Dix nouvelles captivantes
Christine FERET-FLEURY
Erik L'HOMME
Charlotte BOUSQUET
Madeleine FERET-FLEURY
Anne-Fleur MULTON
Jean-Luc MARCASTEL
David BRY
Françoise GRARD
Fabien FERNANDEZ
Pascal BRISSY
Editions Auzou, octobre 2019
En partenariat avecUp2green Reforestation
160 pages
Ce recueil renferme dix nouvelles.
Dix auteurs, dix voix, dix genres, dix styles, dix longueurs et dix sensibilités pour célébrer les arbres et la forêt, et s'engager en faveur de la reforestation et de la protection de la nature, flore comme faune.
Il ne reste plus qu'un seul arbre.
Il se dresse sur une terre désolée.
Il se souvient et nous raconte l'" Avant ", lorsque de nombreux arbres l'entouraient et que tous formaient une forêt, qui renfermait des vies.
Il raconte la communion de leurs âmes, même celles de ceux qui sont partis loin, transformés par l'action des humains.
Il raconte le temps. Le temps qui passe, la forêt grignotée, les Hommes, sa solitude.
Mais aujourd'hui, il neige, une craquelure se forme, un espoir apparaît.
L'arbre sur le bord d'Erik L'Homme
En pleine nuit, Nolwenn a fugué.
Elle s'est installée sur le vieil arbre du village, qui, aujourd'hui, doit être déraciné pour permettre le passage de la nouvelle route.
Nolwenn, qui a peu confiance en elle, se découvre une volonté d'engagement et l'envie furieuse de l'assouvir.
Elle est prête.
Elle attend.
N'importe qui peut s'engager. Il suffit de trouver sa voie, son moteur, et ainsi se dévoilent le courage des richesses en soi jusqu'alors insoupçonnés ou trop profondément enfouis.
Dans cet enclos du zoo, Yin la panthère est enfermée.
Heureusement, par la pensée, elle peut s'évader, dans sa forêt, ressentir son humidité, sentir ses odeurs, tressaillir lorsqu'elle perçoit celle du tigre... qui lui parle et lui fait admettre que sans les humains, ils ne peuvent sauver ni la forêt, ni eux-mêmes.
Ces humains dont Yin se méfie, qui l'ennuient tellement, qu'elle ne supporte plus.
Jusqu'à ce qu'elle croise le regard de Marion derrière la vitre et entre en connexion mentale avec elle.
C'est mon refuge. C'est celui de tous ceux qui ont conservé dans leur cœur la mémoire de la terre. La terre telle qu'elle est vraiment. Mais elle s'efface, à mesure que nos peuples disparaissent et l'oublient.
Milan et Ella sont dans la même classe, mais ils ne se parlent pas.
C'est dans la forêt qu'ils se retrouvent et deviennent complices.
C'est Milan qui a eu l'idée de construire une cabane dans les branches du vieil arbre.
Un refuge. Loin du collège, de ses moqueries et du quotidien.
Pour s'évader, oublier, rêver, admirer.
Mais aujourd'hui, Milan n'est plus là...
Une nouvelle en compte-à-rebours dans laquelle on pressent que quelque chose est arrivé ... Et que la toute fin nous apprend. Une chute vécue comme une injustice.
La maman de notre narratrice, 13 ans, a enfin eu le courage de quitter son mari violent. Toutes deux prennent la Clio et enfilent les kilomètres jusqu'à la panne dans la forêt d'Orient, en pleine nuit.
Elles trouvent une cabane où elles s'installent. La jeune fille fait alors un étrange rêve, presque trop réel, mais qui lui indique comment avancer, quoi faire après cette fuite.
Le phrasé de l'adolescente est particulier, dur, haché. Cela m'a beaucoup plu.
La dernière forêt de Jean-Luc MarcastelIl n'existe plus qu'une seule forêt.
Une forêt magnifique de luxuriance, de bio-diversité, de couleurs. Dont s'occupe avec soin et méticulosité ROB-788. Une forêt sous dôme d'autant plus belle, idéale et précieuse que c'est la dernière sur Terre. Une Terre dévastée, stérile, toxique.
Lorsque des capteurs détectent la présence d'individus humains à la porte, ROB-788 se souvient... La situation s'est déjà présentée.
Va-t-elle se répéter ?
Une nouvelle postapocalyptique qui n'est pas sans rappeler un autre petit robot (que j'aime beaucoup !) pour entamer une réflexion sur la vie, ses conditions, ses dilemmes, ses possibles, ses compromis.
Le couteau de Françoise GrardLe bois attenant à l'hôpital va être rasé, les camions s'activent, un centre commercial est prévu.
Un bois qui a vu passer et jouer des générations d'enfants, qui y ont construit des cabanes, des souvenirs, des amitiés.
Un bois que peut observer Joseph depuis sa chambre d'hôpital où il est depuis deux mois.
Un bois qu'il ne veut pas voir disparaître.
Alors, son frère Théo et ses amis s'organisent.
Dans le Morvan, par une froide journée d'hiver, Claude ne retrouve plus son couteau.
Celui que son père lui a offert. Ce couteau, c'est plus qu'un cadeau, c'est une transmission, une marque de confiance, un rite de passage.
Et il l'a déjà perdu. Il n'ose pas rentrer chez lui, aussi reste-t-il dans la forêt et décide-t-il de se rendre dans la petite chapelle, pour être au moins à l'abri.
Mais plusieurs hommes s'y trouvent déjà. Ils semblent dangereux, ils sont armés.
Qu'importe les remontrances, c'est la guerre et l'ennemi peut être partout, il court prévenir son père.
Cette nouvelle est inspirée d'un fait réel qui s'est déroulé durant la Deuxième Guerre Mondiale. J'aime lorsque l'Histoire est ainsi racontée.
Max a hâte de rentrer jouer à son jeu vidéo.
Mais aux portes du collège, Arthur l'appelle.
Sans se retourner, Max décampe, bouscule, saute, atterrit mal, repart, accélère, traverse un jardin, une haie, bondit, tombe et se retrouve dans une forêt. La nuit s'est installée.
Max se lamente jusqu'à entendre une voix inconnue lui parler et le rassurer.
-Je sais seulement que nous sommes tous uniques.
Que je peux interpréter le son de ta voix pour te comprendre et que je peux concevoir des idées qui se diffusent jusqu'à toi.
Un récit sur les apparences, souvent trompeuses.
La course à la survie de Pascal BrissyNotre narrateur est poursuivi. Il doit aller vite, éviter les obstacles, ne surtout pas tomber. Il tient quelque chose contre lui, il lui faut mener sa mission à bien.
Il faut qu'il réussisse.
Qu'importe s'il est pris ensuite. Sa mission est plus importante que lui. Cette graine, il faut qu'elle soit plantée. C'e n'est qu'ensuite, seulement après, que l'espoir sera permis.
Un récit haletant, un suspense d'autant plus fort que l'identité du narrateur nous est tenue secrète tout du long, comme celle de ses poursuivants et le but de sa course.
La couverture de ce recueil est vraiment superbe et attirante avec ses belles couleurs automnales. Elle recèle quantités de détails qui se dévoilent au fur et à mesure des lectures des nouvelles.
Des nouvelles écologiques, fantastiques, post-apocalyptiques, d'amitié, de liens, d'entraide, et toutes fortes d'engagements. Des engagements qui revêtent plusieurs formes, d'hier, d'aujourd'hui, pour demain, et qui s'entrecroisent autour d'un double thème: l'Arbre et la Forêt, tour à tour protecteurs, évocateurs d'enfance, de jeux, de préservation, malheureusement toujours menacés.
Elles célèbrent la connexion, le lien des êtres vivants, humains, animaux, végétaux (et arbres en particulier) qu'elles que soient leur nature. Chacun étant nécessaire à l'autre, chacun ne pouvant être sans l'autre. Au risque de perdre le sens de la vie et les émotions.
La nature et la raison d'être de ce recueil sont l'engagement puisque les Editions Auzou sont partenaires de l' association Up2green qui œuvre pour la reforestation dans le monde. Elle accompagne aussi les populations locales pour profiter de toutes les ressources qu'apportent les arbres (alimentaires notamment) et ainsi améliorer leurs conditions de vie.
Il participe au " Petit Bac 2020" d'Enna pour ma 8e ligne, catégorie Amour.
Belles lectures et découvertes !
Blandine.