Bonjour,
Le confinement a sans doute empêché ce livre de vous séduire et c'est bien dommage. Un conseil, procurez-vous-le.
Premières Lignes1994, le génocide rwandais atteint le comble de l'horreur.
Octobre 1994 à Kigali, Solène vient chercher son fils chez ses parents. Quelques jours ou mois après, elle se réveille aux urgences psychiatriques de Kigali. Son père et son fils ont échappé au massacre.
Elle (Solène) ne se sent pas concernée par ce génocide qui tue des centaines de milliers de Rwandais.
Novembre 1994, Ghislaine, enceinte, erre. Elle est affamée. Sous la pluie, dans un bois, son bébé naît. Malheureusement, il ne vit pas. En cherchant un refuge, elle "aide" une femme à mettre au monde son enfant. La maman est morte, le papa est dans le coma. Une occasion rêvée de voler l'enfant et de laisser le petit garçon mort-né.
Elle décide de fuir l'Afrique, le génocide est une aubaine. Elle arrive dans un camp en Belgique, à Bruxelles "Le petit château".
Contrairement à mes compagnons d'infortune, l'Afrique ne me manque pas. J'ai été déracinée tellement de fois que je ne me souviens plus vraiment d'où je viens.
La vie est dure et a toujours été dure. Elle est courageuse, débrouillarde et justicière à sa manière. Son seul objectif est de rendre heureuse sa fille. Elle est une mère aimante.
Que leur réservera la vie ? Est-ce que le passé tumultueux, de cette mère, est effacé à jamais ?
Deux cœurs battent loin l'un de l'autre. Pourront-ils se rencontrer ?
Premier livre que je lis de cette auteure et quel livre. Je vais être assez vague dans mes impressions, il y a de nombreux rebondissements qui seraient dommage de vous dévoiler. Destinées de deux enfants d'un papa et d'une maman. Voici un résumé très rapide.
À part les premiers chapitres qui m'ont empêché de comprendre le lien entre certains personnages, j'ai beaucoup aimé. Charles a mes faveurs, c'est un homme bienveillant malgré son enfance difficile.
Personne n'a envie de croiser Charles sur sa route, parce qu'il est la poisse incarnée.
Il part en Ouganda et rencontre le professeur Harouka , grand marabout - exorciste qui promet des résultats garantis pour éradiquer cette déveine. Lorsque Kim parle de lui, les descriptions sont pleines d'humour malgré le malheur qu'il sème autour de lui.
Il y a aussi Douce que Ghislaine sauve de son bourreau.
Douce est une bouffée d'air dans mon existence de misère, elle me donne l'espoir qu'un monde meilleur existe.
Douce n'a pas pu partir avec sa nouvelle amie. Chance et Ghislaine attendent pendant longtemps l'arrivée de "Tata Douce". A-t-elle put venir en Belgique où se trouvent maintenant Chance et sa maman ? 120 mois passeront avant d'avoir des nouvelles.
Avant de quitter le Burundi, je ne pensais pas que sa présence allait me manquer à ce point.
Ghislaine n'hésite pas à accepter des petits boulots, nettoyer les douches et les toilettes du camp, travailler, à la limite de l'exploitation, dans un restaurant ou chez McDonald's et même des choses non avouables. Elle devient femme de chambre dans un hôtel Bruxellois. Le début d'une vie meilleure.
Après un mois d'essai, je deviens officiellement femme de chambre à l'hôtel Morning Belgium.
Après quelques années, Ghislaine peut dire cette phrase.
Les gens ne traversent pas nos vies par hasard, et la venue de Tania dans la mienne a un but bien précis. Elle me donne envie d'être une femme libre. Avec elle, je n'ai pas peur de viser les étoiles.
Elle découvre, grâce à un personnage qui a croisé son existence, la lecture, le plaisir de lire. Sa vie n'est plus comme avant. Elle s'évade, elle ne s'ennuie plus. Elle est heureuse.
Cette nuit, je m'endormirai en serrant Proust dans mes bras.
Nous voyageons avec les personnages au Royaume-Uni avec Charles, au Rwanda, en Ouganda, en Belgique, terre d'accueil pour les émigrés, avec Ghislaine et au Burundi.
Les personnages sont bien décrits, on les imagine. On vit les situations avec eux. Les femmes sont fortes et se battent pour survivre (Ghislaine, Douce, Tania).
Mon cœur est desséché. c'est chacun pour soi. Pour survivre, je ne m'encombre pas du malheur des autres.
L'absence de prénom dans certains chapitres et les doubles identités sont un peu difficiles à suivre. Au fil de notre lecture, on y voit plus clair. Le récit commence en septembre 1972 et se termine en 2013.
Il y a aussi quelques scènes insoutenables, crues. Peut-on les comprendre ? Dans le contexte, sans doute oui. Kim les narre mais ne s'y attarde pas. Elle dirige, avec habileté, le lecteur sur un autre sujet.
Quelques larmes sont venues vers la fin de ma lecture. Un bel "Happy end".
De beaux messages à retenir sur le pardon, l'amour. Un très beau livre qui j'espère va refaire surface pendant cet été.
En résumé (avis très personnel) , à vous maintenant :
+ J'ai eu du mal à poser ma lecture
+ Le chapitre sur la "poisse" de Charles est drôle malgré tous les malheurs qu'il a engendrés.
+ Il y a un personnage (Kim) qui fait un clin d'œil à l'auteure
- Au début, j'ai eu du mal à faire la relation entre les personnages et les lieux.
- Pourquoi Ghislaine n'a pas attendu Douce ? Je n'ai pas compris. Elle se rattrape après.
💜 8+/10 Une très bonne lecture. Je vais offrir avec plaisir ce livre à des amies.
Titre : Sista (22 février 2020) [lecture numérique pour moi]
Auteur : Kim CHI PHO
Éditeur : Éditions LEMART
ISBN numérique : 9782940669035
ISBN : 9782940669028 (le 14 janvier 2020)
Nombre de pages (numérique) : 159
Nombre de pages (papier) : 218
Prix : broché 13 € 90 /numérique 3 € 99
Ce livre vous tente, vous pouvez le trouver ICI ou ICI (non sponsorisé)
Merci à l'auteur-e Kim CHI PHO, aux Éditions LEMART et NetGalley pour cette proposition de lecture.
amour, crime, croyance, drame, Femme, génocide, humanité, immigration, Poignant, Résilience, réfugié, Suspense, tragédie, espoir, combativité,
⇰ Phrases du livre (lecture numérique [ E mplacement]) :
Le pays (Le Rwanda) est dans le chaos, comme dans ma tête. (E. 140)
Avril 1994, le Rwanda traverse le pire épisode de son histoire. Les Tutsis tuent les Hutus, et les Hutus tuent les Tutsis. (E. 320)
Je ressemble à un cerf-volant qui cherche à prendre son envol, mais reste attaché à un fil. (E. 1734)
Tania est née sous une bonne étoile. Elle est belle, riche, intelligente, élégante, généreuse ... (E. 1747)
Cher Marcel (Proust), j'aimerais te présenter un nouvel ami : il se nomme Larousse ! (E. 1884)
Jamais je n'aurais pensé que l'on puisse créer un lien avec un dictionnaire. Larousse m'apprivoise et j'apprivoise Larousse. (E. 1893)
Pour en savoir un peu plus :
Auteure belge, aux origines sino-vietnamiennes. Kim CHI PHO a grandi entre la Belgique et l'Australie et vit à Paris depuis 2005. Directrice financière pendant vingt-cinq ans, elle se consacre à présent corps et âme à l'écriture.
⇰ Autre chronique sur ce livre :
Lire et vous 6/10