Dans l’esprit des Premières Lignes, j’ai envie de partager avec vous un autre rendez-vous hebdomadaire : celui de livres qui me tentent, et qui rejoindront (peut-être ?) bientôt ma PAL. Et ce n’est ni en fonction des sorties littéraires, ni des différents challenges ou prix : juste ceux qui me parlent au moment où ils me tombent sous la main…
Ce que tu as fait de moi
de Karine GIEBEL
« En arrivant dans les locaux de la DDSP de L., le commissaire divisionnaire Jaubert eu l’impression de pénétrer dans une église par un jour d’enterrement. Le silence frappait, écrasant. Les regards meurtris fuyaient à son approche, il surprit même quelques larmes sur les joues d’un jeune brigadier. Flanqué du commandant Delaporte, son adjoint, et de deux agents de son équipe, Jaubert se laissa guider dans les interminables couloirs par un gardien de la paix qui avait l’air aussi choqué que ses collègues. Aucun doute, une tragédie venait de marquer ces lieux à jamais.
Lorsque le portable de Jaubert avait sonné, vers 23 h 30, il s’apprêtait à partir en escapade avec une femme qui n’était pas la sienne. Petite fugue en Normandie, soigneusement préparée depuis des semaines, afin que Mme Jaubert ne se doute de rien. Le commissaire de l’Inspection générale de la police nationale avait soupiré, négocié et même pesté, mais n’avait pu se soustraire à son devoir. L’affaire était trop importante pour être confiée à l’un de ses subordonnés. On avait besoin de lui pour faire la lumière sur ce qui s’était passé ici. Il avait donc appelé Delaporte afin qu’ils se rejoignent sur les lieux du drame avant de prévenir Clotilde que leur virée normande était reportée sine die. À son tour, elle avait soupiré puis râlé, et Jaubert avait dû lui promettre que ce n’était que partie remise.
Il s’entretient d’abord un moment avec ses collègues de la brigade criminelle qui avaient procédé aux premières constatations, interrogé les témoins puis placé les suspects en garde à vue. Il monta ensuite au dernier étage pour y rencontrer le commissaire divisionnaire Bertrand Germain, qui dirigeait d’une main de fer la DDSP de L. Proche de la retraite, le directeur semblait avoir été frappé par la foudre. Un peu hébété, il fit un rapide topo de la situation à son collègue de l’IGPN. Il butait sur les mots, ayant soudain perdu son éloquence et sans aucun doute ses certitudes. Comment une telle horreur avait-elle pu se produire ici ?
Jaubert et ses adjoints redescendirent alors d’un étage et bifurquèrent dans un nouveau couloir pour arriver devant une porte. Un planton qui montait la garde les toisa avec mépris. Depuis qu’il avait intégré la police des polices, qu’il était devenu un « boeuf-carotte », le divisionnaire avait pris l’habitude de ces regards hostiles. Il pénétra dans la pièce, qui devait mesurer une quinzaine de mètres carrés et dont les murs étaient d’un blanc fatigué par les années. un autre flic y était enfermé. le commandant divisionnaire Richard Ménainville lui tournait le dos, posté devant la fenêtre armée de barreaux en acier. Comme un prélude à la cellule carcérale qui l’attendait peut-être.
— Bonsoir, commandant, commença Jaubert.Richard Ménainville fit lentement volte-face et jaubert découvrit son visage tuméfié. Un masque de douleur au milieu duquel étincelait son regard de fauve.
— Commissaire Jaubert, IGPN. Et voici le gardien Dutheil. Asseyons-nous, s’il vous plaît.
Ménainville se laissa tomber sur une chaise. Une table blanche en faux bois séparait les deux hommes. Jaubert y posa un calepin et un stylo tandis que le gardien Dutheil, jeune femme d’une trentaine d’années, allumait son ordinateur portable. Elle adressa un signe de tête à son chef, lui indiquant qu’elle était prête à consigner les propos du suspect.
Le divisionnaire dévisagea son collègue de longues secondes. Richard Ménainville ne semblait pas inquiet ni anxieux.Seulement désespéré.«
Résumé éditeur :
Personne n’est assez fort pour la vivre.
Personne n’est préparé à l’affronter, même si chacun la désire plus que tout.
La passion, la vraie…
Extrême.
Sans limites.
Sans règles.
On se croit solide et fort, on se croit à l’abri. On suit un chemin jalonné de repères, pavé de souvenirs et de projets. On aperçoit bien le ravin sans fond qui borde notre route, mais on pourrait jurer que jamais on n’y tombera. Pourtant, il suffit d’un seul faux pas. Et c’est l’interminable chute.
Aujourd’hui encore, je suis incapable d’expliquer ce qui est arrivé. Si seulement j’avais plongé seul…
Cette nuit, c’est le patron des Stups, le commandant Richard Ménainville, qui doit confesser son addiction et répondre de ses actes dans une salle d’interrogatoire.
Que s’est-il réellement passé entre lui et son lieutenant Laëtitia Graminsky ? Comment un coup de foudre a-t-il pu déclencher une telle tragédie ?
Si nous résistons à cette passion, elle nous achèvera l’un après l’autre, sans aucune pitié.
Interrogée au même moment dans la salle voisine, Laëtitia se livre. Elle dira tout de ce qu’elle a vécu avec cet homme. Leurs versions des faits seront-elles identiques ?
Si nous ne cédons pas à cette passion, elle fera de nous des ombres gelées d’effroi et de solitude.
Si nous avons peur des flammes, nous succomberons à un hiver sans fin.
Éditions Belfond – Broché – Kindle – Paru le 21/11/2019
Karine Giebel… Même si j’ai mes préférences, j’ai aimé tout ce que j’ai lu d’elle. Celui-ci est-il du même acabit ?
J’ai hâte de le savoir !
Vous aussi ça vous tente ?
Dans tous les cas, bon week-end et… bonne lecture !