« Tu es amoureuse.
Tu lui envoies une photo.
Elle devient virale.«
Genre : Fantastique, Jeunesse
Nationalité : Grande-Bretagne
Date de publication : 26 août 2020
Éditeur : Casterman
Traduction : Céline Laurent
Note :
Résumé :
Anna, seize ans, accepte d’envoyer une photo de ses seins nus à son petit-ami. Le lendemain, celui-ci la diffuse sur Facebook et tout le lycée la voit. Anna commence alors à être harcelée. Des rumeurs circulent sur son compte. Pour mettre fin à ce cauchemar, Anna et sa mère quittent Londres et s’installent en Ecosse. Nouveau nom, nouvelle ville, nouveau lycée : rien ne peut la relier à son passé.
Sauf qu’un jour, elle entend « p*te » dans les couloirs, et tout recommence.
Mon avis :
Il existe une arme potentiellement mortelle qui ne laisse aucune trace. Elle agit comme un poison insidieux qui laissera à jamais des marques profondes et invisibles aux yeux d’autrui. Mais quelle est donc cette arme qui consume l’âme à petit feu ? Les mots, rien d’autre que les mots. Il n’ont rien d’inoffensifs, les mots. Certes, ils peuvent être charmants, poétiques, instructifs et bien d’autres choses encore mais ils peuvent aussi être destructeurs. Car il suffit qu’ils soient employés à mauvais escient, au travers d’une rumeur par exemple, pour que leur destinataire ait un avant goût de l’Enfer. Et c’est ce que Laura Bates tend à nous montrer à travers l’histoire de la mystérieuse Anna Clark.
Cette histoire m’attirait tout particulièrement du fait que j’ai été moi-même victime de harcèlement scolaire dans le passé. Dès lors, j’étais curieuse de voir comment l’auteure allait aborder le sujet et je dois avouer que cette dernière a su me surprendre. De fait, l’oeuvre ne nous livre pas une mais bien deux histoires. Je ne vais pas m’étendre très longuement sur cette seconde histoire car je ne souhaite en rien vous spoiler et vous ôter le plaisir de cette découverte. Toutefois, je peux vous dire que cette histoire parallèle est sans doute ce qui a le plus retenu mon attention. En effet, celle de notre l’héroïne est quelque peu éclipsée par celle que l’on découvre à ses côtés tout au long du roman. Je m’attendais à plus de scènes d’harcèlement et à ressentir un peu plus d’émotions face à la situation. Certes, j’ai été indignée, voire révoltée par les comportements décrits et l’inaction de certains mais j’espérais plus (peut-être suis-je un peu trop exigeante, allez savoir). À noter par ailleurs que l’histoire démarre doucement, peut-être un peu trop, ce qui n’aide en rien. Néanmoins, cela ne m’a aucunement empêcher d’apprécier pleinement ma lecture puisque j’ai dévoré cette oeuvre.
D’autant que le personnage d’Anna est attachant. C’est une jeune femme forte et courageuse, soucieuse du bien-être de sa mère. J’aurais tout de même aimé qu’elle soit un peu plus approfondie. Les autres personnages de l’histoire sont très peu développés et ne sont pas assez présents selon moi pour que l’on puisse réellement s’attacher à eux. C’est l’un des points qui me chagrine un peu dans ce roman. L’attention est principalement focalisée sur Anna et l’enquête qu’elle mène pour son projet, peu de place donc pour le développement des autres protagonistes. Et à mon sens, sur un sujet tel que le harcèlement, confronter plusieurs points de vue a un intérêt tout particulier, ne serait-ce que pour comprendre le point de vue de chacun.
Cependant, ces petites déconvenues sont amoindries par une plume fluide et une intrigue secondaire captivante et surprenante. L’auteure parvient à captiver son lecteur par le biais d’une enquête qui n’est pas sans lien avec l’évolution psychologique de l’héroïne. De fait, ce cheminement pour découvrir le fin mot de l’histoire permet à l’héroïne de s’interroger sur sa propre histoire et à trouver sa propre voie pour surmonter cette épreuve douloureuse. Par ailleurs, j’ai beaucoup aimé le message de fin que nous délivre Anna, un message à la fois porteur d’espoir, plein de tolérance et de maturité. À mon sens, cette histoire mériterait d’être lu dans les écoles, ne serait-ce que pour sensibiliser les jeunes sur la violence du harcèlement et montrer ses conséquences.
Le harcèlement est un fléau qui emporte quelques fois avec lui des âmes innocentes ou bien qui les blesse à jamais. Il est temps que cela cesse. Et si pour ouvrir les cœurs et les consciences, il suffisait d’utiliser la même arme mais cette fois de façon bienveillante ? J’aime à penser que c’est dans cet état d’esprit que Laura Bartes a écrit ses lignes que je vous invite d’ailleurs fortement à découvrir sans tarder. Promis, vous ne le regretterez pas.
Bisous à vous mes petits bouquineurs !
Tous droits réservés.L’auteure :
Laura Bates est née à Oxford, en Angleterre. Elle a écrit plusieurs essais avant de s’attaquer à La Rumeur qui me suit, qui est son premier roman.
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