La quête d’Ewilan3, Pierre BotteroL’ile du destin
Editeur : RageotNombre de pages : 767 pour l’intégrale
Résumé : Après avoir libéré les Sentinelles, Ewilan et Salim rejoignent la Citadelle des Frontaliers avec leurs compagnons. Là, Ewilan découvre la retraite de Merwyn, le plus grand des dessinateurs. Il leur conseille de regagner l’autre monde et de convaincre Mathieu, le frère d’Ewilan, de les suivre en Gwendalavir. À leur retour, ils embarquent pour les îles Alines afin de délivrer les parents d’Ewilan, retenus par Eléa, la sentinelle traîtresse…
- Un petit extrait -
« - Non, ce qui est injuste c'est que je ne puisse pas te sortir toutes les phrases bien acides que j'avais préparées. Je pars parce que tu m'as oublié, je boude, je rumine ma rancœur et, quand tu arrives, je n'ai plus rien à dire. Tu es là et je suis heureux. C'est tout et c'est injuste.-Je... tu... bafouilla-t-elle-Tu as raison ma vielle, conclut Salim en sautant sur ses pieds, allons manger. »- Mon avis sur le livre -
Dans ma bibliothèque, il y a quelques livres que je chéris un peu plus que les autres. Soit parce qu’ils ont une histoire particulière (un cadeau d’un ami cher, un livre trouvé par hasard après des mois de recherche …), soit parce qu’ils sont dédicacés (et donc vecteurs du souvenir de la rencontre avec l’auteur), soit parce qu’ils sont particulièrement beaux. C’est le cas de mes trois intégrales des trilogies de Bottero : je les aime énormément, parce qu’elles sont tout simplement magnifiques. Couverture en dur, vraie reliure, petit marque-page ruban … De vrais petits grimoires qui attirent irrésistiblement mon regard à chaque fois que je parcours mes étagères à la recherche de ma prochaine lecture ! Alors il faut bien admettre que ce n’est clairement pas le format le plus pratique à transporter : trois livres en un, ça donne quelque chose de plutôt volumineux ! Mais je ne les échangerai contre rien au monde, elles sont juste tellement superbes … Je pense d’ailleurs leur offrir une place de choix dans ma future bibliothèque !
Aidée de ses compagnons, Camille a réussi à retrouver et libérer les Sentinelles, qui se sont empressées de faire sauter le verrou qui pesait sur l’Imagination et empêchait les Dessinateurs de lutter efficacement contre les assauts des Raïs : Gwendalavir est sauvé ! Mais la jeune fille est loin de partager l’allégresse populaire : elle n’a désormais plus qu’une seule idée en tête, faire avouer à la félonne Eléa où se trouvent ses parents et aller les chercher … Mais la traitresse quitte la Citadelle des Frontaliers après avoir tenté de la faire assassiner par un de ses hommes de main. Heureusement, Camille reçoit l’aide inespérée et inattendue du légendaire Merwyn, qui lui apprend également où sont emprisonnés ses parents et lui conseille d’aller chercher son frère Matthieu avant de se lancer dans cette longue et dangereuse expédition. Car pour retrouver Elicia et Altan, la Compagnie va devoir traverser le Grand océan du Sud où rôdent les terribles pirates Alines, et s’aventurer dans des Terres inconnues dont nul Alavarien n’est jamais revenu … Mais Camille ne reculera devant rien pour retrouver ses parents.
Contrairement à ce qu’on pouvait penser à la fin du tome précédent avec la libération des Sentinelles, la Quête d’Ewilan est bien loin d’être terminée : il lui reste encore à retrouver ses parents, que la traitresse Eléa a emprisonnés pour avoir le champ libre. L’enjeu est bien différent de celui qui animait les tomes précédents, puisqu’il ne s’agit plus de sauver le monde, mais il est autrement plus essentiel pour notre jeune héroïne : retrouver ses parents, c’est retrouver son passé, et donc son identité. Pour elle qui n’a jamais connu que l’indifférence, voire même le mépris, de ses parents adoptifs sur Terre, retrouver ses parents biologiques, c’est aussi assouvir sa soif de tendresse et d’amour qui lui ont tant fait défaut jusqu’à présent. Car Camille a beau être très intelligente, elle a beau être très mature et très indépendante, elle n’en reste pas moins une adolescente qui a besoin d’affection, d’attention. Qui a besoin de redevenir une enfant comme les autres, avec des parents pour veiller sur elle, pour la guider dans la vie. Tout ceci rend cette nouvelle quête autrement plus poignante que la précédente : on s’est tellement attaché à la mistinguette qu’on a véritablement envie de la voir gouter au bonheur qui lui a si longuement été arraché …
Car contrairement à beaucoup de lecteurs visiblement, j’apprécie Camille. Elle n’est pas mon personnage préféré de la saga, loin de là (Ellana a déjà pris la place), mais je me suis tout de même attaché à elle. Là où certains blogueurs déclarent vouloir lui mettre des claques dès qu’elle ouvre la bouche, là où d’autres la trouvent hautaine et insupportable, je ne vois qu’une jeune fille trop intelligente pour son propre bien : comme beaucoup d’enfants surdoués, Camille peine à trouver son équilibre, et j’ai surtout eu de la peine pour elle. Car on lui en demande beaucoup, pour une adolescente de quatorze ans : dès le début, tous les « adultes » de l’expédition ne cessent de s’appuyer sur elle, ne cessent de placer tous leurs espoirs en elle. Et Camille a supporté cette pression sans jamais se plaindre, sans jamais se dérober … Retrouver ses parents, c’est donc retrouver son « statut » d’enfant dont elle a été privée depuis qu’elle a posé le pied dans ce monde. De la même manière, pas une seule fois je n’ai été agacée par le comportement de Salim, bien au contraire, ses blagues et sa malice sont à mes yeux une véritable bouffée d’air frais ! J’aime sa loyauté sans faille, son dévouement sans limite … et bien sûr son amour sans tâche. Ils sont si beaux, tous les deux !
On s’en doute, cette quête sera toute aussi difficile que la précédente, si ce n’est plus. Car Eléa, en bonne traitresse qui se respecte, est prête à tout pour empêcher Camille de retrouver et libérer ses parents, et donc par la même occasion dévoiler au grand jour sa propre félonie … Heureusement que Camille est bien entourée pour faire face à tous les obstacles que la Sentinelle parjure dresse sur leur route ! C’est ce que j’aime tant dans cette saga : chaque personnage y a son moment de gloire, et surtout, chacun à un rôle essentiel à y jouer. Camille est certes l’héroïne, mais sans ses compagnons, elle ne serait et ferait rien, et elle le sait parfaitement. Ce tome, c’est celui qui entérine profondément tous ces liens d’amitié et d’affection qui sont nés au cours de la trilogie : il y a quelques mois encore, ils n’étaient que de parfaits inconnus les uns pour les autres, et ils sont maintenant intimement soudés. Prêts à faire face à toutes les épreuves. Et si certains regrettent qu’ils s’en sortent « trop facilement », je préfère y voir, justement, la preuve qu’ils forment un groupe indestructible : l’union fait la force, là où Eléa est totalement seule avec sa rancœur et son ambition. C’est à mes yeux un livre qui loue la force de l’amour et de l’amitié, et j’aime beaucoup ce message.
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est un final en apothéose que nous offre l’auteur avec ce troisième opus de la première trilogie ! Quel régal que de suivre cette joyeuse compagnie pour cette nouvelle aventure, toute aussi captivante mais indiscutablement plus poignante ! Et que de rebondissements : j’ai beau connaitre l’histoire désormais, je me laisse toujours surprendre par certains passages, tant ils sont bien amenés, bien menés, bien racontés ! C’est vraiment un récit qui vous happe du début à la fin, un récit qui vous fait vivre les aventures avec les personnages au lieu de simplement vous les relater. Alors on tremble, on rit, on pleure, on rêve avec eux, comme si on y était. Et peut-être qu’on y est, d’une certaine façon : avec Bottero, on a vraiment ce sentiment qu’en ouvrant le livre, on se retrouve transporter ailleurs. Du grand génie, je ne le redirais jamais assez ! Et cela d’autant plus qu’avec ce tome, il réussit l’incroyable pari de boucler une histoire tout en en ouvrant une nouvelle : car on le sent bien, les aventures de Camille et ses amis sont loin d’être terminées ! Elles ne font, peut-être, que commencer … Ma conclusion est donc simple et sans détour : il faut lire et faire lire la Quête d’Ewilan, c’est un vrai petit bijou pour les jeunes lecteurs comme pour ceux qui souhaitent retrouver cette âme d’enfant qui se cache au fond de chacun de nous !