C'est lundi, que lisez-vous? #307 et retours de lectures juillettistes

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

C'est lundi, que lisez-vous? #307 et retours de lectures juillettistes

Retour de vacances et retours de lectures. L'un ne va pas sans l'autre! Cette année, je me suis lancée un petit défi pour l'été pour faire baisser ma PAL: lire un livre par jour. Je n'y suis pas totalement parvenue mais j'ai enfin sorti de ses profondeurs des livres qui m'ont chacun embarquée, amusée, distraite, marquée, au-travers de thématiques qui me sont chères.

Les voici donc:

ALBUMS

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J'aime beaucoup ce genre de d'albums qui même Art et jeu. Celui-ci nous permet de découvrir des peintures, de différentes époques et destinations, et nous invite à les observer attentivement grâce à un cherche-et-trouve.

Vingt tableaux et plus de 400 détails à retrouver, tel est le défi à relever, pas toujours évident mais toujours intéressant. Les dernières pages regroupent les solutions ainsi que quelques explications pour chacun des tableaux, j'aime!

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Au-travers de ses rêves, Marcel le Chimpanzé peut être tout ce qu'il veut et désire. Sa taille, sa timidité ne sont plus des obstacles et ainsi s'offrent à lui tout plein de possibles.

Au gré des pages défilent des tableaux dans lesquels nous retrouvons Marcel qui chante, qui est artiste, qui vit des aventures palpitantes ou effrayantes... Chaque tableau fait des clins d'œil à des œuvres connues, à des personnalités, chacun est empli de détails rigolos, incongrus...

Comme les autres albums avec Marcel, celui-ci est une belle réussite à plusieurs lectures qui nous encourage à toujours rêver!

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Ogresse, cette femme ne l'a pas toujours été. Pour autant, elle n'a pas toujours été gentille ça non. Même tout l'inverse... Mais croquer un enfant, elle n'avait pas encore osé. Et c'est ainsi qu'elle se mit en recherche d'un marmot à croquer, mais toujours ceux qu'elle croisait ne faisaient pas l'affaire pour une raison ou une autre. Son comportement intrigua, effraya, et d'enfants, elle ne vit plus. Mais bien sûr, à arpenter le pays le ventre vide, la femme alla en maigrissant et en ayant un appétit de plus en plus grand... Mais seulement pour un enfant. Jusqu'à ce qu'un jour, le bambin le plus parfait qui soit se trouva sur son chemin... Un enfant à croquer...

J'ai beaucoup aimé cette histoire aux mots riches et recherchés et qui font des jeux. Le graphisme est un véritable parti-pris, très intéressant à défaut d'être beau, qui mêle plusieurs techniques et qui font des clins d'œil à des ailleurs, des artistes ou d'autres époques.

ROMANS JEUNESSE

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Albert Leminot est un garçon très curieux. Surtout lorsqu'on l'empêche de l'assouvir. Alors forcément cette porte constamment fermée à clé chez sa grand-mère, cela l'intrigue, le questionne et lui donne vraiment envie de découvrir ce qu'il se cache dans ce cagibi devenu le bureau de son grand-père, aujourd'hui décédé... Lorsqu'il parvient à y entrer, il découvre des indices sur la disparition mystérieuse de son oncle Toussaint, survenue il y a fort longtemps.

George Foveau nous emmène à Marseille, dans les rues du quartier du Panier, aux côtés d'Albert qui doit écrire une rédaction pendant les vacances et qui cherche un sujet. Cette découverte semble parfaite pour initier sa rédaction et faire une enquête mais elle n'est pas sans dangers. Physiques mais aussi émotionnels puisqu'elle met à mal son amitié avec Maî Lin. Le comportement de cette dernière semblant bien suspect aux yeux d'Albert...

Un petit polar très sympathique sur les secrets de famille, quelques coutumes chinoises et les apparences, souvent trompeuses! Au-delà, il nous fait arpenter le Panier, célèbre le pouvoir des mots et des livres, comme celui de l'amitié.

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Sarah Bernhardt, ce nom nous dit forcément quelque chose à tous. Parce qu'elle a été une grande actrice, parce qu'elle fut la muse de Mucha ou parce qu'elle a été un soutien important d'Edmond Rostand avant le succès (qu'elle a cependant fortuitement permis) de Cyrano de Bergerac. Son nom ne nous est pas inconnu!

Pourtant, nous ne connaissons pas toujours sa vie et donc ses détails intimes. En tout cas, cela vaut pour moi. Aussi, je suis ravie de l'avoir découverte dans cette biographie romancée, courte certes (et donc qui va parfois un peu vite) mais qui dit l'essentiel et surtout nous rend curieux d'en apprendre davantage sur ce personnage et cette femme, qui, enfant, voulait devenir nonne pour compenser le peu d'amour maternel, qui fit de "quand même" sa devise, qui avait un caractère tempétueux, qui fut éprise d'indépendance, qui parcourut le monde et surtout les Etats-Unis, devenant ainsi la première star internationale avec autographes et publicités, qui se vit amputée d'une jambe sans que cela ne la bride et qui fut qualifiée de plusieurs surnoms à sa mesure!

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Dans un récit épistolaire et à compte-à-rebours, Catherine Cuenca nous décrit les jours qui ont précédé le largage de la bombe atomique sur Hiroshima.

Par la voix d'Akira qui écrit à son frère Kei, nous découvrons les camps d'internement dans lequel les Japonais et leurs enfants émigrés aux Etats-Unis ont été parqués, tandis que les Nisei, les soldats américains d'origine japonaise, combattent les Japonais.

Dans le même temps, Hanako écrit à son frère Harada, pilote dans l'armée impériale, qu'il se raconte que les Américains travaillent sur une nouvelle arme, effroyablement destructrice.

Ils ne le savent pas encore, mais leurs destins vont se lier, bien au-delà de la guerre.

Catherine Cuenca écrit les évènements comme ils se sont passés d'une manière romancée. Elle nous offre aussi une autre conclusion, et si cela ne s'était pas déroulé ainsi, que serait-il advenu? Son récit est parfaitement plausible, déconstruisant une haine au profit d'une autre.

L'écriture est douce et empathique et l'on ne peut qu'être attaché à ces personnages, compatir à leurs sorts et dilemmes (combattre ceux de la terre de leurs parents, pays dans lequel ils ont parfois été envoyés pour ne pas oublier leurs racines). Sa fin est certes triste mais aussi apaisante.

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Ana est en vacances chez ses grands-parents affectueusement nommés Jep et Jem. Malheureusement, son grand-père fait une crise cardiaque et est hospitalisé. Ana ne s'alimente plus, elle n'arrive plus à manger. Le médecin détecte en son ventre des toiles d'araignée qui s'étendent... Pour lutter contre elles, Ana va de questions en questions, se remémore des mots et des attitudes, et, surtout, elle va devoir faire face au passé de son grand-père et à celui de sa famille, une histoire dans la tourmente de l'Histoire...

Par le biais d'une narration imagée faite de métaphores et d'onirismes, Anouk Bloch-Henry nous parle du fracas de l'Histoire sur les familles, des secrets terribles qu'Elle engendre et qui se transmettent, insidieusement gangrenant les générations suivantes.

Un roman court, sensible et subtil mais qui percute, et qui aborde (sans la nommer) la notion de l'épigénétique (transmission des traumatismes par les gènes).

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Momo habite la cité des Bleuets, a de nombreux frères et sœurs et à la fin de l'été, il rentrera au collège. Pour ce faire, il a une liste de livres à lire, qu'il connaît par cœur. Il sait combien les mots et les livres sont précieux. Aussi va-t-il au bout de la cité, sur la butte où se trouve un banc pour trouver du calme et lire en toute sérénité. C'est là qu'il trouve un beau jour, un vieil homme, Monsieur Edouard, qui lit et qui lui parle en employant des termes un peu compliqués mais qui réjouissent Momo. De là, naît entre eux une improbable et incroyable amitié.

Dans le même temps et avec l'aide de sa sœur, Momo s'inscrit à la bibliothèque municipale et fait la connaissance de Souad qui conduit le bibliobus qui vient tous les mercredis dans la cité.

Momo des Bleuets, c'est une histoire de livres, de pouvoir et d'évasion par la lecture d'amitié et de relation transgénérationnelle. C'est une aussi une histoire de concrétisation, de volonté et de possibles dans un quotidien plutôt difficile, restreignant, terne et sans couleurs.

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Tom est un garçon qui a un je-ne-sais-quoi de différent et est élevé seul par sa mère. Un jour, à la bibliothèque, alors que sa mère est partie dans le rayon des romances, la bibliothécaire lui remet entre les mains un très vieux livre de contes pioché dans la Réserve. Une seule consigne, le refermer à clé après chaque lecture, qu'il ait fini ou non sa page, le chapitre ou le livre. Il ne doit jamais le laisser ouvert... Ce qui, bien sûr, arrive...

De Carole Martinez, j'avais profondément aimé Le Cœur Cousu (que j'aimerais relire), une histoire difficile mais si délicatement écrite avec ses phrases-bijoux et ses mots-poèmes qui transportent... J'étais donc curieuse de découvrir ce conte (car présenté comme tel) à destination de la "jeunesse".

Carole Martinez floute les frontière entre contes et réalité pour nous livrer un récit polyphonique et onirique sur les secrets, la filiation, le courage et les rêves. Alambiqué tout du long, il fait sens à la fin. Et c'est beau! Les illustrations sont surtout sombres, aux traits épais en noir et blanc, pour un rendu grisâtre qui offrent une atmosphère, à mon sens, oppressante.

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Anna. Journal d'un cygne - Tome 5 - Tous en scène! Sandrine BEAU. Editions playBac, septembre 2019

Le précédent tome s'était achevé avec la perte des nouvelles pointes d'Anna pour les représentations à venir de l'Ecole Impériale de Ballet où des représentants du Bolchoï de Moscou seront présents. Anna est sûre qu'il s'agit d'un nouveau mauvais coup des PEST, cette bande de quatre filles qui l'harcèlent depuis le début de l'année. Pour autant, Anna ne baisse pas les bras et ses cours particuliers avec le directeur se passent de mieux en mieux, et l'un se déroule même dans un décor totalement inattendu qui l'aide énormément.

Et quand vient le moment des démonstrations de danse, Anna est sereine.

Comme j'aime cette série dans laquelle Sandrine Beau nous permet de découvrir Anna Pavlova, alors jeune fille russe de 10 ans qui rêve de faire de la danse et qui voit son rêve se concrétiser lorsqu'elle intègre la prestigieuse Ecole Impériale de Ballet de Saint-Pétersbourg.

Elle la fait parler au moyen d'un journal intime qui nous retranscrit quasiment au jour le jour ses joies et ses peines, ses doutes et espoirs, ses relations avec les autres élèves, les professeurs, avec sa Maman aussi. Des émotions toujours très actuelles et attitude positive malgré les difficultés rencontrées, pour aller de l'avant, pour oser, pour avoir confiance en soi et en ses ami(e)s, des amitiés qui encouragent et galvanisent.

Chaque tome se termine sur une double page documentaire, et j'aime beaucoup, d'autant que je ne connaissais pas cette Ballerine avant. C'est un excellent moyen pour conjuguer plaisir de la lecture, découverte d'un destin et d'un modèle.

Pour découvrir les précédents tomes: CLIC

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Tobie Lolness - Tome 1 - La vie suspendue. Timothée de FOMBELLE. Gallimard Jeunesse, janvier 2011

Tobie Lolness est un garçon de treize ans, dont nous faisons la connaissance alors qu'il est en fuite. Au long des chapitres qui racontent le présent et le passé, nous apprenons à découvrir qui il est, où il habite, pourquoi et ce qu'il fuit.

Tobie Lolness n'est pas un garçon ordinaire. Il mesure un millimètre et demi, une taille normale dans son monde. Il habite sur un chêne. Les creux dans l'écorce, les branches, la pluie qui tombe à grosses gouttes ou qui descend en rigoles le long du tronc, qui forme des lacs, les feuilles, les boules de gui, la cime ou les premières branches, composent son monde, son environnement.

Donc Tobie fuit. Il fuit car son père, Sim a fait une découverte à double-tranchant qu'il refuse de révéler car il a compris combien son invention pouvait être détournée de manière néfaste pour l'Arbre et ses habitants. Scientifique, il essaie de faire comprendre aux autres que l'Arbre est une entité vivante, fragile et qu'il faut en prendre soin. Et qu'ils font partie d'un Tout qui ne se limite pas à l'Arbre. Chemin faisant, Tobie va découvrir qui sont ses amis, le sont devenus, ne le sont plus, il va découvrir que la peur ou la peur de la peur est un moteur puissant pour se dépasser soi-même ou au contraire, contraindre.

Timothée de Fombelle nous entraîne dans un roman d'apprentissage qui entremêle aventure et écologie, et qui se dévore! Il a créé toute une société. Ainsi découvre-t-on sa hiérarchie sociale, ses valeurs, ses croyances, ses craintes, les différents dangers, les ambitions dévorantes de certains, les comportements humains dans toute leur diversité, les théories quant à la nature de ces "Hommes" et à celle de l'Arbre.. Bien sûr, elle n'est que reflet de la nôtre et il est intéressant de voir comment l'auteur l'a transposée. Je trouve cela fabuleux. Et il y a son écriture, empreinte de poésie, de clins d'œil... A de nombreuses reprises, Tobie, contraint à prendre des risques pour ce sortir de mauvais pas ou menaces, s'attache au sens des mots pour se tirer d'affaire, voire même sauver sa vie.

Il me reste à lire la suite, Les yeux d'Elisha. Tobie, qui avait sauvé a vie en arrivant chez les Pelés, doit retourner chez lui. Un chez lui qui lui semble bien terrifiant d'après les dires de Pol Colleen...

ROMAN ADO

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Comme une chaleur de feu de camp. Amélie PANNETON. Editions Alice Jeunesse, collection "Tertio", mai 2020

Emmanuelle, 15 ans, aime la natation, est une grande solitaire et a une piètre opinion d'elle-même.

Elle, d'ordinaire si réservée, empêche un soir Matthieu, l'assistant du maître-nageur, d'agresser sexuellement une fille dans les vestiaires de la piscine. Bien qu'elle ne l'ébruite pas, cela opère en elle un changement.

Et puis il y a Thomas, le nouveau voisin, qui est venu sonner chez elle et qui l'a invitée à venir à son party autour d'un feu de camp. Elle y fait la connaissance de Derek, avec qui l'amitié est directe. Tous les matins, Thomas partage avec elle la banquette de bus scolaire et l'un de ses écouteurs pour lui faire connaître la musique country.

Emmanuelle s'ouvre, partage, découvre, aime... Mais ses doutes et questionnements intérieurs l'assaillent, d'autant que Thomas est le petit frère de Mathieu, et que de ce dernier, ils ne parlent jamais. Pourquoi? Par pudeur? Et il a un drôle de comportement avec elle à l'école.

Cette fin de printemps et cet été vont être pour Emmanuelle un tournant, de celui qu'on ne peut oublier, qui fait un avant et un après.

J'ai profondément aimé ce roman qui nous emmène au Québec. Je me suis régalée des expressions et tics de langage, qui m'ont vraiment transportée auprès d'Emmanuelle.

Amélie Panneton signe ici un riche roman d'apprentissage sur la complexité des relations humaines au-travers de nombreux thèmes sensibles et universels: mal-être adolescent, la famille, son unité mais aussi l'unicité de chacun de ses membres, amour et rupture, vraie et fausse amitié, préjugés et secrets, burnout, l'abus de pouvoir, la compétition, la responsabilité, les différents types de silences, être bien avec et en soi pour pouvoir l'être avec les autres, l'écoute et l'empathie, ...

ROMANS

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Juliette mène une vie trépidante entre son métier qu'elle adore et ses nombreux déplacements, ses amies qu'elle affectionne et son compagnon Benjamin. Elle mène même une double vie en entretenant une liaison avec Lucas, rencontré lors d'une réunion de travail. Avec Lucas, c'est la passion, la folie, constamment l'imprévu, la surprise, avec lui, elle se sent vivre, revivre... Elle est prise dans un tourbillon qui la galvanise mais qui l'épuise et l'aveugle.

Le "réveil" est brutal: Lucas lui pose un lapin à la gare de Lyon alors qu'ils doivent tous deux passer un merveilleux week-end dans le Sud. Juliette y va seule et décide de profiter de ce qui était initialement prévu. Bien sûr, elle passe par toutes sortes d'émotions fortes et contraires: la honte, la peur, l'inquiétude, la colère, le dégoût. Et aussi, quelque part... le soulagement. Ce qui lui semblait atroce, inconcevable s'adoucit au fil de rencontres qui lui permettent de se centrer sur elle-même, de faire le point sur sa vie, ses envies, ses désirs, ce qu'elle veut et ne veut plus.

La folie douce est un page turner et feel-good, un brin initiatique. Juliette est une femme attachante, bien qu'un peu lisse peut-être, et dont il est aisé de ressentir les émotions. Avec elle, on apprend à ralentir, à observer, à apprécier, à découvrir, à prendre le temps, à lâcher-prise et à s'écouter. Des notions en vogue certes mais finalement si nécessaires.

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Lara est mariée à Robert, est professeure de piano au Conservatoire et reçoit aussi quelques élèves chez elle. Chez eux, habite aussi sa maman Sofia qui a quitté la Russie alors qu'elle était enceinte.

Lara désire un enfant mais aucune grossesse n'a pu être menée à son terme. Aussi quand celle-ci s'interrompt brutalement et beaucoup trop tôt mais que l'enfant vit, Lara s'attache-t-elle, se dédie-t-elle toute entière à ce petit être... A ce prodige de la vie nommé Maya...

Maya que nous retrouvons pleine de vie, de candeur et de curiosité à ses dix ans. Et prodige au piano. Elle est virtuose, perfection, excellence et renvoie à Lara ce qu'elle n'est pas, n'a pas été et ne sera jamais. Elle incarne les espoirs déçus et les nouveaux portés.

Sous-titré " Polyphonie", ce roman fait parler tour à tour ses personnages sans interlude narratif ou descriptif. Tout est pensées, subjectivités et perspectives. Seule la voix de Lara nous décrit le passé, les premiers instants suspendus de Maya, la chambre blanc immaculé, les promesses énoncées, la transmission du souffle de vie. Un souffle que l'on sent faillir, s'estomper au gré des voix des autres personnages. Qu'on les croise une fois ou tout du long.

Prodige est un roman de femmes, de mères et de maternités, de couples, de transmission, sublimé par la musique qui semble s'échapper des pages.

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Par la voix de Janey, nous remontons le temps vers l'été de ses treize ans, et lorsque son frère, Jim Little, en avait cinq. Nous les trouvons dans leur maison au bord du lac, ce lac qui les attire jour après jour, qui leur permet de vivre mille aventures... Ce lac qui leur permet de s'évader aussi. Janey petite maman de son frère qui recherche tant l'amour et la reconnaissance maternels. Car leurs parents ne s'occupent guère d'eux. Leur père est entièrement dévoué à leur mère qui passent ses journées à dormir, à récupérer de ses soirées festives où se bousculent nombres d'invités et de voisins, où l'alcool coule à flots, Janey devant remplir le verre de sa mère (elle seule saurait d'ailleurs le faire comme il se doit)...

Habitudes délétères, circonstances qui permettent aux dangers d'advenir... Page après page, on pressent un drame, on pressent son irrémédiabilité, rien n'est expressément dit, tout est ressenti. La temporalité est malmenée, les souvenirs s'entremêlent, le père se confie étrangement,comme s'il expliquait, comme s'il (s')excusait par avance...

Le dernier chapitre peut perdre le lecteur, il n'a pas la même teneur narrative. Il est froid, descriptif, maintient à distance tout en oppressant. Ainsi nous est raconté ce qui ne peut avoir de mots.

J'avais lu ce roman il y a longtemps et il m'avait fortement marquée. Pourtant,cette seconde lecture m'a permis de le redécouvrir. J'en avais occulté de nombreux pans, ne gardant en mémoire qu'une série d'évènements. Selon nos moments de lecture, celles-ci ne résonnent pas de la même façon. Aussi, malgré sa dureté, je suis contente de l'avoir relu.

Le comportement des parents m'a renvoyée au magnifique roman d'Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles.

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Monsieur Linh a dû quitter son village, son pays, ses racines. Il a fui, non pour sa vie, mais pour sa petite fille. Il est arrivé par bateau dans ce pays inconnu, dont il ne parle pas la langue, où tout est différent. Monsieur Linh est un vieil homme frêle mais déterminé. Chaque jour se ressemble avec les moqueries de ceux qui partagent sa chambre, jusqu'à ce qu'il rencontre un gros homme, sur un banc qui fait face à l'entrée d'un parc. Là, un but se dessine, une envie s'affirme. Une improbable amitié naît. Une amitié faite de différences et de respect, de souffrances qui s'expriment sans mots et font se rejoindre les cœurs. Car aucun ne comprend ce que l'autre dit. Et pourtant, ils se retrouvent et partagent. Et dans les bras de Monsieur Linh, sa petite fille, celle pour qui il tient. Une enfant si sage, si mutique, si douce aussi.

La petite fille de Monsieur Linh est un roman sensible et troublant. Avec pudeur et délicatesse, Philippe Claudel parle du déracinement, de la perte, des morts qu'on laisse derrière soi, des espoirs déçus, de ce qui permet de tenir, de survivre et peu à peu, de revivre.

C'est un roman éminement humain et ses multiples comportements. Ce que l'Homme fait pour l'Homme, contre Lui, en pensant faire son bien... J'ai eu mal pour Monsieur Linh pour ce qu'il avait traversé et devait encore traverser. La fin prend au cœur et nous interroge sur notre humanité.

BD

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Un peu de tarte aux épinards. Tome 1 - Bons baisers de Machy. Casado et Pelaez. Editions Casterman, 2018

Marie-Madeleine Madac Miremont a beaucoup de M dans son nom, beaucoup de bouches à nourrir mais pas vraiment de sous en poche. Son mari s'est fait la belle et ne lui reste qu'un champ d'épinards. Epinards qu'elle met dans ses tartes qu'elle set à table et qu'elle vend au marché.

Un jour, un livreur lui remet un paquet venu de loin contenant de l'herbe... Une herbe qu'elle goûte et intègre finalement dans ses tartes... qui deviennent célèbres grâce au soutien fort imprévu du Député Matemale venu sur le marché pour sa campagne électorale.

Mais cette publicité est à double-tranchant...

Album découvert chez Noukette, je m'étais régalée à lire son article et sa lecture m'a grandement plu. Car c'est vraiment drôle! Il y a de l'action, des répliques géniales, des références, le phrasé de Marie-Madeleine et de sa famille est très bourru et campagnard, et on l'imagine très bien à mille lieux des combines du monde. En cela, les magouilles du député et sa suffisance politique offrent un délicieux contraste. Et que dire des méchants (car oui, il y en a) et du livreur qui crie à sa façon très frangliche le slogan de son entreprise. Pour accompagner ce joyeux scénario, le dessin est rond et dynamique.

Bref, je me suis régalée et j'ai hâte de dévorer le deuxième tome!

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

C'est lundi, que lisez-vous? #307 et retours de lectures juillettistes

Présentation de l'éditeur: Un mariage : quelle meilleure occasion d'exprimer sa joie, son amitié, son amour ? Sa joie ? Son amitié et son amour ? Pas si sûr. Et d'abord, pourquoi un garçon qui vient d'avoir son bac se marierait-il ? Comment ses amis et ses parents réagissent-ils à cette décision aussi soudaine que mystérieuse ? Chacun, à tour de rôle, parle de Thibault. Mais, au final, le connaissent-ils vraiment ? Drôles de noces... 3/ Que vais-je lire ensuite?

C'est lundi, que lisez-vous? #307 et retours de lectures juillettistes

Présentation de l'éditeur: Si l'Irlande est l'enfer, Brooklyn est son antichambre. La Grande Dépression, le chômage, la mort d'une fillette ont fait retraverser l'Atlantique aux McCourt. Frank a quatre ans et ne connaît de Limerick que les chants joyeux de sa mère. Il ignore encore la faim, le froid, les puces, le chapardage et la mendicité. Et la pluie, partout, toujours, insinuante, comme le poids du péché. Balade au cœur d'une enfance irlandaise, au temps des cendres que viendront bientôt chasser les rayons du soleil.