Premières Lignes #22

Comme un enfant perdu

de Renaud SÉCHAN

Nouveau billet pour ce rendez-vous hebdomadaire, initié par Aurélia du blog Ma Lecturothèque : les premières lignes d’un livre que j’ai lu, pioché au hasard (ou presque) sur mes étagères.
Si vous souhaitez participer aussi, n’hésitez pas à mettre un commentaire avec le lien de votre article pour que je puisse vous ajouter à la liste. 😉Premières Lignes #22

306 pages – XO Éditions – 05/2016

Je suis né dans une famille heureuse et dont j’ai longtemps ignoré les secrets. Ces secrets qui plus tard m’ont arraché des larmes, m’ont précipité dans la culpabilité sans que je parvienne jamais à trouver les mots pour les exprimer. Je suis né le 11 mai 1952, cinquième enfant d’une famille qui allait en compter six.
Au milieu des années 1950, à l’âge où je commence à lever le nez de mon nombril, tous ou presque sont déjà là autour de moi, aimants et rassurants, propres à me donner un sentiment d’éternité. Mon père, Olivier Séchan, écrivain, dont le crépitement de la machine, une valeureuse Underwood, accompagne mes premiers souvenirs. Ma mère, Solange, entièrement dévouée aux tâches de la maison, veillant à ce que nous ne manquions de rien et à protéger son mari de nos chahuts. Ma grande soeur Christine, peut-être quinze années de plus que moi, maman de substitution quand la première est débordée. Puis Nelly, Thierry David, mon faux jumeau, et enfin Sophie, notre soeur cadette et souffre-douleur, que nous traitons de chouchoute et de petite pisseuse, frères cruels et indignes que nous sommes.
Nous habitons alors la porte d’Orléans, au numéro 6 de l’avenue Paul-Appell, dans les immeubles en brique de la  ville de Paris, ancêtres des HLM. À cent mètres de là, dans le même ensemble, vivent nos grands-parents paternels, Louis et Isabelle Séchan. Louis enseigne la poésie grecque à la Sorbonne tandis que sa femme est une illustre pianiste. Nous allons souvent déjeuner ou dîner chez eux, c’est dire si ce coin de la porte d’Orléans incarne à mes yeux tout ce qu’un enfant est en droit d’attendre de sa famille : l’amour, la protection et la permanence.
Dès mon deuxième album, Place de ma mob – rapidement rebaptisé Laisse béton –, en 1977, j’emboîterai d’ailleurs le pas aux Basques, aux Bretons et aux Corses pour réclamer l’indépendance de la porte d’Orléans, façon d’affirmer qu’elle fut pour moi une sorte d’île au trésor, le lieu clos d’un bonheur à jamais enfui, à jamais regretté :

Bah c’est décidé moi aussi
J’prends ma guitare et je crie bien fort
Que je suis le séparatiste Du XIVe arrondiss’ment,
Oui que je suis l’autonomiste
De la porte d’Orléans.

Rien d’extraordinaire pourtant, si ce n’est à perte de vue les terrains vagues qui séparent Paris de Montrouge, les anciennes « fortifs », devenues la « zone », sur laquelle on construira bientôt le boulevard périphérique et d’innombrables stades et courts de tennis. Pour l’heure, ce sont des vallons jonchés de ronciers, de baraquements et de carcasses de bagnoles qui constituent notre Jardin d’acclimatation.

4ème de couverture :
Pour la première fois, Renaud a pris sa plume pour raconter dans un livre ses amours, ses tourments, sa révolte face aux injustices du monde. Un livre, dit-il, qui permet de comprendre. Sa vie. La vie.

Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :

• Au baz’art des mots
• Light & Smell
• Les livres de Rose
• Lady Butterfly & Co
• Le monde enchanté de mes lectures
• Cœur d’encre
• Les tribulations de Coco
• Vie quotidienne de Flaure
• Ladiescolocblog
• Selene raconte
• La Pomme qui rougit
• Les lectures d’Emy
• Aliehobbies
• Ma petite médiathèque
• Pousse de ginkgo
• À vos crimes
• L’univers de Poupette
• Le parfum des mots
• Chat’Pitre
• Les lectures de Laurine
• Lecture et Voyage
• Eleberri
• Les lectures de Nae
• Prête-moi ta plume
• Tales of Something
• Ju lit les mots
• Read For Dreaming