The Expanse T6 : Les Cendres de Babylon, de James S.A. Corey, traduit de l’anglais (États-Unis) par Yannis Urano, Actes Sud, « Exofictions », 2019 (VO : 2016), 608 pages.
L’histoire
La révolution qui sévit depuis des générations a commencé dans le feu. Elle finira dans le sang. La Flotte libre – un groupe de Ceinturiens versé dans le trafic de vaisseaux militaires – a fait subir des revers à la Terre et mène une violente campagne de piraterie au sein des planètes extérieures contre les vaisseaux colons. James Holden et son équipage connaissent mieux que personne les forces et les faiblesses de cette armée. Dépassés en nombre et sous-armés, les restes des anciennes forces politiques font appel au Rossinante pour mener la mission de la dernière chance.
Note : 4 sur 5.
Mon humble avis
Des éléments d’intrigue des tomes précédents vont être évoqués dans cette chronique donc si vous souhaitez garder la surprise, vous pouvez aller jeter un œil aux chroniques des tomes précédents.
C’est le premier tome de The Expanse pour lequel je ne suis pas entièrement convaincue. Je ne l’ai pas trouvé mauvais et j’ai tout de même passé un bon moment de lecture mais c’est jusqu’ici le tome que j’ai le moins apprécié. Il me semble que cela tient au rythme du livre : d’ordinaire dans un tome les auteurs nous présentent les points de vue de cinq personnages (me semble-t-il), à tour de rôle (sans compter les prologue et épilogue qui sont souvent du point de vu d’un autre personnage). Les cendres de Babylone nous présente les visions de plus de dix personnages différents, certains ayant un chapitre et d’autres beaucoup plus. Cela a l’avantage de nous donner une idée de la situation à travers tout l’univers de The Expanse et permet de mieux comprendre les répercutions de la (quasi) destruction de la Terre dans le tome précédent. On retrouve même des personnages croisés précédemment dans la saga et j’ai trouvé ça très intéressant de découvrir ce qu’iels sont devenus.
Le contre-point est que tous ces points de vu ralentissent l’intrigue puisqu’ils laissent place à beaucoup d’exposition pour comprendre tout ce qui se passe du côté politique, sanitaire et même émotionnel. C’est donc en partie justifié il me semble, mais il n’empêche que dans les faits, il ne se passe pas grand chose dans la première moitié du roman, puis tout s’accélère d’un coup.
Une chose très positive amenée par tous ces points de vu en revanche, est la diversité des personnages : jusqu’ici nous avions une majorité de points de vu d’hommes (je n’ai pas compté mais je me suis fait la réflexion à presque chaque tome), ici j’ai l’impression que l’équilibre est retrouvé, voire contrebalancé. En terme de genre comme de personnes racisées d’ailleurs. J’ai aussi eu un gros coup de cœur pour le personnage de Michio Pa qu’on retrouve sous un angle assez différent. J’ai l’habitude de considérer l’équipage du Rocinante comme une famille mais pour l’équipage du capitaine Pa, cela devient littéral puisqu’iels sont mariés à sept ou huit dans une relation polyamoureuse assez extraordinaire.
“You don’t think it’s right?”
“I don’t know if that matters. I mean, Marco does what he thinks is right. And Dawes. And Earth. All of them do what they think is right, and tell themselves that they’re moral people with the strength to do the necessary things, however terrible they seem at the time. Every atrocity that has been done to us had someone behind it who thought what they did was justified. And here I am. A moral person with the strength to do this. Because it’s justified.”
p. 154
Un point de détail que j’ai apprécié en terme de diversité : il y a un personnage non-binaire, dont on n’a pas le point de vu, mais plusieurs personnages différents utilisent le pronom neutre « they » pour faire référence à ellui et j’ai trouvé que c’était bien traité. Ce n’est pas expliqué, on n’insiste pas dessus, c’est tout à fait normal et personne ne pose de question.
Les actions de la Free Navy, avec Marcos Inaros a sa tête, continuent de perturber l’ensemble de la galaxie, et de s’aggraver, mais pas seulement pour les Terriens et Martiens, contrairement à ce qu’annoncent les belles paroles du leader charismatique. On savait à quel point il pouvait être manipulateur et toxique dans ses relations « amoureuses », tel qu’il l’a été avec Naomi, mais ce tome-ci montre à quel point sa toxicité s’étend dans ses propres rangs, et bien sûr avec son propre fils, en lui donnant quelques bonnes leçons de masculinité toxique.
As Filip turned, Marco shifted back to the monitor. His voice was soft as a sigh. “Crying and excuses are for girls, Filip.”
p. 304
Enfin, je ne peux pas chroniquer un tome de The Expanse sans parler un peu de l’équipage du Rocinante, qui grandit avec l’arrivée de Clarissa Mao, et un autre personnage (je n’en dis pas plus, même si on s’en doutait déjà à la fin du dernier tome). Bien sûr, la situation avec Clarissa est complexe, mais Amos, Alex, Jim et Naomi restent une famille bien soudée et savent faire de la place pour de nouvelles personnes qu’iels apprécient d’une manière ou d’une autre.
“Because he’s Amos. He’s like a pit bull. You know he could tear your throat out, but he’s loyal to a fault and you just want to hug him.”
p. 34
Comme d’habitude, je suis impatiente de retrouver ces personnages dans le prochain tome, et je ne doute pas que ce sera plus mouvementé et potentiellement plus intéressant que Les cendres de Babylone.