BELGIQUES - Jean Jauniaux ♥
Ker éditionsParution : 20 octobre 2019
Receuil nouvelles
Pages : 124
Isbn : 9782875862549
Prix : 12 €
Présentation de l'éditeur
Belgiques est une collection de recueils de nouvelles. Chaque recueil, écrit par un seul auteur, est
un portrait en mosaïque de la Belgique. Des paysages, des ambiances, du folklore, des traditions, de
la gastronomie, de la politique, des langues… Tantôt humoristiques, tantôt doux-amers, chacun de
ces tableaux impressionnistes est le reflet d’une Belgique : celle de l’auteur.
Trois recueils sortiront chaque année. Trois recueils et donc trois auteurs.
Sommaire
Une journée hors norme
Plisnier en 1967
Le Club des écrivains belges
INR
Attilio
Chine
Jules Morrel, un Belge en Chine
Pays noir
Le rêve de peindre
Europe 1957
Muette émeute
Fête nationale
Une année universelle
L'auteur
Photo : Christian Lambiotte
Jean Jauniaux est né en 1954 à Haine-Saint-Paul (Hainaut, Belgique). Il a a passé son enfance à Ecaussinnes d’Enghien, village situé au cœur d’une région en déclin économique. Après des humanités gréco-latines à l’Athénée Royal de Mons, il a effectué des études de traduction et d’interprétariat à l’Ecole d’Interprètes Internationaux de l’Université de Mons. Il a choisi d’y étudier les langues russe (« pour lire « Crime et châtiment » en version originale)et espagnole (il a consacré son mémoire de fin d’études aux adaptations de « Don Quichotte », un ouvrage de plus de 300 pages d’analyse et un répertoire de plus de 700 adaptations dans tous les genres : théâtre, radio, roman, opéra, musique etc). Il a ensuite effectué à l’Institut National des Arts du Spectacle, une licence en réalisation Film-Radio-Télévision, se spécialisant dans le documentaire de création et ce qui s’appelait à l’époque le « cinéma vérité ». Il a consacré son mémoire de fin d’études au cinéaste Jean-Jacques Péché et à ses émissions « Faits-Divers ». Il a été réalisateur d’émissions de télévision à la télévision belge (dans le service « histoire » notamment) et responsable de programmes européens de soutien à l’audiovisuel et à la culture.
Il écrit des nouvelles, romans et scénarios de bande dessinée et de films documentaires. Il se consacre au journalisme culturel, à l’animation d’une revue littéraire et de rencontres littéraires. Il organise des ateliers d’écriture de nouvelles et de formation à l’interview radio. Il a publié trois recueils de nouvelles et un roman.
En juin 2009, le Secrétaire Perpétuel de l’Académie de langue et littérature de Belgique, Jacques De Decker lui demande de devenir le rédacteur en chef de la revue littéraire « MARGINALES », revue créée par le poète et romancier Albert Ayguesparse en 1945.
« Entre les lignes » : De septembre 2006 à septembre 2011, il crée et anime l’émission généraliste « Entre les lignes », une heure consacrée à l’actualité à travers le livre, la littérature, les essais, les rencontres avec des écrivains, des essayistes, des acteurs du monde culturel et de la société. L’émission a été diffusée tous les dimanche de 9h00 à 10h00 sur deux radios de proximité en Communauté Française de Belgique.
Depuis janvier 2009, il anime avec son complice Edmond Morrel un blog « web-radio » consacrée au livre et composée d’interviews exclusives d’écrivains, d’essayistes et d’auteurs de bandes dessinées, de metteurs en scène, de scénaristes, d’acteurs du monde culturel. A ce jour, plus de 800 rencontres sont en ligne à l’adresse www.espace-livres.be avec des interlocuteurs aussi variés que Michel Serres, Jean d’Ormesson, Tahar Ben Jelloun, Ken Follett, Gisèle Halimi, Albert Jacquart, Eric Orsenna, Stefan Hessel, Jacques De Decker, Amin Maalouf, Anne Nivat, Chékéba Hachémi, Gérard Chaliand, Matthieu Ricard etc.
Source ; Ker éditions
Mon avis
La collection "Belgiques" chez Ker éditions permet à des écrivain.e.s Belges de nous présenter leur vision de la Belgique, de nous la faire vivre à travers leurs yeux.
J'ai passé un excellent moment en compagnie de la plume de Jean Jauniaux. Par le biais d'expériences personnelles voire très personnelles il nous raconte des petits bouts de la Belgique à travers son regard d'enfant, d'adolescent ou d'adulte. J'ai eu le sentiment que Jean me livrait ses mémoires, son enfance, l'époque des années 60, qu'il était près de moi et me confiait ses souvenirs. Une bien agréable impression, une très belle lecture.
Le fil rouge, la Belgique bien entendu, mais entre réel et imaginaire. Quelle est la part de véracité et celle de l'imaginaire, la frontière est mince c'est tout l'intérêt. On se laisse emporter par ce que l'on sent de vrai et on se fait piéger.
L'humain est au centre de ces petits récits en nous faisant découvrir l'Histoire par ses confessions. C'est rempli d'émotions, de nostalgie et d'empathie. Un vrai régal !
Au programme un voyage dans le temps de 1830 à 1958.
- Des épisodes marquants comme sa révolution de 1830 avec une reconstitution en costumes pour la télévision, lorsque tout jeune sortant du service militaire il est engagé pour cinq émissions "chroniques d'une révolution" de Jacques Cogniaux. Il cotoie à l'époque les grandes figures de l'INR/RTB ; Armand Bachelier, Georges Konen, Pierre Delrock, Jacques Bredael
- Il nous parle du Goncourt de Plisnier et de l'Athénée de Mons, du Pen Club crée par Louis Piérard dont on fête le centenaire en 2020
- Emotion au rendez-vous avec la rencontre d'Attilio , son ami "le macaroni" où il évoque la catastrophe du Bois du Cazier mais aussi la fraternité enfantine universelle, où il confie et partage ses blessures d'enfant.
- On voyagera en Chine ou pas
- On se promène dans le pays Noir de son enfance à la rencontre d'artistes peintres, stars de la radio ou du petit écran.
- Il nous parle de l'Europe, du premier pas de l'homme sur la lune. J'ai adoré cette nouvelle , une façon inattendue de nous parler de cette événement qui en cachait un autre.
- Il nous parle de son enfance orpheline, de l'expo universelle et de du cahier Atoma bien belge.
Jean est un merveilleux raconteur d'histoires, j'ai hâte de lire son dernier recueil "L'ivresse des livres".
C'est un joli coup de coeur. ♥
Les jolies phrases
La mémoire flotte comme un bateau de papier qu'un enfant dépose au fil d'un ruisseau. Elle va d'une rive à l'autre, s'immobilise quelques instants avant d'être emportée de quelques mètres plus loin.
Il est interdit d'interdire; sois jeune et tais-toi.
J'eus le sentiment, nouveau pour moi, d'avoir un allié. Un ami. Pour cela, il avait donc suffi que je cesse de mentir, que je dévoile cette histoire et, à travers elle, une part de ma différence.
C'est pas grave Jeannot. Parfois on a besoin de s'inventer des histoires même si on ne les a pas vécues. C'est comme quand on lit nos livres : on vit des aventures sans les vivre.
Tout a été enlevé, ôté, écarté, comme si le chagrin causé par ta mort allait s'évanouir pour peu qu'on efface les traces de ton passage.
Avant de repartir, elle devait elle aussi nous écouter lire, d'une voix criarde, les premières lignes de Croc Blanc, de Winnetou, de Sans faille et d'autres romans qui nous enchantaient : ils nous racontaient si souvent notre propre histoire; celle d'enfants que les livres avaient sauvés de la tristesse et du chagrin des adultes.
"Les baraques en bois proche des carreaux de la mine" sont devenus containers, tentes ou rien.
Mais je ne peux m'empêcher de trouver une certaine grâce à ce capharnaüm. Après tout, n'est-ce pas une forme de rébellion, bien humaine, à l'ordonnancement général qui semble présider, de nos jours ? Le mot "ordinateur" ne signifie-t-il pas " mettre de l'ordre " ? Son équivalent anglais n'est pas plus exaltant, à mes yeux du moins: computer c'est calculer ! D'un côté, l'alignement ; de l'autre, le chiffrement ! Où se cachent la complexité, l'entrelacement, le mouvement... ce qui fait l'humain, en quelque sorte...
Après tout, depuis sa création en 1830, le Royaume de Belgique est un laboratoire de cohabitation entre pays voisins. Mais il est aussi un lieu d'entrelacement de l'imaginaire et du terre à terre !
Nous n'avions jamais rien à nous dire. Sauf ce soir-là. Je n'étais plus seul, j'avais un ami. J'avais envie de lui dire aussi qu'il n'était plus seul dans le deuil. Je ne me souviens plus de la façon dont j'ai pu le lui exprimer. Pour la première fois, j'avais essayé de consoler mon papa.
En lisant Vipère au poing, je m'étais rendu compte de cette vertu irremplaçable de la littérature de fiction : celle de miroir fraternel, dans lequel le lecteur peut découvir son double, un autre soi qui traversait les mêmes épreuves et qui, ainsi, le rend moins seul à affronter. Le livre m'offrait la formulation exacte, précise et empathique des tourments que je subissais.