Un papillon sur la banquise - Brigitte Guilbau
Lilys EditionsParution : octobre 2020Pages : 210ISBN : 9782930848976Prix : 19 €
Présentation de l'éditeur
Frédérique part pour l’Afrique avec la dernière lettre de son fils Manuel.
Pourquoi s’envole-t-elle au pays des maisons sans adresse ?
Pour que les mots du mal qui la ronge sortent enfin.
Elle a appris trop tard le harcèlement qu’il vivait dans son établissement scolaire. Elle ignorait que le cauchemar commençait pour lui dès le réveil et que l’horreur prenait l’apparence de ses copains de classe. Que faire lorsque ces lieux de savoir et de vivre ensemble que sont les écoles deviennent ceux qui nous tuent ?
L'auteure
« Petite fille, née en hiver d’un père d’origine bretonne et d’une mère ardennaise, j’ai affiché très rapidement un caractère trempé. Enfant, je voulais devenir Chef Apache, puis, en comprenant les spécificités ethniques et donc les limites à mes souhaits, j’ai voulu être cow-boy (genre Danse avec les loups ou Little Big Man). A l’adolescence, je voulais partir avec le Commandant Cousteau. Trente années après St Germain des Prés, je revendiquais l’Existentialisme… Aujourd’hui, je suis professeur de cours philosophiques. Active et engagée, mes objectifs pédagogiques et mes travaux d’écriture sont tous tournés vers la réflexion humaniste, certains avec force et désespoir, d’autres avec l’ironie propre aux vrais sensibles, mais toujours avec le même dénominateur commun : la condition de l’Homme, ses espoirs et ses doutes. Cet engagement citoyen m’a valu la reconnaissance de mes pairs avec le prix de la Fondation Reine Paola pour l’enseignement, le prix de la CommunautéFrançaise de Belgique et le prix Condorcet-Aron. En 2003, j’ai été Namuroise de l’Année et reconnue « Enseignant Entreprenant ». Certaine que les actes prévalent sur les paroles, j’affiche une attitude résolument anti-tartuffe en disant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une face de Carême pour défendre la vie car défendre la vie c’est l’aimer. J’apprécie cette réflexion de Zola qui dit qu’il faut savoir où on veut aller, que c’est bien…mais que c’est encore mieux de montrer qu’on y va et il m’arrive d’ajouter « Tu veux du bonheur? Donne du bonheur… »
Source Lilys éditions
Mon avis
Je découvre enfin la plume de Brigitte Guilbau, l'une des auteures phares de la maison d'éditions belge Lilys, et je peux d'ores et déjà vous dire qu'elle mérite bien le surnom que l'on lui donne "agitateur de neurones" car elle suscite du questionnement à la lecture de son roman.
Frédérique part pour l'Afrique sans adresse avec la dernière lettre de son fils. Elle est dévastée suite au décès de son fils. Comment ne pas l'être ? Comment imaginer la douleur de perdre un fils ? Manuel avait 17 ans, il semblait fort, résistant, il semblait tout accepter mais peut-on tout accepter ? Non, bien sûr.
Un moment c'est impossible , victime de harcèlement, il préfère passer de l'autre côté.
Comment une mère peut-elle accepter cela ? Frédérique décide de faire vivre aux harceleurs ce que son fils a subi.. oui mais cela veut dire passer de l'autre côté de la barrière.
Je vous l'ai dit, Brigitte Guilbau n'est pas agitateuse de neurones pour rien, on s'interroge sur la place du doute, sur la relation mère-fils, sur l'amour filial, la maternité, sur notre société, les réseaux sociaux, ses dérives, sur ce qu'il faut faire ou non pour être accepté par les autres. Qu'en est-il du comportement des harceleurs et du vécu des harcelés, sur la relation du dominant-dominé.
Multitudes de sujet proposés, ce n'est pas pour rien qu'un dossier pédagogique accompagne ce livre si on le souhaite. Un récit destiné à mon sens aux jeunes de 15/16 ans.
Brigitte Guilbau écrit magnifiquement bien. Son écriture, on la ressent au fond du coeur, au fond des tripes. C'est fluide, l'écriture est percutante, tranchante remplie d'empathie et de résilience.
Se lit très vite. Je suis heureuse d'enfin avoir lu cette plume belge de talent.
Merci lily's.
Ma note : ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Elle se dit que se battre contre le malheur, ça pourrait ressembler à du bonheur.
Vous les Blancs, le temps vous tue. Vous n'arrêtez pas de lui courir derrière en espérant trouver quelque chose que vous ne nommez pas parce que vous ne savez pas ce que vous cherchez.
On fait les meilleurs fanatiques avec ceux qui ne doutent pas, ne l'oublie jamais.
Douter est un acte de la pensée, et penser, c'est exister. Au coeur même du doute s'affirme donc une réalité très simple qui s'appelle la liberté.
Douter, c'est oser dire qu'on est fragile et qu'on peut se tromper.
Montrer qu'on doute et qu'on réfléchit est une preuve d'intelligence.
S'ouvrir pour enfanter, c'est vivre une explosion. Perdre cet enfant, c'est imploser.
À force de ne pas parler, on finit par se taire.
Le bonheur, c'est quand vos pensées, vos paroles ou vos actes sont en accord.
On ne se donne jamais en spectacle quand on montre ses émotions. C'est quand on les cache qu'on se donne en spectacle.
Parce que l'amour, se disait-elle, quand il n'a plus de puissance et de raison d'être, c'est comme bouffer du carton en disant que c'est du steak. C'est dégueulasse, et on se demande si finalement on a, un jour, eu quelque chose dans son assiette.
Le monde semble ainsi fait, se dit-elle, morose : chacun est d'accord sur le fait qu'il est impératif qu'il change pour survivre et être plus équitable, mais personne ne veut modifier ses comportements ; tout le monde vante le partage, mais personne n'accepte de fractionner ses petits avantages ; tout le monde veut la justice mais recherche des privilèges.
Le bonheur n'existe qu'en nous, et nulle part ailleurs. Nous avons beau courir pour le trouver dans des instants fugaces avec les autres, s'il ne croît pas en nous, il est un leurre. La porte ne s'ouvre que de l'intérieur.