Présentation
Dora, une femme à l'âme souffrante et dérangée, décide de séduire son beau-frère Patrice, au détriment de leur couple et des conséquences de cet acte.
Tous les dimanches, la famille Dormesson se réunit. Patrice et Alicia, Julienne et Germain, et enfin, Christian et Dora. Dora, une femme étrange. Tantôt affectueuse et fragile, tantôt capricieuse et bornée. Perdue. Persuadée qu'elle est amoureuse de Patrice, elle tente de s'en rapprocher, de le séduire, se moquant des conséquences. De la souffrance qu'elle risque d'infliger.
Patrice et Alicia forment un couple solide, que rien ne semble pouvoir ébranler. Mais Patrice n'est qu'un homme et, progressivement, Dora va parvenir à le déstabiliser.
Si le couple de Patrice et Alicia est en difficulté, l'âme qui est en souffrance est bien celle de Dora. Une souffrance désabusée, désespérée.
Avis
Marianne Pierson-Piénard est une autrice belge rééditée par la maison d'édition Névrosée qui réédite des femmes de lettres belges oubliées ou même méconnues. Dora est son troisième roman, publié en 1951 et qui reçu un prix littéraire (un peu particulier puisqu'il n'est décerné que tous les cinq ans).
La présentation du roman m'avait très attiré, me plonger dans la psychologie d'une femme amoureuse d'un homme marié et de surcroît heureux en ménage me promettait une intrigue palpitante. C'est donc l'histoire d'une famille, les Dormesson, qui se retrouve pour déjeuner tous les dimanche dans la maison familiale. Cette maison dont Patrice a hérité et dans laquelle il travaille et vit auprès d'Alicia et leurs enfants. Tradition dominicale qui plait tout autant à Christian, le frère, et son épouse Dora (Isadora) ainsi qu'à leur sœur Julienne et son conjoint Germain.
Tout distingue Patrice, avocat et père de famille respectable, de son frère Christian, architecte, noceur et joueur marié sur le tard à la jeune Dora. Un mariage qui bat de l'aile, point d'amour et probablement peu de tendresse, Christian sort toujours autant pour jouer et charmer de plus en plus de jeunes femmes laissant Dora seule à la maison avec pour seul compagnon un ennui terrible.
De cet ennui et probablement d'une pointe de jalousie va naître un sentiment étrange de Dora envers Patrice, elle va se mettre en tête qu'elle est amoureuse de son beau-frère et tentera de faire éclater son mariage pourtant heureux avec Alicia.
Le récit développe les tentative de séduction de Dora, ses mises en scènes et les différents rapprochements qu'elle mettre en œuvre pour se rapprocher de Patrice, ce serait dommage de décrire le drame qui va se jouer car contre toute attente Patrice va tomber dans les bras de Dora. Ce qui est intéressant c'est surtout le pourquoi? Pourquoi Patrice, en apparence, bien dans sa vie se laissera séduire? Pourquoi Dora jette son dévolu sur son beau frère?
Ce qui est inintéressant dans ce roman ce sont les sentiments et la psychologie de deux femmes très différentes l'une de l'autre: Alicia qui vit dans la certitude d'être aimée et que rien n'entachera son amour pour Patrice, Dora jeune fille mal aimée étant petite, orpheline de mère avant de le devenir de père, et qui se retrouve mariée et toujours mal aimée et surtout mal comprise. Dora se persuade d'aimer un homme alors qu'elle ne recherche finalement que de l'attention, ce qui lui a manqué toute sa vie.
Ce sont ces deux personnages qui font l'intrigue, il faut tenir de l'époque à laquelle le roman a été écrit car malgré les difficultés et les rancunes chacun tient son rang sans un mot plus haut qu'un autre.
Une construction tout en finesse qui déroule tout d'abord les relations entre chaque personnage avant de se concentrer sur ces deux femmes que les conventions obligent à garder la tête haute, puis plus particulièrement de Dora et de cette torture qu'elle s'inflige en ne vivant que cette attente de l'autre qui ne viendra pas. J'ai beaucoup apprécié cette manière de retourner la situation et les personnages car en fin de compte cette garce devenu victime et cet ange devenu bourreau représentent le tout féminin.