Editeur : RageotNombre de pages : 1158 pour l’intégrale
Résumé : Seule survivante d’un groupe de pionniers après l’attaque de Raïs, au nord de l’Empire, une fillette est recueillie par le peuple des Petits. Elle grandit dans la Forêt Maison à l’écart des hommes et décide, à l’adolescence, de partir en quête de ses origines. Sous le nom d’Ellana, elle croise le plus grand des marchombres, le maître Jilano Alhuïn, qui l’initie aux secrets de sa guilde. Son apprentissage est semé d’embûches, de rencontres et d’inimitiés ...
- Un petit extrait -
« Les hommes sont comme les nuages. Ils sont chassés en avant par un vent mystérieux et invisible face auquel ils sont impuissants. Ils croient maitriser leur route et se moquent de la faiblesse des nuages, mais leur vent à eux est mille fois plus fort que celui qui souffle là-haut. »- Mon avis sur le livre -
Certains livres peuvent changer une vie, façonner une existence entière. A leur manière, il ne fait aucun doute que les ouvrages de Pierre Bottero ont fait de moi celle que je suis aujourd’hui. J’ai effectué mon premier pas sur le côté lors de mon année de cinquième, juste après avoir perdu mon père biologique : j’étais totalement désemparée, j’errais lamentablement dans le CDI sans parvenir à trouver un livre qui saurait apaiser ce tsunami d’émotions. Lasse de me voir tourner en rond, la documentaliste – pourtant peu portée vers les littératures de l’imaginaire, par principe – m’a mis d’autorité le premier tome de La Quête d’Ewilan dans les mains en m’ordonnant de le lire pendant mon cours de maths (chose que j’aurai fait de toute manière, mais cette fois-ci, la professeure serait prévenue). En moins d’une semaine, j’avais lu les trois tomes de la Quête et les trois tomes des Mondes, et je m’apprêtais à découvrir le Pacte des Marchombres … Et là, ce fut l’électrochoc. A cet instant bien précis, sans que je ne le sache encore, ma vie venait de basculer. Il y a eu un Avant et un Après …
Seule enfant d’une caravane de pionniers bien décidés à s’installer dans une des régions les plus sauvages de l’Empire, une petite fille se retrouve orpheline à la suite d’une attaque de Raïs. Recueillie par deux Petits, celle qu’ils appelèrent Ipiutiminelle – dite Ipiu – grandit sereinement dans la Forêt Maison, joyeuse et insouciante. Jusqu’au jour où des Humains surgissent et volent le joyau sacré du peuple des Petits … A partir de ce moment-là, le besoin de renouer avec ses origines envahit le cœur de la petite fille devenue adolescente. Elle décide alors de quitter la sécurité et la paix qui règnent au sein de la Forêt Maison pour rejoindre une ville des Hommes. Après avoir passé quelques semaines avec une petite bande d’enfants chapardeurs, Ipiu, devenue Ellana, rejoint une caravane d’Itinérants, bien décidée à en apprendre plus sur son passé, sur ses parents. Pour mieux aller de l’avant. Pour trouver sa route. Lorsqu’elle rencontre Jilano Alhuïn, l’un des plus grands maitres Marchombres à avoir jamais arpenté la Voie, Ellana n’hésite pas une seule seconde avant de le suivre …
Comme à chaque fois que je me replonge dans le Pacte, avec une impatience toujours mêlée de nostalgie, je redécouvre avec étonnement et émerveillement cette histoire d’une richesse, d’une profondeur et d’une beauté incroyables. Pour tout avouer, les mots me manquent (et me manqueront sans doute toujours), pour exprimer avec exactitude tout ce que je pense de ce roman … Car en réalité, on ne lit pas le Pacte, on le vit. Corps et âme. Il ne s’agit pas d’un simple récit destiné à nous faire vivre par procuration de grandes aventures, mais bien d’un véritable voyage initiatique que nous effectuons en même temps que notre jeune héroïne. Car Ellana, comme n’importe qui à un moment donné de son existence, cherche le sens à donner à sa vie. Elle cherche les réponses aux grandes questions qui tiraillent le cœur et l’esprit de tout humain un jour ou l’autre. « Est-ce raisonnable de s’attacher aux gens alors qu’à tout moment ils pouvaient vous êtres arrachés ? ». C’est dans la peine, la solitude, qu’Ellana fait le premier pas vers la liberté. Ce « trésor que les hommes ont oublié », une voie « pavée d’absolu mais périlleuse et solitaire, une voie sans retour ». La Voie des Marchombres.
Ce premier tome nous relate les premiers (et pourtant si grands) pas d’Ellana sur cette Voie. Guidée par Jilano, la petite fille intrépide et insouciante, la jeune fille déterminée et indépendante, va progressivement se révéler à elle-même. Devenir pleinement elle-même. En parfaite harmonie. Avec elle-même et avec le monde. Elle apprend à trouver sa place dans cette vaste aventure qu’est la vie. Bien plus que l’entrainement physique et martial drastique auquel Jilano soumet sa jeune élève, c’est vraiment toute la philosophie marchombre qui, à mes yeux, rend cet enseignement véritablement puissant. Un marchombre n’est pas un surhomme, un combattant qui surpasse tous les autres en rapidité et agilité. Il n’y a pas de compétition chez les marchombres. Pour Ellana, devenir la meilleure au monde n’est pas un objectif satisfaisant car « il est accessible et marque donc une fin, alors que la voie des marchombres est infinie. Si, en revanche, je cherche à devenir meilleure que moi-même, je ne m’arrêterai jamais ». Surpassement de soi, jamais écrasement de l’autre. Une leçon essentielle dans notre monde où l’on n’a de cesse de se comparer avec notre voisin, notre camarade de classe, où il faut toujours être et avoir plus que l’autre pour se sentir « comblé » …
Si je me suis beaucoup attardée sur les messages sous-jacents de ce roman, sur les enseignements que le lecteur peut en tirer, il ne faut pas oublier que Le Pacte est avant tout une histoire. Un récit incroyable, qui nous fait passer du rire aux larmes à quelques pages d’intervalle, un récit qui nous fait trembler d’effroi et soupirer le soulagement d’un paragraphe à l’autre. Quel régal que de suivre l’enfance d’Ipiu dans la Forêt Maison, entourée par ses deux pères adoptifs Oukilipip et Pilipip, ces deux Petits si drôles et attachants, sages à leur manière malgré leur apparente désinvolture ! Et surtout, quel régal que de suivre son apprentissage aux côtés de Jilano, ce Maitre dans toute sa splendeur, tantôt exigeant et implacable, tantôt plein de douceur et de tendresse. J’ai vraiment aimé le lien qui unit le maitre et l’élève, un lien de confiance et de respect réciproques, un lien d’une pureté incroyable où chacun a finalement quelque chose à apprendre et à apporter à l’autre. Quel régal également de la voir affronter et surmonter les différentes épreuves qui se dressent devant elles, de la voir franchir toutes les embûches qui s’élèvent sur son chemin. On ressort de ce roman épuisé par toutes ces émotions, mais rasséréné malgré tout …
En bref, vous l’aurez bien compris, bien que je ne sache pas comment l’exprimer avec justesse, ce roman a toujours été et sera toujours une véritable révélation. Il est juste exceptionnel, magnifique, unique, parfait pour ainsi dire. Portée par la plume inimitable de Pierre Bottero, cette plume qui nous porte et nous transporte pour mieux nous bouleverser et nous interpeller, cette histoire captive et émerveille. Chaque mot est à la juste place et résonne avec une puissance rare au plus profond du cœur et de l’âme du lecteur. En finalement si peu de pages, il arrive à nous faire vivre une expérience inoubliable dont on ne peut pas sortir tout à fait indemne. Vraiment, si je n’avais qu’un seul auteur à conseiller, je pense que ça serait sans la moindre hésitation Pierre Bottero, et si je devais choisir une seule trilogie parmi toute sa bibliographie, ce serait assurément Le Pacte des Marchombres. Car ces trois livres sont d’une force inouïe. Tant par le fond que par la forme. Vraiment, rares sont les romans à me chambouler à chaque fois avec la même puissance. Rares sont les livres qui ont tant de choses à apporter au lecteur. Rares sont les livres qui vous transforment complétement sans que vous n’en ayez véritablement conscience. Une pépite, tout simplement …