Belzébuth. (c) Rouergue Jeunesse.

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Magnifiques images au pochoir en noir grainé de blanc et orange fluo, superbement agencées de surcroît, que celles du quatrième, déjà, album jeunesse de Marine Rivoal chez cet éditeur. "Un nom de bête féroce", avec un texte de Jean-Baptiste Labrune écrit à la première personne du singulier, aussi fin que bien construit (Rouergue, 48 pages), est sélectionné pour les Pépites 2020 du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil (lire ici). Une belle reconnaissance pour un album qui n'est pas si facile à aborder mais récompense largement ses lecteurs.

On rencontre ce chat noir au nom de démon, tellement gentil avec le bébé humain qu'il veille depuis sa naissance. "Belzébuth, c'est mon chat. C'est un nom de bête féroce, mais mon chat, c'est le plus gentil du monde. Jamais il ne mord, jamais il ne griffe, même pour jouer." Les images se suivent, sobres, expressives, toutes en rondeur, joyeuses et paisibles. Le chat ange gardien et l'enfant grandissent ensemble, "sans jamais se disputer".

Le temps de la petite enfance. (c) Rouergue.

Avec le temps, les choses se mettent à changer. Le chat est moins un doudou qui accompagne l'enfant dans tout. Ce dernier prend son autonomie, le chat sa liberté. Cette évolution se concrétise le jour des sept ans de l'enfant. Toute la famille est là mais pour la première fois, "petit minou" est absent. Il ne rentre pas dormir. Cette disparition inquiète fort l'enfant qui se met à sa recherche le lendemain matin. Il le retrouve mais le chat n'est plus tout à fait le même. Une très belle image montre comment il refuse violemment de se laisser prendre et retourne à ses instincts sauvages. Comment l'enfant va-t-il réagir? Il a de la peine, évidemment, mais il grandit aussi et réfléchit. Son anniversaire suivant sera l'occasion d'une réconciliation avec son chat qu'il appelle enfin de son vrai nom, Belzébuth.

La vie quand les années ont passé. (c) Rourgue.

Les images de Marine Rivoal traduisent formidablement bien le chemin de chacun des deux protagonistes. La technique du pochoir leur confère un rien de mystère qui sied bien à cette histoire d'épanouissement assorti d'épreuves. D'une remarquable beauté plastique, elles passent de la douceur de l'ange gardien à la violence d'une vie de chat dans la nature tout en finissant l'album par une touchante reconnaissance d'amitié, montrant sans le dire que ces deux-là se sont apaisés et reconnus comme amis. Plus ou moins présent selon les pages, le texte de Jean-Baptiste Labrune est merveilleux de justesse. Pour voir en ligne quelques pages de "Un nom de bête féroce", c'est ici.

C'est un matou sombre tout différent, bien plus casanier, qu'on découvre dans le livre animé "Chat noir" de Mathilde Arnaud (Les Grandes personnes, 18 pages animées). Il s'agit du premier livre de cette graphiste et illustratrice spécialisée dans l'art du papier, passée notamment par l'Atelier du livre de Mariemont. Ce pop-up en petit format s'ouvre sur la phrase "Les chats noirs restent en refuge 24% plus longtemps que les autres". Un appel qui précède un très plaisant exercice d'admiration pour ce compagnon félin qu'on découvre dès la couverture découpée.

On va passer une journée en la compagnie de Chat noir et voir comment il s'occupe à la maison. Stylisées, les illustrations en noir et jaune traduisent bien l'amour de l'auteure-illustratrice pour les chats noirs. On le voit se lever, tenter de chiper des céréales du petit-déjeuner, chasser les insectes, jouer, faire sa toilette, attendre et enfin reconnaître le pas de sa maîtresse, entendre la porte s'ouvrir et s'offrir une séance de câlins avec elle.

Au petit-déjeuner. (c) Les Grandes Personnes.

C'est tout simple mais fort bien mis en scène et remarquable d'un point de vue technique car le chat noir se déploie vraiment en trois dimensions. Inquiétants les chats noirs? Pas celui-là en tout cas, ambassadeur touchant d'une cause qui le dépasse. Pour tous, petits et grands.

Occupation du matin. (c) Les Grandes Personnes.

Une vidéo rendant mieux les effets pop-up de "Chat noir" ici.