Titre : Betty

Auteure : Tiffany McDaniel ( Traduction : François Happe)

Date de parution : 20 août 2020

Editions : Gallmeister

Surnommée affectueusement «Petite Indienne» par son père, Betty est une fillette de sept ans qui grandit au sein d’une fratrie de huit enfants en plein cœur de l’Ohio. Née d’un père Cherokee et d’une mère blanche instable, l’enfant affronte chaque jour les humiliations et la haine liées à sa couleur de peau métissée.

C’est à travers les yeux de la jeune Betty que l’on va suivre la vie de cette famille américaine principalement dans les années 1960. L’argent se fait rare mais Landon, le père, travaille dur pour subvenir à leurs besoins.

Une aura incroyable se dégage de ce récit inspiré de la mère de l’auteure. 700 pages que j’ai dévorées, hypnotisée par la remarquable narration de Tiffany McDaniel.

J’ai été attendrie par l’amour qui se dégage de cette famille dysfonctionnelle, par les liens forts qui unissent ses frères et sœurs, bouleversée par les épreuves qui les frappent et captivée par la prose poétique de la romancière américaine.

Comment ne pas succomber à l’innocence et la force de cette jeune héroïne qui doit porter sur ses épaules un terrible fardeau? Comment ne pas s’attacher à ce père, ce pilier qui soutient de manière indéfectible ses enfants et leur enseigne la vie par le biais de ses histoires. Car Landon est un fabuleux conteur. Il nous envoûte avec ses légendes Cherokee, ses histoires fascinantes qu’il invente pour réconforter les siens, pour fuir la réalité parfois trop douloureuse à affronter.

Et la relation qui l’unit à Betty, à qui il transmet son héritage culturel, m’a particulièrement touchée.

«J’ai compris une chose à ce moment-là : non seulement Papa avait besoin que l’on croie à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d’y croire aussi. Croire aux étoiles pas encore mûres. Croire que les aigles sont capables de faire des choses extraordinaires. En fait, nous nous raccrochions comme des forcenées à l’espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvions-nous prétendre à une destinée autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées.»

Une enfance cruellement marquée par les traumatismes, empoisonnée par les secrets de famille. Des secrets que Betty préfère enterrer dans un bocal vide en espérant qu’ils disparaissent à tout jamais.

Une histoire triste et sombre mais aussi extrêmement belle et lumineuse. Un roman qui fera assurément partie de mes plus belles lectures de cette année avec une héroïne inoubliable.