On a tous en nous quelque chose de Spilliaert

Par Lucie Cauwe @LucieCauwe

Stéphane Lambert à l'expo Spilliaert du Musée d'Orsay.


Expo Léon Spilliaert.

Expo Spilliaert reportée, c'est ce qui est arrivé à la Royal Academy of Arts de Londres qui l'a déplacée du printemps à l'été (visite virtuelle possible ici), puis au Musée d'Orsay de Paris où elle a été décalée des grandes vacances à l'automne. Elle s'ouvre même précisément aujourd'hui 13 octobre cette exposition parisienne, "Lumière et solitude", consacrée à l'immense peintre symboliste belge Léon Spilliaert (Ostende 1881 - Bruxelles, 1946), dit "Le maître d'Ostende". Elle se tiendra jusqu'au 10 janvier 2021. Le musée, qui ne donne pas la nationalité de Léon Spilliaert, comme si tout le monde savait que l'Ostendais francophone était belge, précise que "l'exposition, la première en France depuis près de 40 ans, se concentrera sur les années 1900 à 1919, les plus intenses de Spilliaert, et présentera ses œuvres les plus radicales."
Parce que Paris est parfois loin et en rouge, pour préparer la visite au Musée d'Orsay, ou l'accompagner, ou la parachever, il faut se plonger dans un court et fort plaisant ouvrage de Stéphane Lambert, Belge lui aussi comme chacun le sait. Illustré d'une grosse vingtaine de tableaux et de dessins,  "Etre moi toujours plus fort, Les Paysages intérieurs de Léon Spilliaert" (Arléa, Arléa-poche, 128 pages" est à la fois une biographie, une analyse de l'œuvre et un miroir des pensées de l'auteur, entré en résonnance avec le peintre à un siècle d'intervalle. L'auteur s'est promené avec l'ombre du peintre, et nous avons la chance de nous promener avec les deux.

Stéphane Lambert nous raconte en même temps la vie de Léon Spilliaert, artiste précoce à la santé fragile, créateur de génie, visionnaire hanté par la peur et l'angoisse, et nous fait participer à ses recherches sur le peintre, que ce soit dans les musées où il a pu consulter des dessins originaux et des carnets de croquis ou dans les lieux où il a vécu, à la mer ou loin de la mer. C'est à la fois érudit, perspicace et plein d'émotion. On est avec Léon Spilliaert tout au long de sa vie et avec ceux qui l'ont côtoyé, ses parents, l'éditeur bruxellois Deman, le peintre Edgar Tytgat, l'aéronaute Robert Goldschmidt, d'autres encore. Mais on est aussi en Léon Spilliaert, avec ses interrogations, ses recherches, ses réflexions et ses aspirations. Et on est enfin avec Stéphane Lambert, si gracieusement poreux à la personnalité du maître d'Ostende. Une porosité qui est aussi celle de tous ceux qui se livrent à  Spilliaert dont différentes œuvres ponctuent l'ouvrage découpé en cinq chapitres attachants.