Dans l’esprit des Premières Lignes, j’ai envie de partager avec vous un autre rendez-vous hebdomadaire : celui de livres qui me tentent, et qui rejoindront (peut-être ?) bientôt ma PAL. Et ce n’est ni en fonction des sorties littéraires, ni des différents challenges ou prix : juste ceux qui me parlent au moment où ils me tombent sous la main…
Celle qui ne pleurait jamais
de Christophe VESSE
C’était son premier meurtre. Perdue au beau milieu de la Brie, trop provinciale pour la région parisienne et trop parisienne pour la province, la ville de Morency était une laissée-pour-compte dont l’anonymat ne tentait pas même les assassins. Son souvenir le plus marquant remontait à trois ans, lorsqu’il avait été appelé pour un accident plutôt horrible qui avait nécessité l’expertise de la brigade criminelle – il y avait tellement de sang dans l’appartement qu’on avait d’abord pensé à un meurtre. En fait, le type était hémophile et s’était mortellement coupé. Un coup de cutter maladroit dans la cuisse, une entaille bien profonde, et le gars s’était vidé de son sang.
Il écouta le bilan du légiste avec attention, plus pour s’assurer que le substitut aurait rapidement toutes les infos nécessaires – plus clair et précis serait son compte-rendu, plus vite il serait rentré chez lui – que par réelle conscience professionnelle. Il n’arrivait même pas à s’émouvoir à la vue de cet homme ainsi recroquevillé à ses pieds. Il se dit qu’une telle indifférence n’était pas normale et essaya de se représenter ce qu’avait pu être la vie – un travail, des amis, une famille, une femme peut-être, des enfants – mais rien ne venait. Pas le plus petit pincement au coeur, pas la moindre ombre de compassion.
Il s’en foutait, tout simplement.
Pourtant, c’était bien là le genre d’événements qui pouvait distraire son quotidien si fade. Des journées entières passées à montrer les muscles au bord de la route, à régler des conflits de voisinage, à ramener au poste des types qui piquaient pour quelques euros de marchandises dans la supérette du coin. Sans parler de la paperasse. Il avait sous les yeux le cadavre d’un homme qui venait de se faire trucider à coups de couteau, voilà qui sortait de l’ordinaire. Qui pouvait savoir ? C’était peut-être le premier meurtre d’une longue série, le brouillon d’un tueur en série qui sèmerait le chaos dans la ville, la région, voire le pays pendant des mois.
Mais non, même à cette idée, il ne parvenait pas à ressentir le moindre petit frisson. Ces vingt années passées sous l’uniforme ne lui laissaient qu’indifférence et désillusion.
– Pas le plus petit doute sur l’homicide, donc ?
Le regard du légiste en dit long sur la pertinence de sa question.
– Un doute ?
Il sourit.
–Deux coups de couteau, aucune trace de l’arme… Si ce n’est pas un homicide, il faut faire venir Mulder et Scully…
– Dans ce cas, fit Séverin en se redressant et en saisissant sa radio, ce n’est plus de mon ressort…
Résumé :
Séverin semble bien avoir raté sa vie : un divorce, une fille qui se passerait volontiers de son père, un boulot de flic sans intérêt et des troubles de la personnalité qui ont achevé de faire le vide autour de lui. Lorsqu’il se rend sur la première scène de crime de sa carrière, son seul désir est de se débarrasser de l’affaire au plus vite. Mais il va très vite comprendre que ce meurtre le concerne bien plus qu’il ne s’y attendait. Une trace génétique est trouvée sur les lieux du crime et l’assassin est tout désigné. Mais pour Séverin, il est hors de question d’accepter l’évidence. Déterminé à retrouver le véritable tueur, il décide de suivre son propre instinct. Jusqu’à la plus effrayante des vérités.
Les nouveaux auteurs – Broché – Kindle – 06/07/2017
Je ne connais pas du tout, mais ça m’intrigue… Vous aussi ça vous tente ?
Dans tous les cas, bon week-end et… bonne lecture !