1896, Nouveau-Coronado. Fils illégitime d’un influent propriétaire terrien, Azel fuit son destin, ballotté entre des origines indigènes qu’il renie et une famille qui ne l’accepte pas. Il a préféré rejoindre les montagnes, où il se contente de jouer les chasseurs de primes. Pourtant, loin des hauts plateaux, la menace d’une guerre se profile dans la péninsule : le Nord, véritable grenier à blé, estime être exploité par le Sud, plus industriel, qui dispose d’un accès à l’océan grâce au port de Carthagène. Lorsque Azel accepte à contrecœur d’accompagner un convoi d’indigènes décidés à quitter leurs anciennes terres pour le Grand Exil, le jeune homme est loin d’imaginer qu’il va lui-même se retrouver entraîné dans cette guerre civile… et tout ce qu’elle risque fort de réveiller.
Pourquoi ce livre ? J’avais reçu L’Empire du Léopard en SP par les éditions Critic. Quand j’ai su qu’une suite indépendante allait être publiée, je n’ai pas hésité une seule seconde en le prévoyant, à l’époque, dans mes futurs achats. Il n’aura pas fait non plus long feu dans ma PAL.
Je vous accorde que le terme indépendant colle parfaitement à cette suite, on retrouve des personnages du précédent volume mais l’intrigue, si elle se déroule dans le même décor de cette partie de l’empire, n’a rien à voir avec le premier opus. Cependant, des références, des éléments historiques clés, des personnages comme je le disais réapparaissent souvent ou ponctuent le récit. Et je pense sincèrement que si le livre peut plaire à tous, le plaisir ne sera que plus vif si on maîtrise pleinement l’univers de l’auteur, en ayant par conséquent lu les tomes dans l’ordre chronologique.
La Piste des cendres nous entraîne aux côtés d’Azel, un métis qui trouve difficilement sa place, parmi la communauté soumise des indigènes ou celle, dominatrice, des colons. A travers ses yeux, nous allons découvrir un monde de violence, de chevauchées, de religion destructrice et de soif de pouvoirs. Le récit est bien plus rythmé que dans L’Empire du Léopard et j’ai ressenti comme un soulagement de ne pas avoir eu les deux cents pages, lourdes de faits historiques (mais ô combien importantes pour avoir toutes les clés en mains) qui introduisent l’intrigue. Cette suite gagne ainsi en fluidité et j’ai été embarquée bien plus rapidement dans cette intrigue à l’odeur de poudre. D’ailleurs, à aucun moment je n’ai ressenti le moindre ennui. Le rythme me paraît donc bien plus régulier et c’était un plaisir que de se remettre à chaque fois dans cette intrigue. En revanche, et à l’inverse du volume précédent, je fus déçue que la fin ne soit pas plus violente, plus sanglante. La tension ne monte véritablement à aucun moment alors que j’aurais souhaité être scotchée devant le bouquin. La déception est donc présente, même si je considère ce roman comme très bon.
Petit bémol selon moi, beaucoup eurent le sentiment de voguer dans un western au cours de cette lecture et je dois dire qu’à aucun moment je n’ai perçu cette atmosphère. Les indigènes plantent pourtant le décor et les fusils confèrent une odeur et une violence équivalentes, mais un petit quelque chose m’a manquée pour que j’ai le sentiment d’être dans les pas d’un Eastwood ou d’un Fonda.
Les personnages m’ont tous convaincus et pour cela ça ressemble au premier volume. Ils sont cohérents, vrais, humains, avec leurs désirs, leurs craintes. Leur esprit de vengeance. Au final, c’est bien là l’enjeu de la plupart des volontés dans ce roman. Azel est probablement le personnage le plus marquant, malgré tous ceux hauts placés qui se bousculent au portillon. Par sa simplicité, sa force de volonté et sa détermination puis sa grandeur d’âme, il connaît une magnifique évolution. D’ailleurs, un rebondissement le concernant m’a pris par surprise et j’avoue que la chose est bien amenée par l’auteur, à aucun moment on pouvait comprendre ce parallélisme et revirement ! J’ai apprécié retrouver Artémis et Constance. Je dois avouer que je ne saurais dire s’ils sont plus présents dans ce tome que dans le précédent ou l’inverse, cela dit leur dualité est un excellent moteur à l’intrigue, et on ne saurait définir qui est le plus fou des deux dans leur esprit de vengeance. J’ai beaucoup aimé l’indigène Zuhaitza pour son esprit taquin et son comportement impulsif. Il était complexe d’extorquer le vrai du faux, c’est peut-être pour cette raison avant toutes les autres que je l’ai aimée, pour son cette imprévisibilité… Je regrette qu’un certain colonel n’apparaisse pas plus, même si je me doutais qu’on le reverrait avant la dernière page. Ca m’a suffi, surtout pour le message final !
La plume d’Emmanuel Chastellière est toujours intense. Elle manque peut-être parfois de fluidité mais je trouve que le style colle parfaitement à l’ambiance moite et à l’odeur de poudre. Il y a une touffeur entre les mots, une rage, une certaine beauté dans la quête de liberté.
Un bon moment de lecture. Le roman démarre en trombe avec la violence, une rage qui nous suit jusqu’à la fin. Le rythme est régulier mais manque de tension dans les derniers chapitres. Les personnages sont puissants, guidés par des objectifs parfois bénis, souvent malsains, qui renouvellent la dureté de l’univers. La plume est en harmonie avec cette intrigue hostile, où la recherche de liberté rime avec la quête de soi. J’ai préféré L’Empire du Léopard pour sa fin bien plus marquante mais ne vous y trompez pas, La Piste des cendres est excellent également !
15/20
Les autres titres de la saga :
1. L'Empire du Léopard
2. La Piste des cendres
- saga terminée -