Les émois du mois #78 | Août 2020

Les émois du mois #78 | Août 2020LE « MOI » D'Août
En chaque fin de mois, un petit recap' en facette de mes lectures ! Avec en quelques lignes mes impressions sur la "meilleure" et la "moins bonne"  lecture du mois.
Les émois du mois #78 | Août 2020Les émois du mois #78 | Août 2020
Août, 
Un mois compliqué par essence pour moi... qui s'est vu (forcément) compliqué par le contexte et par nos changements de vies.
✓ Déménagement✓ Anniversaire : Nouvelle dizaine ✓ Nouveau boulot [apprivoisement des équipes en cours]✓ Anniversaire : le blog à 7 ans.✓ Rentrée... 

J'ai commencé par lire beaucoup pour m'occuper l'esprit, et puis doucement, mais surement je commence à me détendre... 
Belle rentrée à vous, Restez positif, on va venir à bout de tout ça. Restez prudent, pour vous et vos proches ;-)

Mes lectures : 

Août (2020)
  • Clan Kennedy, Tome 1 : Mariage à l'essai de Virginia Henley
  • Les petits livres de Khalil Gibran : La vie
  • Avant la longue flamme rouge de Guillaume Sire
  • Une deux trois de Dror Mishani
  • La Discrétion de Faïza Guène [#RL2020]
  • Au milieu de la foule de Séverine De La Croix
  • Aux armes de Boris Marme
  • Tant qu'il y aura des cèdres de Pierre Jarawan
  • Noces de jasmin de Hella Feki [#RL2020] 

TOP 

  • Aux armes de Boris Marme
Ce livre, il a la force de frappe d’un coup de poing dans les tripes. Celui qui vient par surprise, et dont la douleur tétanise, se maintient et irradie dans tout le corps jusqu’à nous paralyser sur place. Ce livre, il soulève un malstrom de questions, et place le lecteur dans l’œil du cyclone. J’ai été ballottée en trois parties, entre étonnements, sidération et ahurissement. La lecture est frénétique ! J’avais besoin de savoir jusqu’où irait l’opprobre populaire. Le déchaînement médiatique ? La désolidarisation institutionnelle ? J’ai vécu cette lecture comme une course-poursuite vers le déclin de l’humanisme. 
À quel moment la liberté d’expression a-t-elle pris ce virage qui écrase l’autre ? À quel moment certains médias se sont-ils délestés de leur rôle de chien de garde pour celui de fossoyeur ? Depuis quand favorise-t-on la haine dans la sphère publique ? Et d’ailleurs, depuis quand la haine s’installe-t-elle aussi facilement, aussi rapidement, aussi largement dans les « débats d’idées » ? 
Ce livre est nécessaire tant il fait mal à l’homme. Il le replace dans la chaîne alimentaire. Là où il redevient interchangeable et sacrifiable. Il remodèle la pyramide des besoins de Maslow et place l’accès à « l’information » dans les besoins physiologiques, et la diffusion de l’opinion individuelle dans les besoins d’appartenances, d’estimes et d’accomplissements. Ce reflet dans le miroir est douloureux. 
  • La Discrétion de Faïza Guène [#RL2020]
J’ai ri, j’ai pleuré et j’ai même pleuré de rire. En quelques pages, l’auteur m’a transportée dans cet hommage et cette déclaration d’amour d’enfant, issu de l’immigration, à ses parents. À sa mère. Grande et humble. Naïve et pragmatique. Stoïque et mystique. Matriarche dans une société patriarcale. LE pilier familial. J’ai reconnu mes parents, leur politique de l’exemplarité pour ne pas se faire remarquer et leur plafond de verre dans l’excellence pour se contenter, parce que celui qui se contente de peu ne manque de rien. J’ai reconnu toutes mes questions d’identité. Chaque personnage se bat avec une problématique, un doute, une colère, qui a fait écho en moi. L’auteur décrit la colère qui gronde, qui mute en rage dopée à la nitroglycérine quand les rapports sont faussés, quand le mépris et la condescendance s’invitent dans une conversation. Un livre fort, qui sans en avoir l’air, dresse le portrait d’une génération aux démons autodestructeurs.⠀
  • Tant qu'il y aura des cèdres de Pierre Jarawan
Quel roman, quelle histoire ! 
En quelques pages, on est transporté dans cette déclaration d’amour et de chagrin. Celle d’un fils, Samir, qui désespéré par le départ de son père, s’enlise dans une mélancolie tantôt nostalgique, et même joyeuse, mais surtout douloureuse. Son père, cet être solaire et charismatique, profondément empathique et généreux qui du jour au lendemain vacille, perd son éclat, sa joie de vivre et surtout son intérêt pour sa famille, avant de finir par disparaitre. Sans laisser aucune trace, tout en laissant mille et une choses derrière lui… ses sourires, ses histoires, ses services, son aura… Il était aimé de tous, et par-dessus tout : adulé par son fils.
Bon sang, mais qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi ? Comment ? Cette lecture se fait en apnée, dans l’urgence de savoir, de comprendre. De page en page on est accompagné par la douleur du fils qu’on finit par ressentir tant elle transpire du personnage. On partage ses peines, ses interrogations, ses doutes.
C’est touchant. C’est poignant. C’est bouleversant.C’est passionnant.C'est un coup de cœur.

BOF

  • Les petits livres de Khalil Gibran : La vie
Une lecture qui avait tout pour être inspirante et qui s’est transformée en catalyseur explosif de colère en symbolisant à mes yeux l’ingérence occidentale sur le monde oriental.
Ici, Neil Douglas-Klotz a pris l’initiative d’exploser l’œuvre Khalil Gibran pour la redéployer en rassemblant des textes issus d’ouvrages différents autour d’axes thématiques. Et il se permet d’aller encore plus loin, en catégorisant chaque texte dans une sous-rubrique encore plus précise par exemple : la nature/les saisons/le voyage.
Une initiative qui dénature l’œuvre de Khalil Gibran et qui la piétine, en piétinant son lecteur qui est désormais baladé dans une lecture balisée et bien pensante. Comme s’il n’avait pas la capacité de réfléchir par lui-même. Alors, on lui propose une collection où il sera pris par la main de texte en texte, même si leur succession n’entraine aucune progression de la pensée dans la mesure où bien que certains textes soient liés par un thème, ils ne sont rarement liés par un sens. Ce livre ressemble aux recueils de maximes qu’on trouve en tête gondole à l’approche des caisses en grande surface, dont la lecture entraine une overdose de bons sentiments, mais dont on ne retient rien et n’apprend rien.
L’œuvre de Khalil Gibran avait déjà une organisation. Dans ses différents ouvrages, l’auteur et son éditeur avaient déjà choisi une hiérarchie, le rythme de lecture et le positionnement des textes. La progression des textes n’est pas aléatoire, chacun d’eux répond au précédent qui donne les clés de compréhension du suivant. Certains permettent au lecteur de faire des pauses salutaires, avant de progresser vers un autre qui sera impactant. Chaque livre fonctionne avec une harmonie globale et une cohérence, qui permet à chacun de grandir, de se questionner et de mettre en perspectives ses aspirations.
Au plaisir.Les émois du mois #78 | Août 2020