La cave aux poupées est un roman que j’aimerais conseiller à tous car c’est un petit bijou. Mais voilà, le bijou est noir, très noir et contient largement de quoi heurter les lecteurs les plus sensibles. Il est donc à consommer sans modération mais seulement par un public averti.
Derrière son sourire radieux affiché sur les réseaux sociaux se cache une auteure de grand talent qui n’hésite pas à explorer ce qu’il y a de plus abjecte dans notre espèce. Mais ne traitez surtout pas Magali Collet de psychopathe car si vous en êtes arrivé à cette conclusion c’est que vous avez lu son livre et si vous l’avez lu jusqu’au bout c’est forcément parce que vous l’avez aimé, ce qui fait de vous son ou sa complice.
A l’image des Démoniaques de Mattias Köping, Magali Collet nous livre une histoire absolument monstrueuse mais totalement réaliste si l’on considère que des Affaires Dutroux ou Kampusch puissent exister. Ici la fiction ne cherche pas à dépasser la réalité mais à faire jaillir des sentiments extrêmes en proposant de pénétrer dans l’antre du diable.
Préparer le repas, même le petit déjeuner, était quelque chose qui me calmait et me donnait du bonheur. Et le bonheur, fallait le prendre dès qu’on le voyait pointer le bout de son nez parce qu’il restait jamais assez longtemps pour qu’on puisse le mettre en boite, pour sûr.
Dans la maison de l’horreur de Magali, il y a des poupées dans la cave ou, pour dire les choses de manière moins poétique, des jeunes filles enlevées et séquestrées pour servir de divertissement au père qui vit à l’étage avec sa fille, Manon. Tour à tour victime et complice, Manon fait tourner la maison en assurant la logistique : ménage, préparation des repas et des filles. Sa vie n’est qu’une suite de sévices et de corvées et jamais il ne viendrait à l’idée de la jeune fille qu’il puisse en être autrement. Alors les filles qui geignent dans la cave et tentent de se rebeller et de se soustraire à leur sort, ça ne l’émeut pas plus que ça. Quand on n’a connu que l’enfer, difficile d’avoir des rêves, des aspirations et des projets.
Dès les premières lignes de La cave aux poupées, le lecteur est happé par cette atmosphère oppressante. C’est par les mots maladroits de Manon, jeune fille illettrée et livrée à elle-même depuis le décès de sa mère, que l’on découvre cette histoire. L’écriture est très habile et le procédé narratif marche à la perfection, le style est immersif et totalement addictif. C’est le genre de bouquin qui se lit d’une traite, sauf si vous avez besoin de faire des pauses parce que la nausée vous gagne.
C’est toujours terrible à dire quand il s’agit d’un livre aussi noir mais j’ai eu un gros coup de cœur pour ce huis-clos glaçant livré d’une main de maître.
L’ESSENTIEL
La cave aux poupées
Magali COLLET
Editions Taurnada
Sorti en GF le 19/03/2020
211 pages
Genre : thriller très noir
Personnages : Manon, son père et les filles
Plaisir de lecture :
Recommandation : oui mais seulement si vous pouvez lire l’insoutenable
Lectures complémentaires : Les démoniaques et Le Manufacturier de Mattias Köping, Mon territoire de Tess Sharpe, My absolute darling de Gabriel Tallent
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Manon n’est pas une fille comme les autres, ça, elle le sait depuis son plus jeune âge. En effet, une fille normale ne passe pas ses journées à regarder la vraie vie à la télé. Une fille normale ne compte pas les jours qui la séparent de la prochaine raclée monumentale… Mais, par-dessus tout, une fille normale n’aide pas son père à garder une adolescente prisonnière dans la cave de la maison.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
Une fois n’est pas coutume, je vais réutiliser les 3 raisons de et de ne pas d’un autre livre (Les démoniaques) car elles collent parfaitement à celui-ci également
3 raisons de lire La cave aux poupées
- Si vous cherchez un livre qui vous prendra vraiment aux tripes
- Si vous n’avez encore jamais fait l’expérience d’un livre que vous détestez adorer
- Si vous voulez vous extraire des codes classiques du thriller
3 raisons de ne pas lire La cave aux poupées
- Je n’en vois qu’une : si vous n’avez pas le coeur assez accroché ou l’envie de lire de réelles saloperies
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