Éditions Gallimard, 2016 (554 pages)
Ma note : 18/20Quatrième de couverture ...
Naples, années soixante. Le soir de son mariage, Lila comprend que son mari Stefano l'a trahie en s'associant aux frères Solara, les camorristes qui règnent sur le quartier et qu'elle déteste depuis son plus jeune âge. Pour Lila Cerullo, née pauvre et devenue riche en épousant l'épicier, c'est le début d'une période trouble : elle méprise son époux, refuse qu'il la touche, mais est obligée de céder. Elle travaille désormais dans la nouvelle boutique de sa belle-famille, tandis que Stefano inaugure un magasin de chaussures de la marque Cerullo en partenariat avec les Solara. De son côté, son amie Elena Greco, la narratrice, poursuit ses études au lycée et est éperdument amoureuse de Nino Sarratore, qu'elle connaît depuis l'enfance et qui fréquente à présent l'université. Quand l'été arrive, les deux amies partent pour Ischia avec la mère et la belle-sœur de Lila, car l'air de la mer doit l'aider à prendre des forces afin de donner un fils à Stefano. La famille Sarratore est également en vacances à Ischia et bientôt Lila et Elena revoient Nino.La première phrase
" Au printemps 1966, Lila, dans un état de grande fébrilité, me confia une boîte en métal contenant huit cahiers. "
Mon avis ...
Coup de cœur absolu pour ce deuxième tome de la série italienne L'amie prodigieuse ! Rappelez-vous, dans le premier opus (lu fin 2019), nous rencontrions deux fillettes évoluant dans les quartiers pauvres de Naples : Elena Greco (dite Lenù ou Lenuccia) et Raffaella Cerullo (surnommée Lina ou Lila). Après l'enfance, Elena Ferrante se centre ici sur l'adolescence et le début de l'âge adulte de nos deux napolitaines. Lila-Lenù, c'est parti pour le deuxième round !
En lisant ce roman, j'ai retrouvé tous les ingrédients appréciés lors de ma lecture du premier tome. J'ai ressenti des émotions très contradictoires : de l'admiration face à la tenacité d'Elena et sa capacité à prendre du recul, de la colère devant certains comportements de Lila (mais également de la surprise en découvrant tout ce que la vie lui réserve). J'aime beaucoup la manière dont nous est décrite cette amitié teintée de rivalité. Pour la première fois, nos deux héroïnes s'éloignent réellement, effectuant des choix de vie différents. Elles se retrouvent, avant de se fuir ; ne se comprennent pas toujours, avant d'envier le devenir de l'autre. Les voici finalement aux prises avec la vie d'adulte : le mariage, l'amour, l'accomplissement de soi. Suivre leur parcours est tout simplement passionnant. Une dure lutte s'engage pour survivre dans la société napolitaine, mais également pour tenter d'exister l'une face à l'autre.
La violence est toujours là. Elena Ferrante dresse un tableau impitoyable de la société napolitaine des années 60 où, dans les quartiers pauvres, les injures, les coups et autres règlements de compte font partie du quotidien. On a de la peine pour certains personnages pris entre les mirages d'un beau mariage et le désir d'émancipation.
Dès les premières pages, tout démarre en fanfare ! Le mariage de Lila avec Stefano, l'épicier, semble en faire la reine du quartier. Alors même que Lenù peine dans l'ombre, désirant plus que tout étudier et décrocher de bonnes notes (notamment pour impressionner et attirer dans ses filets Nino Sarratore, qu'elle pense aimer depuis l'enfance). Mais voici que des vacances à la mer, à Ischia, font voler tous les rêves en éclats. Et le génie de Ferrante opère toujours : celui de parvenir à lier le destin de nos héroïnes, alors même que tout vient désormais les opposer.
Et puis il y a bien sûr tous les autres. Les frères Solara, mafieux du quartier. Stefano, l'épicier, désormais pris dans un mariage malheureux. Pinuccia, Carmela et Gigliola. Rino, le frère de Lila. Ou encore Nino et Marisa Sarratore. Autant de personnages qui se battent pour survivre, et évoluent sous nos yeux. Après moult péripéties, ce tome 2 s'achève sur des retrouvailles inattendues. De quoi mettre nos nerfs à rude épreuve, tant Elena Ferrante sait nous réserver quelques surprises...
En bref, j'ai tout simplement adoré retrouver les personnages de cette saga italienne. Si j'avais grandement apprécié le tome 1, la suite fut encore meilleure. Lila, la brune, fonceuse et violente, mais en même temps brillante. Elena, la blonde, calme et réfléchie, accrochée aux études. J'ai déjà hâte de les retrouver toutes les deux dans le tome 3 ( Celle qui fuit et celle qui reste). On ne peut s'empêcher de penser que ces romans contiennent une large part autobiographique, ce qui donne peut-être ce ton si authentique et si fort. Vivement la suite !
Extraits ...
" Leur passion m'envahissait et me troublait. Je les aimais tous les deux et, de ce fait, je n'arrivais pas à m'aimer moi-même, à me sentir moi-même et à m'agripper à un besoin de vie à moi qui aurait la même force que le leur, sourd et aveugle. "
" Était-il possible que les parents ne meurent jamais et que chaque enfant les couve en soi, de manière inéluctable ? Ma mère avec sa démarche boiteuse surgirait-elle donc vraiment un jour en moi, avec la fatalité d'un destin ? "