Résumé
Pendant cinq ans, Jérôme Dubois a construit la Citéville, un espace urbain imaginaire où la violence de notre quotidien est révélée par l’absurde. Autour de neuf lieux emblématiques et autant de chapitres se dessinent les contours d’une fourmilière dont la modernité glaçante ressemble à notre futur immédiat. Citéville grince sous la dent, décortiquant par l’hyperbole la barbarie de nos sociétés prétendument civilisées. En miroir de Citéville, Jérôme Dubois a imaginé Citéruine, un univers parallèle dans lequel la métropole est à l’abandon. Cadrages, nombre de pages et de vignettes ne diffèrent pas d’un livre à l’autre. Mais pas un humain n’a survécu à cette transition orchestrée par Cornélius pour Citéville et les Éditions Matière pour Citéruine. Les deux espace-temps se superposent et la lecture simultanée des deux ouvrages procure une expérience temporelle et plastique profondément étrange. Nous vous invitons d’ailleurs à pénétrer l’univers graphique de l’auteur sur son site.
Notre avis
Le jeudi 20 août sortiront les bandes dessinées Citéville et Citéruine (Éditions Matière) de Jérôme Dubois. Un beau projet de coédition qui propose de découvrir une ville fictive à travers deux alternatives temporelles. Les deux bandes dessinées ont ainsi le même nombre de pages, le même découpage et le même format et sont chacune publiée par une maison d’édition : Citéville, une réalité parlante éditée aux Éditions Cornélius et Citéruine, une variation muette éditée aux Éditions Matière. Dans Citéville, le lecteur découvre une dizaine de bâtiments peuplés d’habitants aussi stupides que cruels. Un espace urbain imaginaire où la violence du quotidien est révélée par l’absurde. En miroir, Citéruine, propose un univers parallèle dans lequel la métropole est à l’abandon. La ville laisse alors place au vide et à sa contemplation. Venez découvrir Citéville, charmante agglomération aux mille activités. Grâce à son réseau de transports qui vous dépose directement en vacances ou grâce à Buy More, son supermarché qui vous permet d’acheter des objets à prix approximatifs, Citéville offre un ensemble d’infrastructures de premier choix. Pour les parents insatisfaits, le Pôle Enfant simplifiera le quotidien en proposant des offres de moutards adaptées à leurs besoins. Quant aux seniors, ils couleront une fin de vie heureuse à proximité des nombreux distributeurs de billets installés au sein de la Maison de retrait.
Notez qu’une exposition du travail de Jérôme Dubois sera visible à la galerie Arts Factory du 1er au 19 septembre !
En deux mots
Citéville, Citéruine.
Jean-Claude Attali
Lien vers la page des Éditions Cornélius.
Retrouvez la chroniques de l’album « Bien Normal » de Jérome Dubois sur notre site.
Quelques mots sur l’auteur : Jérôme Dubois s’éveille à la vie en 1989 à Rueil-Malmaison. Certains, découragés par un tel début, en seraient resté là ; lui persévère et grandit obstinément. Sa vie semble toute tracée : il portera des lunettes, sera paléontologue célibataire et ira, le moment venu, gésir pour l’éternité au cimetière ancien, aux côtés de Jacques Faizant. Mauvaises lectures et mauvaises fréquentations déraillent ce destin scientifique. Avec Gaston Lagaffe et Lanfeust de Troy, le jeune Jérôme comprend qu’il est plus amusant de dessiner que d’épousseter des osselets de dinosaure. Il découvre, en même temps que la regrettée revue Ferraille, sa vocation vraie : il sera dessinateur sans lunette et non célibataire. Fuyant le charme discret du terroir natal, il étudie à Paris, atelier de Sèvres, puis aux Arts décoratifs de Strasbourg. Mais l’impitoyable Rueil-Malmaison sait se venger de ses enfants ingrats. Jérôme échappe de peu à l’accident nucléaire de Fukushima et se trouve à New York lors de la tempête Andréa. Depuis, Jérôme a retrouvé la banlieue parisienne. Et il a commencé à accomplir brillamment son destin avec l’aide des éditions Cornélius.