Dossiers froids : une enquête d’Isidore Lune

Tout d'abord, j'aimerais remercier l'auteur, Louis Auguste, pour sa confiance en m'envoyant son roman.

Un gendarme fraichement retraité - mais entêté - , une petite ville de province où tout le monde se connaît, et trois affaires non élucidées ? C'est parti pour Ploutrécat !

Résumé : Le gendarme Isidore Lune prend sa retraite. Cependant, il n'imagine pas couper complètement avec son ancien métier. Il veut profiter de son temps libre pour exhumer des affaires non élucidées. Une surtout. Celle(s) des trois petites filles. Mais il est parfois dangereux de remuer le passé d'une petite ville de province. Isidore Lune enquêtera contre vents et marées, quitte à nourrir de lourds regrets. Dossiers froids : une enquête d’Isidore Lune 159 pages - Auto-édition - Kindle (3,99€) - Broché (9,48€)

Mon avis :

C'est le pot de départ en retraite d'Isidore Lune, nouvel ex-gendarme. Ploutrécatais de souche, il a passé sa vie à servir sa ville et ses concitoyens. Du moins, il a fait de son mieux avec les moyens qu'on leur a donnés, à ses collègues et lui.
Malgré tout, trois affaires le rongent depuis des années, des " cold cases " comme on dit aujourd'hui. Et on n'est pas dans une série du type " Les Experts ", alors les moyens ne suivent pas. C'est pourquoi il demande à son suprieur de reprendre les dossiers de ces trois gamines enlevées, qui ont ébranlé toute la région, et dont tout le monde parle encore à demi-mots. Ploutrécat n'a pas encore fait son deuil, puisque aucune fillette n'a été retrouvée, morte ou vive.
Un thème difficile, souvent traité, on se dit que c'est un polar classique. Noir à souhait, mais classique.
Puis on découvre des personnages authentiques, aux caractères bien trempés (ben quoi, ils sont en Bretagne, non ?), mais finalement attachants. L'histoire est centrée sur Lune et son enquête, mais les habitants de sa bourgade et les notables qui gravitent autour de lui ont leur importance. Tous sont criants de sincérité, de Lulu le garagiste du coin, à la patronne de l'auberge " interdite aux touristes " (si si !), en passant par le copain de toujours, Maquignon, lui aussi retraité, il ne manque rien.
Isidore est un homme intelligent, patient, profondément humain, et d'une certaine douceur inattendue pour quelqu'un de son métier. Et il aime les chats, sûrement comme l'auteur - tout juste, (Louis) Auguste ? (Désolée, il fallait que je la fasse 😉 )

Tout le reste est dans l'écriture ! Elle est simple, mais l'auteur a su distiller ici et là de nombreuses touches d'humour et références qui font que le lecteur passe la première partie de l'histoire à glousser régulièrement.

" Et une toute petite échoppe de souvenirs (de cochonneries Madeleine China, selon Lulu) "

Les pages se tournent vite, ça fait longtemps que je n'avais pas ri comme ça en lisant, surtout un polar. Parce que ces traits d'humour sont placés au bon moment, et se prêtent parfaitement à l'ambiance.

" J'attends le retour du soleil pour aller le tester. Ben tu peux attendre. Nous sommes en Bretagne, je te rappelle. Il paraît que cette année l'été tombe un mardi... "

Les gendarmes et policiers aussi en prennent pour leur grade :

" (...) une lecture laborieuse de textes truffés de fautes de français et au style plus que discutable. Peu de gendarmes ont un manuel de grammaire comme livre de chevet. "

Dans la seconde moitié de l'histoire, tout s'accélère. L'heure n'est plus à l'humour, mais bien à l'enquête et la recherche assidue des coupables (assassins ?). Lune impose son rythme et ses méthodes, malgré ses mains liées par le côté officieux de l'enquête.
Je ne vais pas vous mentir, il n'y a pas de gros rebondissements ; mais la psychologie des personnages (même secondaires) est très complète, ce qui les rend complètement crédibles et ancrés dans un réalisme certain.

Une chouette découverte pour une lecture bien sympathique !
Et, vu le titre, est-on en droit d'attendre une autre enquête de ce cher Isidore bien qu'il soit à la retraite ? Si c'est le cas, je n'hésiterai pas à lire ses nouvelles aventures.

Evidemment, je ne résiste pas à l'envie de vous en mettre une petite dernière :

" Malgré lui, il imagine un dialogue entre Lulu et Isabelle. Michel Audiard face à Marie-Antoinette. "