On l'appelle la Ronce de Camorr. Un bretteur invincible, un maître voleur. La moitié de la ville le prend pour le héros des miséreux. L'autre moitié pense qu'il n'est qu'un mythe. Les deux moitiés n'ont pas tort. En effet, de corpulence modeste et sachant à peine manier l'épée, Locke Lamora est, à son grand dam, la fameuse Ronce. Les rumeurs sur ses exploits sont en fait des escroqueries de la pire espèce, et lorsque Locke vole aux riches, les pauvres n'en voient pas le moindre sou. Il garde tous ses gains pour lui et sa bande : les Salauds Gentilshommes. Mais voilà qu'une mystérieuse menace plane sur l'ancienne cité de Camorr. Une guerre clandestine risque de ravager les bas-fonds. Pris dans un jeu meurtrier, Locke et ses amis verront leur ruse et leur loyauté mises à rude épreuve. Rester en vie serait déjà une victoire...
Les Salauds Gentilshommes... De mémoire, je n'avais encore jamais lu un titre aussi antinomique que celui-ci.
La curisioté piquée à vif, il était capital à mes yeux de découvrir ce qui se cachait derrière un tel titre : histoire inoubliable ou pétard mouillé destiné à finir sa vie au fin fond de mon encéphale, là, tout en bas à gauche côté hippocampe, entre le premier volume du Projet Starpoint et l'intégrale du Sang d'Immortalité ? La réponse m'est parvenue trois jours plus tard par voie express après un magnifique K.O technique. J'ai tellement ri que j'ai découvert la présence d'abdominaux derrière la peau de mon bidou. Si j'avais eu le tome 2 sous le coude, j'aurais pu sortir mon meilleur body summer en juillet à la piscine municipale d'Hébécrevon.
On peut s’en tenir au plan initial : préparer ce qu’il faut et, si nous devons absolument et définitivement tailler la route, eh bien, on porte les chevaux, s’ils courent pas assez vite.
Tout simplement parce que l'histoire des mensonges de Locke Lamora, c'est du caviar étalé sur près de 500 pages où le cynisme et l'impétuosité se côtoient de la manière la plus intime qui soit. On suit une petite confrérie de voleurs bien particulière, au sein d'une ville bien particulière, sujette à un grand complot bien particulier... Mais quel rôle, quelle place peut donc bien occuper la confrérie d'un voleur mi-salaud mi-gentilhomme, dans un complot qui ne le regarde ni de près ni de loin ? Je vous le donne en mille : le rôle dont pesonne (absolument personne) ne veut... À savoir, le sien. Celui d'un homme qui ne vit et respire que pour l'avarice.
- Je ne pouvais plus marcher et j’étais comme moribond, alors ils m’ont laissé derrière eux… moi et plein d’autres. Aux bons soins de quelques prêtres itinérants de Perelandro.
- Mais vous n’êtes pas mort.
- C’est fort astucieux de déduire ça à partir d’indices si maigres et après avoir vécu avec moi pendant trois ans.
Le personnage de Lamora est pétulant à souhait et c'est un régal absolu de le suivre dans ses péripéties, les bonnes autant que les mauvaises : car tout ne peut réussir à un homme dont le désir de collectionner les pièces en or écrase quasiment toute raison et toute limite... à quelques exceptions près.
Un trait de sa personnalité qui a tendance à le rendre bigrement attachant !
Véritable filou qui s'il n'en a pas dans les bras, en a beaucoup dans la tête, Lamora est un homme qui s'inquiète pour les siens et possède un sens de l'honneur particulièrement développé même si ce dernier a la fâcheuse tendance à légèrement et en toute discrétion foutre le camp lorsqu'il est question de voler une somme toute rondelette...
Il en va de même pour ses compagnons, notamment Jean, bras droit de Lamora, ou bras tout court, tant qu'on y est ! Grand érudit, sa tête reste froide la plupart du temps. La plupart du temps, j'ai dit ? Pardon, je recommence : sa tête reste froide quand on ne le froisse pas, ni lui, ni les siens. Auquel cas... En chêne ou en orme, le cercueil ?
Et je ne parle même pas des nombreux autres personnages secondaires tous plus attachants et marquants les uns que les autres, lorsqu'ils ne se trouvent pas sous une auréole de mystère...
Dans la vie, il n'y a que trois personnes qu'on ne peut pas blouser : un prêteur sur gages, une pute et notre mère. Dans la mesure où ta mère est morte, j'ai pris sa place. Par conséquent, pas de conneries avec moi.
Bien évidemment, couplé à ces charmants personnages, on trouve un décor, un monde d'une grande richesse, fantaisiste et diablement bien décrit qui nous entraîne sans trop d'efforts dans son sillage, dans une course effrenée contre la mort... Et parce que la plume de Scott Lynch est si belle, plutôt que de la fuir, vous allez vous mettre à courir derrière elle.
Les Mensonges de Locke Lamora vont vous faire perdre la tête : et peut-être bien même votre langue... Mais ça, c'est à vous de le découvrir.
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