Les précieuses ridicules • Molière

précieuses ridicules Molière Les précieuses ridicules • Molière

Éditions Pocket, 2018 (61 pages)

Ma note : 14/20

Quatrième de couverture ...

En novembre 1659, l'énorme succès des Précieuses ridicules surprend Molière. Le public plébiscite son génie comique. Il découvre alors que son théâtre dispose d'une matière inépuisable : la satire des mœurs de l'époque, ses excès, ses vices, ses ridicules - qui sont d'ailleurs intemporels. Mais il ne sait pas encore que les manières prétentieuses de Cathos et Magdelon, ces deux êtres dévorés de snobisme et de mondanité, ne quitteront jamais le répertoire. La farce joue aujourd'hui encore de ses stratagèmes et de ses déguisements, et s'incarne dans des gens que l'on croise tous les jours.

La première phrase

" DU CROISY
Seigneur La Grange...

LA GRANGE
Quoi ?

DU CROISY
Regardez-moi un peu sans rire. "

Mon avis ...

Je dois bien reconnaître une chose : je lis très (trop) peu de pièces de théâtre. Et pourtant, la littérature fourmille de grands classiques qui méritent de ne pas être oubliés. Le Cid. Phèdre. Hamlet. J'espère avoir un jour l'occasion de les découvrir. En attendant, après avoir lu Ionesco ( La cantatrice chauve, ainsi que La leçon) ou encore Alfred de Musset ( On ne badine pas avec l'amour), place à Molière ! Le terme précieuse fait bien sûr directement écho au XVIIe siècle : il désigne une femme qui cherche à se distinguer par un certain langage, des manières raffinées. Cette pièce de Molière (1659) est très courte, puisqu'elle ne comporte qu' un seul acte. J'ai passé un bon moment en compagnie de ses personnages, et j'ai apprécié m'imaginer la vie à cette époque (le phrasé, les mots employés étaient tout à fait différents de notre langage actuel). J'ai donc en quelque sorte pu redécouvrir ce qui fait la richesse de la langue française. Maintenant je ne suis pas certaine que cette pièce (une comédie) fera date dans ma mémoire, malheureusement.

Respectivement fille et nièce d'un bourgeois (Gorgibus), Magdelon et Cathos, deux jeunes provinciales, ne cherchent qu'une seule chose : fréquenter un jour les salons à la mode, s'entourer de beaux esprits. Nos deux coquettes éconduisent même deux gentilhommes de bonne famille sous prétexte qu'une cour assidue ne leur a pas été faite. Dans l'excès, elles en deviennent ridicules, d'où le titre de la pièce. Traités avec mépris, les prétendants éconduits espèrent jouer un vilain tour à nos précieuses, dans le but de se venger. C'est alors que deux nouveaux personnages (le marquis de Mascarille et le vicomte de Jodelet) entrent en scène.

Molière critique ici la société bourgeoise, notamment ses travers de coquetterie. Ce ne sont pas nécessairement les galants de la Cour qui sont visés, mais davantage celles et ceux qui cherchent à tout prix à leur ressembler. Mais cette pièce va plus loin en touchant du doigt la place des femmes dans la société (éducation, accès à la culture, mariage, servitude), ce qui n'était sans doute pas si fréquent que ça à l'époque.

J'ai lu cette courte pièce d'une traite. Sur scène, j'imagine qu'elle doit se laisser davantage apprécier grâce au jeu des acteurs, à la mise en scène. Si j'ai aimé le ton employé, j'ai trouvé le final un peu trop vite expédié. Les personnages de Magdelon et Cathos méritent également d'être davantage creusés, peut-être avec plus de scènes. Reste que j'ai passé un bon moment et que cette pièce, plutôt accessible, me semble parfaite pour une immersion dans l'univers de Molière.

Extraits ...

" GORGIBUS
Quel diable de jargon entends-je ici ? Voici bien du haut style.

CATHOS
En effet, mon oncle, ma cousine donne dans le vrai de la chose. Le moyen de bien recevoir des gens qui sont tout à fait incongrus en galanterie ? Je m'en vais gager qu'ils n'ont jamais vu la carte de Tendre, et que Billets-Doux, Petits-soins, Billets-Galants et Jolis-Vers, sont des terres inconnues pour eux. Ne voyez-vous pas que toute leur personne marque cela, et qu'ils n'ont point cet air qui donne d'abord bonne opinion des gens ? Venir en visite amoureuse avec une jambe tout unie, un chapeau désarmé de plumes, une tête irrégulière en cheveux, et un habit qui souffre une indigence de rubans !... mon Dieu ! quels amants sont-ce là ! ".