Présentation
Adolescente revêche et introvertie, Jenny Marchand traîne son ennui entre les allées blafardes de l'hypermarché de Sucy-en-Loire, sur les trottoirs fleuris des lotissements proprets, jusqu'aux couloirs du lycée Henri-Matisse. Dans le huis-clos du pavillon familial, entre les quatre murs de sa chambre saturés de posters d'Harry Potter, la vie se consume en silence et l'horizon ressemble à une impasse.
La fielleuse Chafia, elle, se rêve martyre et s'apprête à semer le chaos dans les rues de la capitale, tandis qu'à l'Élysée, le président Saint-Maxens vit ses dernières semaines au pouvoir, figure honnie d'un système politique épuisé.
Lorsque la haine de soi nourrit la haine des autres, les plus chétives existences peuvent déchaîner une violence insoupçonnée.
Avis
Jenny est une adolescente mal dans sa peau qui subit un harcèlement scolaire important tout en détestant sa vie, son foyer et ses parents. Le récit alterne les chapitres entre Jenny et deux personnages politiques en pleine course à la présidentielle.
Mot après mot l'auteur nous dresse le portrait de cette jeune fille cherchant une oreille attentive à ses appels au secours, elle trouvera un soutien sur le net. Un soutien qui l'emmènera au bord du précipice à coup de phrases bien ciblées, un retournement de cerveau comme savent si bien le faire les partisans du Djihad.
Une conversion, un voile et voilà Jenny prise dans les mailles du filet qui s'est si bien tendu, elle écoute les préceptes avec attention mais ne fait pas la différence avec la haine crachée par des fanatiques. Elle se voile la face attirée comme elle est par la main tendue d'une jeune fille tout aussi perdue qu'elle, attirée par un Islam dont elle n'entrevoit que les dérives.
Je n'ai été très emballé par le sujet maintes fois rabattu, le développement de l'intrigue est intéressante, le désarroi des parents est palpable mais les attitudes sont parfois incompréhensibles comme s'ils ne voulaient pas voir ce qui se tramait. Il manque une part de véracité dans ce récit qui m'a dérangé, impossible d'y croire vraiment. La manière dont Jenny est entrainée dans cette dérive n'a été que survolée alors que le traiter plus en profondeur aurait apporté plus de suspense ou de gravité au roman.
Je n'ai pas compris cette manière de poser la vie de Jenny de manière contradictoire dans la même phrase: un beau village resplendissant où l'ennui est mortel et d'où rien de bon ne ressort. Jenny est mal dans sa vie est ne souhaite que s'en soustraire. Plus qu'une histoire de terrorisme il est surtout question d'adolescence, c'est avec des mots bien choisis que l'auteur nous embarque dans les méandres d'une âme tourmentée.
Lu dans le cadre de ma participation au Jury du Prix Françoise Sagan 2020