On ne sait pas où, on ne sait pas quand, on ne sait pas pourquoi, mais on sait qui. Garri, Emmett, Jamarr et Saul vivaient depuis des années emprisonnés dans un camp dont les portes se sont ouvertes récemment. Maintenant que plus rien ne les retient, ils ont décidé de partir à pied vers les plaines du Nord-Est. Là-bas, la vie sera forcément moins difficile : " Si tu as connu les plaines du Nord-Est comme elles l'étaient à l'époque, alors forcément, tu as envie d'y retourner [...]. Et il n'y a pas un autre endroit où tu as plus envie d'aller que celui-là. D'ailleurs tu te poses même pas la question d'aller ailleurs que là. "
Dans le quatuor, Garri est le meneur. Jamarr, grand costaud un brin colérique rabroue souvent Emmett, le jeunot simple d'esprit tandis que Saul le poète muet suit la troupe en silence. En chemin, ils vont croiser la route de rares villageois isolés. Leurs pas vont les mener aux pieds d'imposantes montagnes dont l'ombre menaçante ne suffira pas à les décourager. Après nombre d'obstacles, de rencontres, de drames et de situations compliquées, les marcheurs parviendront à leurs fins. Et si la terre promise ne tiendra pas forcément ses promesses, les efforts communs produits pour mener à bien leur projet renforceront leurs liens et leur part d'humanité.
Un roman où il faut accepter de se laisser prendre par la main sans se poser de questions. Une fois encore, la sobriété de l'écriture d'Antoine Choplin fait mouche, tout en pudeur et en retenue. Une fois encore la tendresse et l'affection qu'il porte à ses personnages touchent en plein coeur.
Un roman aux accents parfois contemplatifs qui interroge sur l'exil. Un roman plein d'altruisme et de fraternité qui, comme dans le superbe " La nuit tombée", insiste sur l'importance de l'amitié et de l'entraide pour survivre au chaos.
Nord-Est d'Antoine Choplin. La fosse aux ours, 2020. 200 pages. 18,00 euros.
Une lecture commune que j'ai l'immense plaisir de partager avec Noukette (y avait longtemps !)