Éditions Hatier, années 1930 (79 pages)
Ma note : 13/20La première phrase
" Paris, dimanche 12 janvier 1654.
Je suis agréablement surprise de votre souvenir, monsieur, il y a longtemps que vous aviez retranché les démonstrations de l'amitié que je suis persuadée que vous avez toujours pour moi. "
Mon avis ...
Un voyage au siècle de Louis XIV, cela vous tente ? Si oui, plongez dans la correspondance de la marquise de Sévigné, femme de lettres et célèbre Précieuse. J'ai plutôt passé un bon moment en compagnie de ce recueil de lettres (celles-ci nous permettent d'ailleurs de redécouvrir la beauté de la langue française). Si elles ne sont pas des plus accessibles, j'ai préféré prendre mon temps, les lire par petites touches afin d'éviter une possible indigestion. Reste qu' à l'intérêt du document historique se joint ici la valeur du document humain. La personnalité de la marquise, vive et attachante, transperce le papier. J'en ai été la première surprise, et je suis ravie d'avoir pu voyager à ses côtés le temps de quelques pages. J'ai déniché cette belle édition dans une boîte à livres. Si je n'ai malheureusement pas trouvé de date précise de publication, en furetant sur le net j'ai découvert que cette édition remonterait aux années 1930 !
Lorsque l'on évoque Mme de Sévigné, il est beaucoup question de sa relation fusionnelle avec sa fille, la comtesse de Grignan, installée en Provence. De ses Rochers (domaine situé en Bretagne), la marquise lui écrira beaucoup, quasiment tous les jours. Il y est question du manque, de leurs prochaines retrouvailles, du temps qui passe. L'amour maternel reste très présent. Mais ces lettres constituent un témoignage de premier ordre sur la société de l'époque, la vie à la cour du Roi Soleil. Certains passages relatent l'affaire Fouquet ou encore la déchéance de la marquise de Brinvilliers, rendue célèbre par l'affaire des poisons. Certaines lettres se font plus légères, puisqu'il y est question de culture ou encore de mode. La plume de Mme de Sévigné peut alors nous faire sourire, tant son regard sur son époque ne manque parfois pas de piquant.
Plonger dans ces lettres offre donc un regard sur des détails parfois insignifiants, mais qui font aussi tout le sel de la grande Histoire. Saviez-vous qu'au XVIIe siècle, le courrier pouvait (déjà) se perdre voire ne pas arriver à temps ? Ou que voyager d'une région à une autre relevait de toute une expédition ? (Mieux valait reporter son voyage s'il pleuvait trop ou que le temps était orageux).
Ces lettres balaient aussi tout un pan du vécu de Mme de Sévigné, puisque certaines ont été écrites quelques semaines seulement avant son décès. Si elles n'ont jamais été destinées à " entrer dans la littérature ", elles furent conservées par sa famille avant d'être publiées. Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir lire les réponses adressées à la marquise (les lettres de sa fille notamment). Mais si le XVIIe siècle vous intéresse, et si vous souhaitez le retrouver autrement que via un manuel d'Histoire, alors ces lettres pourraient grandement vous faire de l'œil.
Extraits ...
" Enfin c'en est fait, la Brinvilliers est en l'air : son pauvre petit corps a été jeté, après l'exécution, dans un fort grand feu, et ses cendres au vent ; de sorte que nous la respirerons, et que, par la communication des petits esprits, il nous prendra quelque humeur empoisonnante, dont nous serons tous étonnés. "
" Je vous mandai l'autre jour la coiffure de Mme de Nevers, et dans quel excès la Martin avait poussé cette mode ; mais il y a une certaine médiocrité qui m'a charmée, et qu'il faut vous apprendre, afin que vous ne vous amusiez plus à faire ces petites boucles sur vos oreilles, qui sont défrisées en un moment, qui siéent mal, et qui ne sont plus à la mode présentement, que la coiffure de la reine Catherine de Médicis. "