Alabama - de Alexis AREND

Alabama - de Alexis AREND

Je remercie Alexis Arend pour son roman.

Nous changeons de répertoire avec ce roman, là où l'auteur nous avait plus habitué à une pointe de fantastique, nous plongeons au cœur de l'Alabama dans les années 60, où les blancs et les noirs vivent difficilement ensemble.

Trent est un jeune garçon, élevé seul par son père fermier en Alabama. La vie est plus que dure jusqu'à ce que ce dernier ai l'idée d'ouvrir un stand pour ravitailler en boisson et repas les quelques personnes de passages. Pour cela, il va embaucher une famille noire, les Coleman. Toby étant de l'âge de Trent va de suite devenir son ami. Mais chacun doit rester à sa place et les évènements vont devenir de plus en plus vindicatifs à leur encontre.

Les relations entre blancs et noirs à cette époque n'ont guère évolué depuis la Sécession. Il ne fait pas bon être une minorité, surtout dans un coin reculé du Sud. Ceux dont les avis sont plus mitigés, voire avant-gardiste, le paient souvent au prix fort de par la présence à tous niveaux du KKK. Des amitiés, des amours peuvent fleurir mais quid des conséquences de la part des plus intégristes. Ils leur faut se méfier de tous.

Ce roman est très beau, fort et émouvant et très dur parfois. Il m'a donné l'envie de relire certains classiques américains, pour pouvoir ressentir cette évasion qu'ils avaient par la lecture. Ils se cachaient pour le faire, ils n'avaient pas le droit à l'instruction, mais ces jeunes se rassemblaient pour vivre un plaisir commun, la couleur de peau n'entrait pas en ligne de compte.

Je suis étonnée de ce tournant dans le répertoire de l'auteur, je ne suis pas la plus à même d'y adhérer car mes goûts vont plutôt vers ses écrits mêlant le fantastique. Pour autant j'ai scotché à cette histoire. Et je suis sûre que vous aussi vous serez percuté par l'ambiance qui y règne.

" Que Dieu me pardonne, je détestais l'Alabama. Je le haïssais !
L'Alabama était le pays où toute la misère du monde avait choisi d'élire domicile. C'était le pays où se donnaient rendez-vous toutes les haines, toutes les iniquités, toutes les bassesses humaines. Aucune région du globe ne mettait un tel point d'honneur à annihiler la vie d'un homme, à le rabaisser, à lui faire courber l'échine jusqu'à le contraindre à ramper à terre, éreinté, vaincu.
Et, pour tous ceux dont le malheur était de ne pas avoir la peau claire, l'Alabama était tout cela aussi, en pire. Pour eux, il déployait tout son ignoble talent, il déchaînait toute sa noirceur contenue, toute sa dureté réfrénée. Oh oui ! Pour eux, l'Alabama se surpassait.
" Il n'y a rien de pire au monde, ni de plus éprouvant pour un homme, que d'être pauvre. Excepté le fait d'être un nègre, naturellement " , disait mon père.
Ô combien il avait raison ! "

Alabama - de Alexis AREND