Publié aux éditions Les Escales,
Marina, écrivaine et universitaire, habite à Harlem avec son mari Jacob et le fils de ce dernier, Ben, issu d'un premier mariage. Dans la rue, elle fait par hasard la connaissance de Constance, une jeune réfugiée rwandaise, et de son enfant, Gabriel. Marina ressent rapidement l'urgence et la nécessité d'aider ces deux êtres dévastés et à la dérive. Tandis que Constance reste distante et quasiment muette, un lien particulier se noue entre Marina et Gabriel.
Malgré les mises en garde de son mari, l'amour de Marina pour cet enfant grandit et s'épanouit, jusqu'à la confronter à sa propre histoire, au souvenir de sa mère, fantomatique et si souvent absente.
Constance est une réfugiée rwandaise. Elle a fui son pays et s'est échouée à New-York avec son petit garçon de trois ans, Gabriel. Marina est professeure à l'université. Elle vit avec son mari Jacob et le fils de ce dernier Ben. Ils ont choisi Harlem pour s'établir et acheter une maison: un quartier populaire mais coloré et lumineux. Un jour Marina croise le chemin de Constance et de Gabriel....
La Consolation des inconnus est un magnifique roman, une pépite comme on n'en fait peu. C'est un roman qui parle d'amour, d'exil, de rupture. D'un côté, nous sommes face à Constance qui a fui le génocide rwandais. Elle a fui, son bébé sur le dos mais on sent rapidement le malaise qui existe entre ces deux êtres. Constance n'éprouve aucun amour pour son fils. Elle s'en occupe en le lavant, le nourrissant, l'habillant mais au-delà des gestes du quotidien, Constance ne le serre jamais dans ses bras, ne lui parle pas, ne le console pas. Sans jamais que l'auteur ne le dise, on devine que Gabriel est né d'un viol durant le génocide rwandais. C'est au lecteur de deviner l'exil, la honte, la culpabilité qui rongent Constance.
De l'autre côté, il y a Marina et son mari Jacob. Ils sont juifs. Là aussi, par d'incessants aller-retour, l'auteur nous conte leur histoire familiale. D'abord Gizela, la mère de Marina qui est venue de Pologne après la guerre, qui a essayé de croire aux kibboutz, qui a finalement renoncé à ses enfants. Puis les parents de Jacob, eux aussi réfugiés juifs, qui ont tenté l'aventure en Israël et qui sont rentrés meurtris, déçus. Leur idéal s'est écroulé d'un seul coup et ils se sont retrouvés contraints à l'exil, une fois de plus. L'auteur met en parallèle les histoires juive et rwandaise, montrant la douleur des exilés et des survivants.
Alice Nelson nous parle avec douceur de la difficulté de l'exil, de la reconstruction d'une identité après avoir tout perdu. Sa langue est belle et prend aux tripes. Il ne se passe pas grand-chose finalement dans ce roman mais c'est déjà beaucoup. Tout est dans les silences, les non-dits des personnages.
J'ai été touchée par l'histoire de ces deux femmes, Constance et Marina, qui appartiennent à deux mondes différents et qui vont pourtant se retrouver autour de Gabriel. Alice Nelson nous offre un roman sur l'amour filial, sur la transmission de ce que l'on est, de ce que l'on représente.
" La Consolation des inconnus " est un magnifique roman qui saura vous émouvoir et vous faire réfléchir.