La villa Médicis à Rome accueille chaque année plusieurs pensionnaires
de différentes disciplines artistiques.
Nombreux sont les artistes français, de toutes disciplines dont la littérature, qui ont séjourné comme pensionnaires à la Villa Médicis à Rome, une fois leur projet de travail accepté. Quelques auteurs en ont fait ensuite le cadre d'une publication. Hervé Guibert en 1989 dans le roman "L'Incognito" (Gallimard). Catherine Meurisse en 2016 dans la bande dessinée post-Charlie "La légèreté" (Dargaud). Samuel Delage en 2018 dans le polar "Arcanes Médicis" (De Borée).
Un dédale de pages qui se jouent brillamment de leur lecteur qu'elles s'amusent à semer dans un savant labyrinthe, pour mieux le rattraper un peu plus loin. Une plaisante forme épistolaire, datée de 2017 à 2019, par courriel évidemment, pour la plus grande partie du roman. Une fin terrible qui pose la question de la création, de la loyauté du créateur et de son talent finalement.
Lise Charles. (c) Manfredi Gioacchini/POL.
Les mails ne sont pas tout. Qu'ils parlent du quotidien ou discutent de littérature ou d'art. On découvre aussi une nouvelle, des chroniques de magazine, des articles universitaires, et l'impressionnant journal d'une adolescente, volé à sa rédactrice, Louise. C'est qu'Octave Milton a une œuvre à écrire pendant sa résidence. Il abandonnera son projet initial, une enquête sur un de ses ancêtres, architecte au XVIIe siècle, au profit d'un travail beaucoup plus original, et beaucoup plus risqué.
Des faits réels de la vie de l'auteure chez P.O.L., aussi le décès du fondateur de la maison d'édition, le 2 janvier 2018, une proposition de nouvelle à la revue "Décapage" de Jean-Baptiste Gendarme se mêlent à de palpitantes fictions, dont le fil rouge est la rivalité amoureuse, les jeux dangereux de séduction et le prix à en payer. "Les liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos se dessinent en toile de fond de ce roman extrêmement bien construit, qui se lit d'une traite si on s'offre à lui et porte la littérature à son meilleur. "La Demoiselle à cœur ouvert" enchante, séduit et terrifie par sa façon de sonder les jeux de pouvoir et de séduction. Le trio Livia-Octave-Marianne qui évolue dans ce texte à emboîtements est terrible, ne reculant devant rien pour assouvir ses désirs de puissance. Même si manipulation et création ont finalement rendez-vous avec la mort.
Pour lire en ligne le début de "La Demoiselle à cœur ouvert", c'est ici.
Publications
Sous le nom de Lise Charles
- "La Cattiva" (P.O.L., 2013, Prix de la Romancière)
- "Comme Ulysse" (P.O.L., 2015, Mention spéciale du Prix Wepler)
- "La Demoiselle à cœur ouvert" (P.O.L., 2020)
Sous le nom de Marianne Renoir
- "Le Murmure des sorcières" (l'école des loisirs, 2019)
- "La princesse Caméléon" (Gallimard Jeunesse, 2019)