Sublime royaume
Yaa Gyasi
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne Damour
Calmann-Lévy
19/08/2020
374 pages
Gifty, américaine d’origine ghanéenne est une jeune chercheuse en neurologie. Elle fait des expériences sur des souris pour étudier le fonctionnement du cerveau. Sa mère, qu’elle a accueillie chez elle, est atteinte de forte dépression, elle ne parle pas, reste allongée toute la journée, et se nourrit très peu.
C’est grâce à des allers et retours incessants entre le présent, le passé lointain et le passé plus proche que le lecteur va découvrir la raison pour laquelle la fille a choisi cette voie universitaire. L’addiction, thème central du roman, est le fil qui relie le métier de la fille à la maladie de la mère et la mort du frère.
La mère est profondément croyante et Gifty se pose de multiples questions quant à l’existence de Dieu, la pratique religieuse, et les liens entre son orientation professionnelle et son éducation religieuse.
Le pied planté entre deux manières de voir le monde, Gifty a du mal à se faire une place dans cette société américaine, avec ce racisme latent, présent en filigrane tout au long du texte.
J’avoue n’avoir pas suivi avec grand intérêt les innombrables moments passés au sein de la congrégation, au milieu des prières, et j’ai eu bien du mal à ne pas sauter certains passages. J’ai lu ce roman du bout des yeux, sans être vraiment captivée. Est-ce dû à l’écriture ? Aux situations répétitives ? Aux litanies de la mère concernant Dieu ? A cette narration à la première personne un peu trop lisse à mon goût qui relate des faits ou qui s’interroge sans laisser percer d’émotion ? Au milieu de tant de dépression, on se sent soi-même sans énergie, on suit sans plaisir mais sans déplaisir non plus les réflexions de cette jeune femme qui a bien du mal à communiquer avec sa mère, mais aussi avec son frère.
J’ai attendu son voyage au Ghana en me disant que cela allait apporter un peu de couleurs à l’ensemble, et je suis restée sur ma faim.
Il m’est très difficile de définir précisément les raisons de mon indifférence vis-à-vis de ce texte, l’incommunicabilité, un autre thème important du roman, m’a touchée de plein fouet.
J’avais beaucoup aimé No home, mais là, le charme n’a pas opéré. Je n’ai pas pu accéder au sublime royaume (même si j’ai apprécié certains passages). Quel dommage !
Merci à NetGalley aux éditions Calmann-Lévy pour l’envoi de ce texte.