Chic, un nouveau Bukowoski ! Sauf que pas vraiment en fait. L’homme a beaucoup écrit et tout ou presque a été publié. Du coup on compile, on recycle. On donne dans le recueil thématique, pour entretenir le mythe et offrir de la pseudo nouveauté. Alors oui, il y a des inédits dans ce recueil. Des lettres, quelques poèmes, des trucs parus dans d’obscures revues aujourd’hui introuvables. Des inédits de fond de tiroir associés à une compilation de textes déjà publiés ailleurs, ça sent le réchauffé à plein nez. Du moins pour ceux (comme moi) qui ont lu tout Bukowski en long, en large et en travers.
Pour les autres ça peut être une entrée en matière intéressante. Si on accepte le côté fourre-tout du mélange des genres. Nouvelles, extraits de romans, correspondances, bouts d’interview, poèmes, ça part dans tous les sens. Avec quand même la beuverie pour point commun à l’ensemble, histoire de donner un minimum de cohérence (même si la beuverie est le fil directeur de toute son œuvre finalement).
Au programme donc un Bukowski égal à lui-même : alcoolique, misanthrope, joueur, bagarreur, queutard et grande gueule. Le décor est classique lui aussi, entre bars louches, cellules de dégrisement, hôtels miteux et hôpitaux pour indigents. Tout est gris, crasseux, déprimant, avec la misère, l’alcool, l’écriture et les femmes pour seul horizon. J’ai aimé retrouver la fluidité et la simplicité de son style très oral, sans filtre ni langue de bois, et bien sûr une sacrée dose d’autodérision couplée à une absence totale d’amour propre qui restent à mes yeux ses deux plus grandes qualités.
Du réchauffé donc, mais du réchauffé qui peut permettre aux néophytes de découvrir les fondamentaux du mythe Bukowski et la diversité sans limite de sa production. A vous de voir...
Sur l’alcool de Charles Bukowski (traduit de l’anglais par Romain Monnery). Au Diable Vauvert, 2020. 360 pages. 20,00 euros.