La street

En mode rebelle

Texte de Cécile ALIX

Dessins de Dimitri ZEGBORO

Editions Magnard Jeunesse, juin 2020

160 pages

Dès 9 ans

Thèmes : Amitié, Entraide, Différences, Humour, Culture

Avant, Carl, 11 ans, habitait à la campagne.

Il étudiait à la maison avec sa Maman, autrice pour littérature romantique, dessinait au charbon de bois sur les murs d'une grotte, et s'occupait de son mouton nain noir, baptisé Oumtiti que le Père Morel lui avait donné.

Mais ça, c'était avant !

Avant que sa mère n'ait l'idée de déménager en plein Paris pour le socialiser.

Avant de rencontrer Miel et Orel, ses voisins, devenus ses meilleurs potes.

Depuis, Carl s'éclate !

Car tous trois ont une passion commune : la glisse ! Et en milieu urbain, c'est du sport !

Miel est en rollers, Orel en skate, et Carl sur son fauteuil roulant, nommé Bernard, et customisé avec soin.

- T'es vraiment courageux ! souffle Mehdi. Tu fais du sport, tout ça, c'est dingue !
- Mouais... Moi, je trouve ça normal. Le handicap, c'est une particularité, pas mon identité, ni ma personnalité.

Tome 2 - En mode rebelle

Ensemble, ils vont au collège, attribuent des surnoms aux profs, mais surtout se retrouvent au skate-park, ou mieux, dans La Planque ! Un hangar abandonné découvert grâce à Oumtiti et dont Carl rêve de recouvrir les murs de ses graff'.

Le jour où il est enfin prêt, bombe à la main et pression sous le doigt, il surprend une conversation : le hangar va être vendu !

Carl Orel et Miel veulent le garder.

Mais il ne suffit pas de le vouloir, et pour le pouvoir, ils apprennent à construire et mûrir un projet pour une rébellion toute en légalité !

Et pour ce faire, ils peuvent compter sur de nombreux soutiens, des plus inattendus aux plus incroyables !

Personne s'imagine que le sauvage qui a peint le mur du fond, c'est le même que le pauvre type bloqué sur son fauteuil. Pour beaucoup de gens, un handicapé ne peut pas être rebelle ou hors la loi, c'est incompatible.

Carl n'est pas le seul à profiter des effets bénéfiques de ce changement de vie. Sa grand-mère Lilith, autrefois si acariâtre, s'est ouverte et passe beaucoup de temps avec son petit-fils et ses amis. Et elle aussi a développé un projet : " le programme culturel immersif ", version classique. Et c'est ainsi qu'elle emmène le trio au musée, à la bibliothèque, à l'opéra même (j'ai adoré ce passage, ! Eh oui, la publicité peut avoir des vertus cachées !)... Et eux de lui rendre la pareille, version moderne.

J'avais adoré le premier tome (qui inaugure la nouvelle collection : "les romans graphiques"), aussi ai-je été ravie de retrouver les trois amis.

Ce deuxième tome m'a tout autant plu.

Malgré quelques poncifs (l'image rendue des profs au collège, un peu contrebalancée à la fin), le roman aborde des thèmes forts, actuels et positifs : l'amitié, la tolérance et le respect, un handicap non restreignant (sans en occulter les difficultés), l'humour, la complémentarité de la culture classique et de la culture populaire, le besoin de transmissions intergénérationnelles et sociales, la nécessité de construire des projets pour avancer dans la vie, un environnement urbain qui se végétalise et qui privilégie le tissu social et local (avec une petite satire bien placée).

A l'image du vert pétaradant de sa couverture toute lisse, le récit est dynamique et débordant d'énergie galvanisatrice.

Le phrasé est celui qu'on attend et retranscrit préoccupations et distractions des collégiens. Cela se reflète dans le texte qui adopte plusieurs grosseurs et graphies, avec onomatopées et bulles, dessins en cases ou non...

J'ai hâte de découvrir la concrétisation de leur projet dans le troisième (et dernier) tome, à paraître le 13 octobre 2020.