La jaquette se déplie en une affiche. (c) Seuil jeunesse.
Le roman démarre sur une situation que tout humain, et sans doute plus particulièrement les enfants, connaît bien. S'entendre dire: "Ma parole, un jour, tu oublieras ta tête!" C'est ce qui arrive à Lou, au sens propre. Elle se présente un matin à l'école, sans sa tête. Et est incapable de se rappeler où elle l'a laissée. Chez Papa? Chez Maman? Pas toujours facile de s'y retrouver quand on a deux maisons.
Là où le roman démarre réellement, c'est quand la tête de Lou prend à son tour la parole dans le chapitre suivant - les têtes de page indiquent "le corps de Lou" ou "la tête de Lou" ou "Lou". Même que la binette déjoue un cambriolage. L'auteur ne s'arrête pas en si bon chemin et fait finalement tomber la tête de Lou dans un camion rempli de patates où se cache une famille africaine migrante avec deux enfants. L'écriture est vive, enfantine sans excès moqueur. On s'amuse beaucoup. Tous ces éléments passablement abracadabrants sont superbement agencés pour concocter une formidable histoire à épisodes. Tant Lou que sa tête voudraient en effet bien se retrouver. Comment faire? C'est tout l'art de Denis Redonnet de l'imaginer à travers mille péripéties plus sympathiques les unes que les autres. Quant au dessinateur Gaëtan Dorémus, il ajoute sa touche de peps à cette histoire rocambolesque abordant de biais des sujets actuels, les difficultés d'enfants de parents divorcés, celles des migrants en route pour l'Angleterre ou errant dans un bois près de Calais, ainsi que la question des nouvelles technologies. Un grand moment de plaisir que cette aventure sans queue mais avec tête. Dès 8 ans.
Le début du roman. (c) Seuil Jeunesse.
Quatre titres sont annoncés par an dans la collection "Le grand bain". En parallèle à "Lou a oublié sa tête", paraît aussi "Quand les escargots vont au ciel" de Delphine Vallette, illustré par Pierre-Emmanuel Lyet, un roman qui dépasse son thème, les différentes religions et la mort.
Sont prévus en 2021, "L'enfant qui croyait qu'on ne l'aimait pas", d'Hervé Giraud, sur la différence et la phobie scolaire, et "Comment chasser les zombies de mon lit?", de Béatrice Fontanel, sur les méfaits des écrans, illustré par Loïc Froissart.